Moyen-Orient
Un forum économique très politique
(Photo : AFP)
De notre envoyée spéciale à Charm el-Cheikh
A défaut de pouvoir réformer politiquement le monde arabe, pourquoi ne pas tenter de lui apporter le changement par l’économie. C’est en substance l’idée qui a présidé à l’organisation de ce forum. Les débats stériles entre partisans d’une réforme conduite de l’intérieur et ceux qui souhaitent des changements rapides et se posent en modèle n’ont en effet jusqu’à présent conduit qu’à une crispation entre le monde arabe et l’Occident. Et le peu de succès de la troisième édition du FEM consacrée justement aux réformes dans la région a définitivement conduit les organisateurs de ce forum à changer leur fusil d’épaule.
«Promesse d’une nouvelle génération», tel a donc été le thème de ce quatrième Davos du Moyen-Orient. Le sujet, à n’en pas douter, est très noble. Mais construire un avenir meilleur pour la jeunesse arabe n’est pas une mince affaire dans une région où 60% de la population a moins de 25 ans, dont la moitié est au chômage. Selon les estimations, il faudra d’ici vingt ans créer soixante-dix millions d’emploi si l’on veut juste maintenir ce taux stable. Quant à résorber le chômage…
Mais la croissance soutenue de plusieurs pays de la région qui, grâce à la flambée des prix du brut, ont engrangé d’importantes réserves en devises représente un espoir pour le monde arabe dans la mesure où désormais les pétrodollars sont réinvestis dans la région. Un changement notable quand on sait que durant ces trente dernières années, les pays du Golfe ont systématiquement placé leur argent aux Etats-Unis et en Europe. Un changement qui devrait contribuer à construire ce fameux «avenir meilleur» pour la jeunesse arabe, thème phare de ce forum de Charm el-Cheikh.
La Palestine s’invite au forum
Un thème qui a été largement éclipsé par le dossier palestinien puisque en marge de ce forum s’est tenue une rencontre entre le président palestinien Mahmoud Abbas et la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni. Si cet entretien, auquel a également assisté le vice-Premier ministre Shimon Peres, n’a duré qu’une demi-heure, il a surtout été le premier contact officiel entre les deux parties depuis la victoire écrasante du mouvement radical Hamas aux élections législatives de janvier.
Cette rencontre a également fait renaître l’espoir d’une reprise des négociations de paix. La chef de la diplomatie israélienne a en effet déclaré que la Feuille de route, ce plan de paix international resté lettre morte depuis son lancement en avril 2003, était toujours d’actualité. Une déclaration encourageante après la politique unilatérale menée ces trois dernières années par les autorités israéliennes. Tzipi Livni a en outre également affirmé que le tracé controversé de la «barrière de sécurité» construite en Cisjordanie et qui ampute une partie du futur Etat palestinien pouvait être modifié après les négociations sur les frontières définitives entre les deux pays. Et, last but not least, elle a confirmé une prochaine rencontre, sans doute durant la deuxième quinzaine de juin, entre le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehoud Olmert.
par Mounia Daoudi
Article publié le 23/05/2006 Dernière mise à jour le 23/05/2006 à 11:43 TU