Tchad

Idriss Deby Itno élu président

Les résultats de l’élection présidentielle du 3 mai, proclamés dimanche par la Commission électorale nationale indépendante, consacrent la victoire du président sortant. Idriss Deby Itno obtient 77,53% des suffrages. En raison du climat politique et des tentatives de déstabilisation du pouvoir lors des semaines qui ont précédé le scrutin, l’opposition avait appelé au boycott et réclamé l’ouverture d’un dialogue national. Idriss Deby Itno devance très largement ses quatre rivaux, inconnus ou membres de la coalition gouvernementale. Le taux de participation a atteint 61,49% des 5,7 millions d’électeurs inscrits. La Haute cour tchadienne dispose de deux semaines pour confirmer ce résultat.

Idriss Deby est réélu mais la question qui se pose est de savoir s'il est légitime. Pour l'opposition dite « radicale », celle qui a boycotté le scrutin, cette légitimité est virtuelle car la présidentielle avait toutes les apparences d'une mascarade. Dans le camp d'Idriss Deby, on rétorque en avançant le taux de participation qui dépasse les 61% et qui suffit à démontrer la légitimité du président élu. On risque de débattre encore longtemps de ce taux de participation qui contredit les observations faites par les journalistes et les diplomates le jour du scrutin. Reste à savoir désormais ce que Deby va faire de sa victoire.

Au Tchad, la réélection d'Idriss Deby Itno (photo) ne signifie pas réconciliation.
(Photo: AFP)

Alors que Paris a appelé les Tchadiens au dialogue politique, on peut s'attendre a une main tendue afin de décrisper l'ambiance politique. Encore faut-il s'entendre sur les termes du dialogue et sur son contenu. L'opposant Saleh Kebzabo rappelait hier soir que l'opposition souhaitait une remise à plat de tous les problèmes et une reprise du scrutin. A contrario Mahamat Hissen, le secrétaire général du MPS, le parti présidentiel, juge que le dialogue doit d'abord porter sur les programmes, et en premier lieu sur le programme du vainqueur. D'un côté on souhaite une amorce de conférence nationale incluant notamment les mouvements rebelles, de l'autre on se dit prêt à discuter programmes de gouvernement. Au total une chose est certaine, cette élection ne signifie pas réconciliation.

par Olivier  Rogez

Article publié le 15/05/2006 Dernière mise à jour le 15/05/2006 à 14:42 TU