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Sénégal

Pour que le crime raciste ne reste pas impuni

A Dakar comme à Saint-Pétersbourg (photo), des manifestants ont dénoncé le meurtre raciste de Samba Lampsar Sall et ont réclamé, aux autorités russes, de meilleures conditions de sécurité pour les étudiants étrangers.(Photo : AFP)
A Dakar comme à Saint-Pétersbourg (photo), des manifestants ont dénoncé le meurtre raciste de Samba Lampsar Sall et ont réclamé, aux autorités russes, de meilleures conditions de sécurité pour les étudiants étrangers.
(Photo : AFP)

Le corps de Samba Lampsar Sall a été rapatrié jeudi soir à Dakar, à bord d’un avion commercial. Cet étudiant sénégalais de 28 ans, avait été assassiné le 7 avril dernier à Saint-Pétersbourg, en Russie. Ce crime raciste a suscité, notamment au Sénégal, une vive indignation qui s’est traduite par une manifestation, vendredi devant l’ambassade de Russie à Dakar.


De notre correspondant à Dakar

Accueil discret jeudi soir à l’aéroport Léopold Sedar Senghor pour Samba Lampsar Sall. La famille, une dizaine de proches, et quelques représentants de partis politiques et du gouvernement sont là. En arrivant, le père, Badara Sall, très ému, se contente de quelques mots : «Nous avons reçu un coup de téléphone de l’ambassade. Nous avons reçu aussi un appel du rectorat de l’université de Saint-Pétersbourg qui nous ont simplement donné des mots de réconfort».

Un message sobre donc. Mais à l’écart du groupe, un membre de la famille ne peut s’empêcher d’exprimer sa colère. «Si nous ne nous maîtrisions pas, nous nous en prendrions à tous les Russes du Sénégal, parce que cela fait mal, explose le jeune homme. Et on a l’impression que du jour au lendemain ça peut se reproduire.»

Jeudi soir, il y avait aussi à l’aéroport quelques anciens étudiants qui ont résidé, il y a quelques années, dans l’ancienne Union soviétique. Sidy Fall, professeur de russe, comme d’ailleurs la mère de la victime, se souvient avoir vécu la peur au ventre. «J’ai vécu onze ans dans ce pays. Et j’ai eu à vivre des moments très difficiles, raconte-t-il. J’ai été agressé par des skinheads, par deux fois. On a toujours vécu dans la peur dans ce pays. Pour sortir dans la rue, c’était un problème. Il fallait à chaque fois être en groupe pour ne pas être agressé.»

Manifestation devant l'ambassade de Russie

Dans ce contexte, la RADDHO, une organisation sénégalaise de défense des droits de l’Homme, a appelé la communauté africaine et internationale à réagir pour protéger les ressortissants africains de Russie. Cette ONG déplore que «le racisme (soit) devenu un véritable cancer dans la société russe».

A Dakar, en tous cas, la modestie des excuses des autorités russes passe mal. Et vendredi matin, une centaine de personnes ont manifesté leur colère devant l’ambassade. Elles ont fini par être reçues par le chargé d’affaires, à qui elles ont remis une lettre exprimant leur «très vive protestation et exigeant que le ou les coupables soient arrêtés et punis conformément à la loi, et la famille du défunt indemnisée». Le diplomate leur a promis que son pays allait assurer la sécurité des ressortissants sénégalais en ex-Union soviétique. Sans plus de précisions.

Saint-Pétersbourg, ville de tradition libérale dans les années 90 et «fenêtre sur l'Europe» de la Russie, est devenue ces dernières années, le théâtre d'une série de passages à tabac et de meurtres racistes commis souvent par des skinheads, s’inspirant de l’idéologie néo-nazie.


par Christophe  Champin

Article publié le 15/04/2006 Dernière mise à jour le 15/04/2006 à 11:37 TU