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Droits de l'Homme

Amnesty International : l’Afrique au cœur du rapport

Le rapport 2006 d'Amnesty International rassemble des informations sur les atteintes aux droits humains commises dans 150 pays et territoires du monde.© Amnesty international
Le rapport 2006 d'Amnesty International rassemble des informations sur les atteintes aux droits humains commises dans 150 pays et territoires du monde.
© Amnesty international
L’organisation Amnesty International (AI) a publié mardi son rapport sur la situation des droits humains dans le monde. L’Afrique et le Proche-Orient sont les zones du globe où les atteintes aux droits de l’Homme apparaissent comme étant les plus graves en 2005. L’organisation critique aussi la Russie, la Chine, la Corée du Nord et Cuba, ainsi que les gouvernements des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.

Le continent africain a mobilisé, une fois de plus, les attentions d’Amnesty International qui salue la signature de plusieurs accords de paix. Mais l’organisation déplore les «graves atteintes aux droits humains – y compris des meurtres, des viols et d’autres formes de sévices sexuels» qui ont encore été perpétrés dans plusieurs pays africains où des conflits perduraient, tels que le Burundi, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le Soudan et le Tchad. AI s’insurge aussi contre le drame des réfugiés et des personnes déplacées qui risquent «en outre de subir de graves atteintes à leurs droits fondamentaux».

Toujours en Afrique, l’organisation signale que «des défenseurs des droits humains, des journalistes et des opposants politiques ont été la cible de manœuvres de harcèlement, d’agressions et de placements illégaux pour avoir critiqué leurs gouvernements».

Amnesty International souligne aussi que «des millions d’hommes, de femmes et d’enfants vivaient dans le dénuement et étaient privés d’eau saine, d’un logement décent, de nourriture, d’éducation ou de soins de santé de base. La situation était aggravée par une corruption endémique et par l’incurie manifeste des pouvoirs publics, peu soucieux de garantir à leurs citoyens la jouissance des droits économiques et sociaux les plus élémentaires».

Impuissance de l’Union africaine

L’organisation signale l’entrée en vigueur du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes, mais cela n’a pas mis un terme aux mutilations génitales féminines, ni aux violences domestiques, viols, traite et violences sexuelles commises durant les conflits.

AI regrette le manque d’influence des organismes régionaux, tels que le Parlement panafricain, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, en matière de respect des droits humains. L’organisation critique le «manque de fermeté» de l’Assemblée de l’Union africaine au sujet de la crise du Zimbabwe, où les autorités «ont entravé l’action humanitaire des ONG et des agences des Nations unies, y compris quand elles tentaient de trouver des abris aux personnes privées de logement», suite aux expulsions ordonnées par le régime du président Robert Mugabe dans le cadre de l’opération « Murambatsvina », qui signifie se débarrasser des ordures en langue shona.

Les effets des conflits armés en Afrique sont un sujet de préoccupation pour Amnesty International que dénonce tout particulièrement «les gouvernements et les groupes d’opposition armés qui ont continué à transgresser les droits humains et le droit international humanitaire au Soudan (particulièrement au Darfour), dans le nord de l’Ouganda, au Tchad, en Côte d’Ivoire et en RDC», ce qui à provoqué des exécutions illégales, des viols, d’autres formes de torture et des déplacements de populations. En Ouganda, malgré les pourparlers de paix, la LRA, Armée de résistance du Seigneur, a intensifié ses attaques provoquant le déplacement de plus de trois millions de personnes. Amnesty international dénonce, par ailleurs, la «persistance de l’esclavage» en Mauritanie.

Répression dans les pays du Maghreb

Dans ce même rapport Amnesty international dénonce la répression au Maghreb. Ainsi, en Tunisie, restaient «incarcérés des centaines de prisonniers politiques, dont certains étaient des prisonniers d’opinion». En Lybie de très nombreux prisonniers politiques demeuraient aussi détenus et au Maroc «plusieurs dizaines de personnes arrêtées ont affirmé affirmé avoir été victimes d’actes de torture pour avoir prôné l’indépendance du Sahara Occidental». AI dénonce aussi le recours à la torture en Algérie, contre des personnes soupçonnées d’appartenir à des groupes terroristes. AI affirme que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par référendum en septembre, est «controversée». L’organisation affirme aussi que «l’impunité restait l’obstacle principal au traitement des séquelles du passé : des dizaines de milliers de cas d’homicide, d’enlèvement, de disparition et de torture imputables aux forces de sécurité et aux milices armées n’avaient toujours fait l’objet d’aucune enquête».

Violations massives au  Proche orient

AI dénonce les militaires et les colons israéliens impliqués dans des «homicides illégaux» contre des palestiniens et qui sont restés impunis : «les enquêtes et les poursuites judiciaires ont été rares». Le rapport critique aussi les colons israéliens qui ont attaqué et détruit les biens des Palestiniens en Cisjordanie. L’armée d’Israël est condamnée pour avoir pratiqué des assassinats et des attaques contre les Palestiniens responsables ou soupçonnés d’actions contre des Israéliens.

Amnesty affirme que la persistance des conflits armés et des violences politiques au Moyen-Orient a contribué à l’éclosion de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ainsi, en Irak, «les forces de la coalition dirigée par les Etats-Unis et les troupes gouvernementales irakiennes ont commis des violations massives des droits humains, notamment des actes de torture et des homicides». Le rapport dénonce aussi le transfert par les Etats-Unis (en secret) de « personnes soupçonnées de terrorisme notamment en Egypte, Jordanie et Syrie pour y être interrogées ». AI soupçonne Londres de vouloir restreindre les droits de l’Homme, après les attentats de juillet 2005, et accuse Washington de maintenir en prison des milliers de personnes en Irak et ailleurs.

Les gouvernements de l’Egypte et du Bahreïn sont critiqués pour avoir appliqué l’état d’urgence et des lois d’exception en invoquant la guerre au terrorisme. L’Iran et la Syrie sont aussi accusés de tortures contre des prisonniers. AI souligne que dans les régions du Proche et Moyen-Orient les femmes sont toujours «victimes de dispositions discriminatoires».    

Quelques notes d’espoir

Dans ce rapport, AI signale qu’après cinq années de «guerre contre le terrorisme» marqué par «un recul dramatique sur le plan des droits humains, un changement semble enfin s’annoncer». L’organisation souligne que les tribunaux internationaux ont fonctionné, notamment la Cour pénale internationale installée par l’Onu à la Haye qui a pu émettre en 2005 des mandats d’arrêt contre des chefs rebelles ougandais qui ont participé à des actes de torture et des attaques contre des civils. Amnesty salue aussi la décision du Conseil de sécurité qui a saisi la Cour pénale internationale pour juger les crimes commis dans la province soudanaise du Darfour. L’arrestation des anciens présidents Pinochet du Chili et Fujimori du Pérou méritent aussi une note positive, selon Amnesty International qui se plaint néanmoins de l’hypocrisie, de la duplicité et des promesses non tenues par un grand nombre de gouvernements.


par Antonio  Garcia

Article publié le 23/05/2006 Dernière mise à jour le 23/05/2006 à 17:46 TU

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WEB

Rapport 2006 d'Amnesty International