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Terrorisme

Les avocats de Moussaoui tentent de le discréditer

Alors que le procès de Zacarias Moussaoui touche à sa fin, ses avocats ont présenté jeudi des documents qui fragilisent ses affirmations sur son rôle dans les attentats du 11-Septembre.(Photo : AFP)
Alors que le procès de Zacarias Moussaoui touche à sa fin, ses avocats ont présenté jeudi des documents qui fragilisent ses affirmations sur son rôle dans les attentats du 11-Septembre.
(Photo : AFP)
Alors que le procès du Français touche à sa fin, ses avocats ont achevé jeudi la présentation des circonstances atténuantes susceptibles de lui épargner la peine de mort. Défendant malgré lui un Moussaoui imprévisible et qu’ils affirment malade mentalement, ils ont produit des documents tendant à montrer que, contrairement à ce que prétend leur client, il n’était nullement question que le terroriste Richard Reid, surnommé « l’homme aux chaussures piégées », participe avec lui le 11 septembre 2001 au détournement d’un cinquième avion sur la Maison Blanche.

Il était 22h00 TU, jeudi, quand la juge Leonie Brinkema, qui arbitre les débats du procès Moussaoui depuis le 6 mars au tribunal fédéral d’Alexandria (Virginie), a suspendu l’audience. « Mesdames et messieurs, nous avons terminé la présentation des preuves dans cette affaire », a-t-elle solennellement déclaré, invitant les jurés à se « reposer » en vue des délibérations qui pourraient commencer dès lundi après-midi pour déterminer si le Français doit être condamné à mort ou à la prison à vie.

Depuis la fin de la semaine dernière, les avocats de Zacarias Moussaoui tentent de prouver que leur client souffre d’une schizophrénie paranoïaque, ce qui justifie selon eux que la peine se limite à la perpétuité. Ils ont aussi évoqué son enfance troublée et son endoctrinement par Al-Qaïda. Ils ont fait comparaître, à la barre des témoins, des proches des victimes des attentats demandant d’éviter la « vengeance » ou la « haine ».

Un testament en faveur de Moussaoui

Cette fois, durant l’ultime journée de présentation des circonstances atténuantes, ils ont jeté leurs dernières forces dans la bataille visant à éviter à leur client l’injection mortelle. Ils se sont efforcés de démontrer qu’il avait menti et fabulé sur son rôle au sein du réseau Al-Qaïda en général et dans les attentats du 11-Septembre en particulier.

Ils ont notamment présenté au jury deux documents cruciaux. Le premier concerne Richard Reid, alias « Shoebomber » (l’homme aux chaussures piégées), qui avait été maîtrisé à bord d’un vol Paris-Miami alors qu’il tentait de mettre le feu à des explosifs dissimulés dans l’une de ses chaussures. Il est aujourd'hui emprisonné dans le Colorado. Le 27 mars, Moussaoui avait revendiqué, en contradiction avec ses déclarations antérieures, un rôle dans la préparation des attentats du 11-Septembre. Il avait affirmé qu’il devait, avec son ami Reid, projeter un avion contre la Maison Blanche.

Or, dans ce document qui résume des informations classifiées, et dont les procureurs ont admis la validité, il est précisé qu’« à ce jour, aucune information disponible n’indique que Richard Reid avait une connaissance préalable des attentats, ni que le commandement d’Al-Qaïda lui ait donné ordre de mener une opération en coordination avec Moussaoui. » En outre, poursuit la note qui cite deux experts du FBI dont l’identité n’est pas révélée, Reid a rédigé un testament faisant de Moussaoui l’héritier unique de tous ses biens. Le FBI en conclut qu’il « est très improbable que Reid ait fait partie de cette opération » kamikaze avec le Français.

Outrance anti-américaine

L'un des avocats de Moussaoui a ensuite présenté deux autres notes - également des versions déclassifiées d'informations en possession du gouvernement - précisant notamment la liste des « membres d'Al-Qaïda ayant eu un rôle dans les attentats du 11-Septembre qui ont été capturés », et citant deux autres personnes ayant assisté la cellule de kamikazes basée à Hambourg (Allemagne). La liste de ceux arrêtés par les Etats-Unis comporte six personnes dont le cerveau des attentats, Khalid Cheikh Mohammed. Or, selon la défense, Moussaoui est seul dans le box des accusés.

Ces derniers éléments, que la défense a voulu décisifs dans sa présentation des circonstances atténuantes, sèmeront-ils le trouble dans l’esprit des jurés ? Ou bien l’attitude jusqu’ici très agressive de Zacarias Moussaoui, son outrance anti-américaine et son mépris des victimes l’emporteront-ils ? La défense et l’accusation s’exprimeront chacune une dernière fois lundi, avant les délibérations.

par Philippe  Quillerier

Article publié le 21/04/2006 Dernière mise à jour le 21/04/2006 à 16:57 TU