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Brésil

Le crime organisé déclare la guerre à la police

Une série d'attaques menée par le crime organisé contre la police de Sao Paulo dans la nuit de samedi à dimanche a laissé 52 morts dont 35 policiers. 

		(Photo : AFP)
Une série d'attaques menée par le crime organisé contre la police de Sao Paulo dans la nuit de samedi à dimanche a laissé 52 morts dont 35 policiers.
(Photo : AFP)
Le Premier commandement de la capitale (PCC), le principal gang du crime organisé à Sao Paulo, a mené durant deux nuits une série d’attaques contre la police locale. Dans le même temps, des mutineries ont éclaté dans une trentaine de prisons de l’Etat. Cent trente personnes seraient encore otages des mutins. Le bilan est d’au moins 52 morts, parmi lesquels 35 membres des forces de l’ordre.

Les attaques ont débuté dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 mai. Elles se sont poursuivies le lendemain. Depuis deux jours, l’Etat de Sao Paulo est donc victime d’une déferlante d’actions guerrières menées par les membres du Premier commandement de la capitale (PCC), une organisation mafieuse. Les cibles sont les commissariats, les bases de la police militarisée, les patrouilles de police qui circulent dans les rues et même les casernes de pompiers. Dès la première nuit, les assaillants ont mené plus de cinquante attaques. Au moins quarante d’entre elles ont eu lieu dans la ville de Sao Paulo même. Mais d’autres centres urbains de l’Etat comme Mogi Mirim, Sao José de Rio Preto, Ribeira Preto, Osasco, Cubatao, Guaraja ont aussi été touchés.

En parallèle, des mutineries ont été organisées dans les pénitenciers. Les autorités ont annoncé qu’au moins 150 personnes avaient été prises en otage par les prisonniers révoltés et la majorité d’entre elles n’avaient toujours pas été libérées dimanche, malgré les efforts de la police pour rétablir la situation.

Eviter des évasions

Une opération d’une telle envergure ressemble à une véritable déclaration de guerre du PCC à la police. Elle aurait été mise en œuvre en représailles à la décision prise par l’administration pénitentiaire de transférer 765 prisonniers dans des centres de haute sécurité pour éviter des évasions. Selon les autorités, un plan de «méga-évasion» était en effet prévu à l’occasion du jour de la fête des mères au Brésil et c’est donc pour le contrecarrer que les transferts ont été organisés. La police était prévenue du danger «d’une réaction criminelle» et était «en état d’alerte». Cela n’a pas empêché les bandes de mener à bien leurs opérations et de défier les forces de l’ordre.

Ce n’est pas la première fois que les gangs se livrent à des violences de grande ampleur au Brésil. En février 2001, des mutineries simultanées dans 29 prisons avaient déjà provoqué la mort de 19 personnes dans l’Etat de Sao Paulo. En 2003, le PCC avait attaqué environ 50 postes de police et tué trois policiers. Néanmoins, cette fois-ci la violence semble avoir atteint un degré inégalé et le nombre de victimes est très important. Cela ne semble pas pourtant intimider les autorités. Le commandant de la police militarisée, Elizeu Teixeira Borges, a fait part de sa détermination à reprendre les choses en main coûte que coûte : «Sao Paulo ne pliera pas devant le crime». Le président Lula, en déplacement en Autriche où s’est déroulé le sommet Union européenne-Amérique latine, a déclaré qu’il avait demandé au ministre de la Justice, Marcio Thomas Bastos, «de mettre fin aux rébellions à Sao Paulo et d’éviter plus de morts».



par Valérie  Gas

Article publié le 14/05/2006Dernière mise à jour le 14/05/2006 à TU

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Stéphane Monclaire

Maître de conférence à l'université de Paris 1

«Ce qui est en jeu dans ces mutineries, se sont les conditions de détention.»

[15/05/2006]