Europe
Série noire pour l'industrie automobile
(Photo : AFP)
Le conseil de surveillance de Volkswagen, réuni à huis clos à Wolfsburg mercredi et jeudi, a pris des mesures qui peuvent être qualifiées de très sévères. Il s’agit du plus grand plan social de l’histoire du premier constructeur européen de voitures et qui pourrait entraîner la suppression de 20 000 postes de travail sans envisager d’augmenter la durée du temps de travail. La presse allemande avait annoncé que les employés allaient être obligés de travailler plus pour le même salaire, passant de 28,8 à 35 heures de travail par semaine en moyenne.
Les détails du programme de restructuration de Volkswagen vont être définis dans une réunion entre le directoire du groupe et le comité d’entreprise, en présence des délégués syndicaux de IG Metall. Le groupe Volkswagen AG compte 345 000 employés dans le monde et il se prépare donc à supprimer près de 6% du nombre total de ses collaborateurs. Outre Volkswagen, le groupe produit aussi les marques Audi, Seat, Skoda, Bentley et Bugatti.
Les responsables de Volkswagen, notamment le président du directoire Bernd Pischetsrieder ainsi que le PDG de la marque Wolfgang Bernhard, veulent réduire les déficits de productivité dans les chaînes de montage du groupe. On a évoqué dans la réunion de Wolfsburg les difficultés auxquelles le groupe doit faire face: la stagnation des ventes aux Etats-Unis et en Chine, ainsi que la difficile situation de la filiale espagnole Seat.
L’usine du groupe à Forest, près de Bruxelles, n’est pas concernée par les décisions annoncées par le conseil de surveillance. La presse avait considéré que la fermeture de cette chaîne de montage belge était inévitable. On prévoit, néanmoins, que Volkswagen ouvre en 2007 sa première usine en Russie, pour satisfaire le marché local. Il s’agirait donc de la seule bonne nouvelle annoncée lors de cette difficile réunion du conseil de surveillance du constructeur allemand.
Peugeot ferme son usine anglaise
La conjoncture actuelle est aussi difficile pour le premier constructeur français, PSA, qui a décidé mardi de fermer son usine à Ryton, en Grande Bretagne, où son fabriquées les Peugeot 206. Il s’agit de la première fermeture d’un site du groupe, depuis 1980.
L’arrêt de ces chaînes de montage, va provoquer le licenciement d’au moins 2 300 emploies, sans parler des retombées négatives auprès des constructeurs d’accessoires qui sont nombreux dans cette zone des West Midlands, dans le centre de l’Angleterre, autour du centre industriel de Conventry.
Les syndicats britanniques ont dénoncé un « code du travail anémique » qui a permis la fermeture de cette usine, tout en soulignant qu’une décision de ce genre serait plus difficile à appliquer en France et en Espagne, où sont installés d’autres centres de fabrication du groupe. Le ministre britannique du Commerce, Alan Johnson, s’est déclaré « très déçu » par la décision du constructeur français, mais il est peu probable que le gouvernement de Tony Blair décide de prendre des mesures concrètes concernant cette affaire, tout en espérant que les ouvriers licenciés par PSA puissent trouver du travail ailleurs, dans le secteur automobile et dans l’industrie aéronautique.
PSA affirme que la fermeture de l’usine de Ryton a été prise en raison des « coûts de production et de logistique élevés ». Chaque Peugeot 206 fabriquée à Ryton coûtait 400 euros de plus que si elle était produite dans l’usine de Poissy, en France, ou dans les chaînes installées dans la région de Madrid, en Espagne. En 2005, l’usine anglaise avait produit 130 000 exemplaires de la 206, un modèle qui va être remplacé par la nouvelle 207 qui a commencé à être produite dans les usines du groupe à Ivarna, en République tchèque, ainsi qu’à Poissy, en région parisienne, et à Mulhouse, dans l’est de France.
Jean-Martin Folz, PDG du groupe, refuse l’accusation de délocalisation pour faire face à un marché difficile et à une concurrence intense. Mais, tout comme ses concurrents, PSA veut controler l’augmentation des coûts de production en Europe, où les ventes sont en train de stagner. L’objectif du groupe est de produire 4 millions de voitures, contre 3,39 millions en 2005. PSA vise les marchés émergents de l’Asie et de l’Amérique latine, ainsi que ceux d’Europe de l’Est.
En Grande Bretagne la crise de l’industrie automobile avait déjà provoqué la fermeture de plusieurs usines des marques Ford et Jaguar, et la faillite du dernier constructeur britannique de voitures grand public MG Rover. Outre les coûts de production en hausse, les industriels européens de l’automobile se plaignent, aussi, des cotations de l’euro qu’ils jugent trop élevées par rapport au yen japonais. Cela empêche que les constructeurs européens puissent réaliser des gains de productivité, dans un secteur qui dépend en grande partie de l’exportation.par Antonio Garcia
Article publié le 20/04/2006 Dernière mise à jour le 20/04/2006 à 17:52 TU