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Nucléaire iranien

Washington peine à rallier Pékin et Moscou

Nicholas Burns, sous-secrétaire d'Etat américain, insiste sur la nécessité d’adresser à l’Iran un «<em>message ferme</em>».(Photo : AFP)
Nicholas Burns, sous-secrétaire d'Etat américain, insiste sur la nécessité d’adresser à l’Iran un «message ferme».
(Photo : AFP)
A l’approche d’une nouvelle réunion mercredi soir du Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine et la Russie restaient opposées à des sanctions contre l’Iran malgré les efforts des Occidentaux pour les joindre à une politique de fermeté. Téhéran, qui refuse plus que jamais de suspendre ses activités nucléaires sensibles, annonce avoir franchi un nouveau pallier dans l’enrichissement de l’uranium et menace Israël de représailles en cas d’intervention militaire américaine.

Le chemin vers des sanctions contre l’Iran pourrait être long et difficile, si l’on en juge par les propos, d’un optimisme plus que mesuré, du sous-secrétaire d’Etat américain Nicholas Burns. Selon lui, il faudra encore trente ou quarante jours pour obtenir un consensus entre les grandes puissances sur la nécessité d’adresser à l’Iran un « message ferme », ceci afin que Téhéran se plie aux exigences de la communauté internationale et cesse ses activités d’enrichissement d’uranium.

Cette déclaration a été faite peu après la réunion infructueuse, mardi à Paris, de diplomates des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) auxquels l’Allemagne s’est jointe. « Nous n’avons certes pas encore obtenu d’accord » sur la nécessité d’appliquer des sanctions à Téhéran, a poursuivi le ministre américain. En revanche, a-t-il insisté, il y a consensus sur l’exigence d’« aller de l’avant » au Conseil de sécurité sur un texte de résolution « critiquant l’Iran ».

Autrement dit, il n’est toujours pas question pour la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil et détenteurs d’un droit de veto, de donner leur accord au projet de résolution contraignante qui circule actuellement au Nations unies. Ce texte renvoie au chapitre VII de la charte de l’ONU – menaces contre la paix – qui peut ouvrir la porte à des sanctions, voire, en dernier ressort, à un recours à la force.

D’importants intérêts pétroliers

Le projet prévoit de restreindre les exportations vers l’Iran de technologie à double usage civil et militaire, de limiter les voyages à l’étranger des dirigeants iraniens ou encore d’interdire les ventes d’armes à la République islamique. L’ambassadeur de Chine aux Nations unies a déclaré à la presse, après avoir examiné le texte : « Il contient des éléments susceptibles de causer des difficultés. »

Si la Chine et la Russie rechignent à des sanctions et continuent de privilégier la diplomatie pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, ce n’est pourtant pas faute de pressions. Faisant très clairement allusion à ces deux Etats, Nicholas Burns a déclaré qu’« il était temps pour les pays de prendre leurs responsabilités, en particulier ceux qui ont des relations étroites avec l’Iran. » Référence très nette au fait que Pékin et Moscou sont de grands partenaires commerciaux de l’Iran et y détiennent d’importants intérêts pétroliers. En outre, la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr, dans le sud du pays, est construite par les Russes pour un montant d’un milliard de dollars.

La pression américaine est d’autant plus insistante que l’Iran, poursuivant sa politique du fait accompli, vient à nouveau de défier la communauté internationale en annonçant, par la voix de Gholam Reza Aghazadeh, chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, avoir franchi un pas de plus dans la maîtrise du processus d’enrichissement de l’uranium. En outre, répondant aux menaces américaines de recourir à la force, le régime iranien a promis qu’en cas d’attaque, Israël serait le premier objectif de Téhéran.

« Nous préférerions l’unanimité »

L’Allemagne, acteur européen de premier plan dans le dossier du nucléaire iranien, va de son côté redoubler d’efforts pour associer Moscou et Pékin à une action collective. La chancelière Angela Merkel devait s’envoler mercredi de Berlin vers Washington pour s’entretenir de cette affaire avec le président George Bush. C'est dans cette optique, selon un responsable allemand, que la chancelière « a noué des contacts intensifs » avec de nombreux partenaires dont récemment le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre indien Manmohan Singh. Les efforts « visant à avoir la Chine et la Russie à bord pour des décisions communes » sont une priorité, a-t-il ajouté.

Les discussions devraient donc s'intensifier, dans les prochaines heures, pour tenter de surmonter les divisions persistantes entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. « Nous verrons quelles actions ont besoin d'être prises », s’est borné à déclarer, peu avant la réunion mercredi soir, le président du Conseil de sécurité pour le mois de mai, le représentant du Congo Basile Ikouébé.

Pour surmonter les difficultés d’obtenir un consensus entre les grandes puissances, Washington pourrait, selon l’ambassadeur aux Nations unies John Bolton, se contenter d’une abstention de la Chine et de la Russie lors du vote d’une résolution exigeant que l’Iran suspende ses activités nucléaires sensibles. « Naturellement, a-t-il précisé, nous préférerions l’unanimité. »


par Philippe  Quillerier

Article publié le 03/05/2006 Dernière mise à jour le 03/05/2006 à 16:25 TU

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(Conception : RFI)