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Football

Le Barça, champion

Samuel Eto'o : l'homme du match.(Photo : AFP)
Samuel Eto'o : l'homme du match.
(Photo : AFP)
Barcelone champion. Le grand club espagnol, vainqueur par deux buts à un, a souffert face à Arsenal, pourtant réduit à dix après l'expulsion de son gardien Jens Lehmann dès la dix-neuvième minute de la finale. Le titre revient logiquement à une grande équipe même si elle n'a pas fourni, au stade de France, le meilleur match de sa saison.

Les rêves proposent, le jeu dispose, parfois il indispose.
On attendait, on espérait une finale-champagne, une rencontre explosive placée sous le signe du talent, de l’imagination, de la créativité, d’un florilège de gestes techniques, des prouesses individuelles, celles de Ronaldinho, meilleur joueur de la génération actuelle, de Thierry Henry, plus à l’aise sur les pelouses du championnat d’Angleterre que sur celles d’Outre-Manche. Le stade de France n’a pas été le théâtre de la finale apothéose que l’on chuchotait avant le coup d’envoi.

Une finale de Coupe d’Europe est souvent le cimetière de nos emballements, de nos illusions les plus folles. Car l’enjeu, sur un dernier match, prime presque toujours sur le jeu. Il était visible, à Saint-Denis, que les deux équipes avaient du mal à se libérer, parce que Barcelone, présentée depuis plusieurs mois comme la meilleure équipe du monde, se devait de remporter pour la deuxième fois l’épreuve, quatorze ans après le premier succès de Wembley, ne serait-ce que dans son duel à distance avec un Real Madrid aujourd’hui affadi. Et Arsenal, qui n’avait jamais pu décrocher une place en finale de la plus prestigieuse des épreuves européennes était, de son côté, dans ses rêves de reconnaissance, tenu de faire aussi bien que Liverpool, Manchester United et, plus loin dans le passé, Nottingham Forest.

Lehmann expulsé

Le Barça a gagné, Arsenal n’a pas su préserver le mince avantage qu’il avait réussi à prendre, tout en jouant à dix, dans la dernière partie de la première période. Le dernier quart d’heure aura été, sous une pluie d’orage, fatal aux Anglais. Le match avait pris un excellent départ ; Henry avait failli, dès la troisième minute, tromper le gardien espagnol, dans un face-à-face qu’il réussit si souvent en Premier League (championnat d’Angleterre). Mais les Catalans prenaient les initiatives, tout en restant plus prudents qu’à l’accoutumée en défense. Il fallut à peu près un quart d’heure aux Anglais pour réagir.

Le jeu s’équilibrait progressivement lorsque, à la 19e minute, le gardien Jens Lehmann commettait une énorme faute sur Samuel Eto’o, agrippant sa cheville avec la main. Le carton rouge était inéluctable, même si l’arbitre aurait pu – ou dû ? – laisser l’avantage à l’attaquant barcelonais qui venait de servir le Français Ludovic Giuly pour l’ouverture du score. Contraint de ne rien laisser passer, l’arbitre norvégien avait eu le coup de sifflet trop rapide. Pas facile dans de telles circonstances de se déterminer dans la seconde ! Toujours est-il qu’ Arsenal se retrouva à dix, ce dont fit les frais, pour son dernier match sous le maillot jaune, le Français Robert Pirès, obligé de sortir pour faire rentrer le deuxième gardien.

Contre toute attente, ce sont cependant les Anglais qui allaient faire les premiers trembler les filets adverses. Sur un coup franc excentré, Thierry Henry servait magistralement la tête du défenseur Sol Campbell judicieusement monté aux avant-postes. Et oui, l’infériorité numérique est moins souvent un handicap qu’on le dit.

Eto’o et Belletti décisifs

1-0 pour les Anglais à la mi-temps. Vu les circonstances, les spectateurs pouvaient se montrer légèrement désorientés. Barcelone n’avait pas affiché sa superbe habituelle, Ronaldinho était moins à son affaire que lors des matches précédents, Eto’o installé sur le couloir gauche attendait son heure non sans avoir démontré, par séquences, une instantanéité diabolique. Les Anglais restaient sur une prudente réserve.

Au retour des vestiaires la pluie, rendant le ballon fuyant, allait à la longue désavantager l’équipe en infériorité numérique. Les Espagnols multipliaient les passes en recherche d’intervalles, mais il leur faudra attendre l’entrée du dernier quart d’heure pour, enfin, obtenir l’égalisation si désirée par Samuel Eto’o (élu homme du match à l’issue de la finale) qui réussit à placer le ballon entre le gardien Almunia et son poteau droit. Quatre minutes plus tard, le Brésilien Belletti, entré en jeu peu auparavant, signait le sacre du Barça.

Un succès mérité, quand bien même Thierry Henry avait raté pour la deuxième fois un duel avec le gardien Valdès qui dans le cas contraire aurait permis à Arsenal de mener par deux buts à zéro. Impossible de réécrire l’histoire d’un match qui, pour n’avoir tenu toutes ses promesses, aura toutefois consacré un grand champion, un grand entraîneur Franck Rijkaard, cinquième homme à avoir été champion d’Europe sur le terrain (avec l’Ajax d’Amsterdam et le Milan AC) et sur le banc de touche (avec Barcelone), et une équipe composée de grands solistes et d’excellents compléments. Sans hésitation, le Barça est entré dans la légende des grandes équipes européennes par son tempérament hors normes actuelles.

Et maintenant place à la Coupe du monde. Quinze des vingt-deux acteurs alignés au coup d’envoi de cette finale seront au rendez-vous allemand. Avec, en tête d’affiche, comme avant le match du stade de France, Ronaldinho et Thierry Henry.


par Gérard  Dreyfus

Article publié le 18/05/2006 Dernière mise à jour le 18/05/2006 à 09:53 TU