Coupe du monde 2006
La leçon de football des magiciens ghanéens

(Photo: AFP)
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ». Au temps où Charles Aznavour chantait Montmartre, d’autres, du côté d’Accra, mais aussi Cotonou, Lomé et Kinshasa, chantaient les prouesses des étoiles du Hearts of Oak, du Great Olympics, de l’Ashante Kotoko de Kumassi. Réunis au sein du Black Star », les « magiciens » s’en allaient, de capitale en capitale, distiller du beau football à travers les coups de pattes magiques de ceux-là qui sont restés comme des mythes.
Les Ghanéens contre la Réputation tchèque
Quatre Coupes d’Afrique des Nations, mais aucune participation à la phase finale de la Coupe du monde jusqu’à ce mois de juin 2006. Présents en Allemagne, les héritiers d’Osei Koffi, d’Ibrahim Sunday, de Mfum, de Robert Mensah, d’Abedi Pelé portent sur leurs épaules, les folles promesses d’une explosion attendue au niveau mondial. Car, souvenons-nous que les jeunes joueurs ghanéens d’hier, ceux qui avaient épaté le monde entier en devenant champions du monde des moins de 17 ans en 1991 (je pense en particulier à Nii Lamptey), avaient tracé la route pour Illiasu Shilla, Hans Sarpei, Asamoah Gyan, Daniel Quaye ou pour le redoutable gaucher Ali Sulley Muntari.
Souvent appelé « groupe de la mort », le Groupe C (Argentine, Côte d’Ivoire, Serbie-Montenegro, Pays-Bas), semble avoir usurpé une appellation qui aurait dû revenir aussi au groupe E, celui du Ghana où figurent également, la République tchèque et l’Italie, plusieurs fois championne du monde. N’oublions pas que l’ancienne Tchécoslovaquie fut deux fois finaliste de la Coupe du monde avant de battre l’ex-RFA en finale du championnat d’Europe en 1976. Quand à la République tchèque, elle a joué la finale en 1996 et la demi-finale en 2004. Lors de son premier match, elle se joua des Etats-Unis (3-0).
Un départ en trombe des Ghanéens
Au cours de ce match, les Tchèques allaient opposer leur maturité et leur réalisme à la technicité et à l’habileté manœuvrière des Ghanéens. Au moment où l’arbitre argentin Elizondo donnait le coup d’envoi de la rencontre, on s’interrogeait sur les carences offensives qui furent préjudiciables aux hommes de Ratomir Dujkovic face à l’Italie. Sur un départ en trombe, les Ghanéens assiègent d’entrée le camp tchèque dont les défenseurs, un peu surpris, dégagent en catastrophe. Le ballon est retourné vers Petr Cech qui, malgré sa grande taille, ne peut détourner le tir à ras de terre de l’attaquant Gyan. C’est la sensation. Le Ghana mène par 1 but à 0 au bout seulement de deux minutes. La réaction tchèque est immédiate, mais sans conviction. C’est, semble-t-il, le jour des Ghanéens qui attaquent de plus belle et de tous les côtés. Leurs adversaires reculent avec la peur manifeste d’en prendre rapidement un second.
Nedved dépassé par les événements
Au bout d’un quart d’heure de jeu, la partie s’équilibre un peu. Le match est physique. Les joueurs du « Black Star » ont visiblement décidé de ne pas laisser jouer Poborski et surtout Nedved qui s’énerve de voir les Ghanéens le tourner en bourrique. Le jeu se durcit. Quelques cartons tombent. A la 34e minute, il y a le feu dans la défense ghanéenne qui s’en sort par un spectaculaire retourné acrobatique. Face au Ghana, est-ce bien la grande et redoutable sélection de la République tchèque ? On a du mal à le croire. A la 51e minute, suite à un contre, les Tchèques qui ont toujours du mal à revenir prestement défendre, sont pris de vitesse par Gyan dont le boulet de canon est dévié du bout des doits par Petr Cech. Le jeu est ghanéen et Nedved, de plus en plus agacé, frappe dans les panneaux publicitaires après avoir laissé filer un ballon en sortie de but.
Un deuxième but capital et libérateur
A chaque perte de balle, les Tchèques soupirent. Leurs gestes sont las et physiquement, ils accusent le coup. Leurs difficultés à revenir défendre accentuent leur sentiment d’impuissance qui se dégage de leurs courses molles. A la 65e minute, la République tchèque est réduite à dix suite à l’expulsion d’Ujfaluzi qui a commis une faute en tant que dernier défenseur. Mais le penalty de l’attaquant ghanéen atterrit sur le poteau droit de Cech qui était pourtant pris à contre-pied. Dès cet instant, c’est toute l’équipe du Ghana qui joue contre le portier Petr Cech qui fait des miracles dans les buts. Mais à la 81e, le pied gauche de Sulley Muntari envoie Petr Cech en enfer. Derrière lui, les filets ont tremblé. Score final : 2 à 0 pour le Ghana. Les jeunes Ghanéens d’aujourd’hui commencent à toiletter le rêve des anciens.
Fiche technique
Stade : Cologne
Spectateurs : 40590
Arbitre : Horacio Elizondo (Argentine)
Buts Ghana : Asamoah Gyan (2e), Muntari Ali (81e)
Avertissements : Addo (18e) – Essien (36e), Assamoah (65e), Boateng (75e) pour le Ghana.
Lokvenc (49e) pour la République tchèque.
Ujfaluzi expulé (65e) pour la République tchèque.
Les équipes
République tchèque : Petr Cech – Ujfaluzi - Grygera – Jankulovski – Rozehnal - Plasil puis Libor Sionko (67e)- Nedved – Galasek (cap) puis Polak - Poborski puis Stajner (55e) – Rosicky - Lokvenc - Entraîneur : Karel Brückner
Ghana : Kingston – I Shilla -– J Mensah –Paintsil - Mohamed – – Addo puis Boateng (46e) – Essien – Muntari – Appiah - Gyan R Pimpong (85e) –. Amoah puis Eric Ado (80e). Entraîneur : Ratomir Dujkovic
par Dave Wilson
Article publié le 17/06/2006Dernière mise à jour le 17/06/2006 à TU