Coupe du Monde 2006
La France solide et patiente bat l'Espagne
(Photo : AFP)
Etonnant ! En quelques jours, la France du football est brutalement passée du pessimisme le plus noir à l’optimisme le plus criard. Cette nouvelle approche française est née de la victoire sur les « Eperviers » du Togo. Et comme l’appétit vient en mangeant, les « Bleus » se sont mis à rêver. Et si le plus dur était fait ? Sans avoir jamais été désignée parmi les favoris de cette 18e Coupe du monde, la France s’est brutalement rendu compte qu’elle allait jouer l’Espagne, une équipe qui lui a plutôt réussi ces dernières années. Si les Français ont été champions d’Europe et vainqueur de la Coupe du monde en 98, c’est que les Espagnols eux « n’ont jamais rien gagné » comme l’a si bien dit le défenseur Eric Abidal. Mais, n’oublions pas les deux données suivantes :
1 – la France n’a jamais perdu contre l’Espagne en match officiel.
2 – l’Espagne est invaincue depuis vingt-cinq (25) matches.
Les Espagnols monopolisent le ballon
Le sélectionneur espagnol lui, était allé au-delà même de l’optimisme français puisqu’il n’a pas cessé de déclarer que ses joueurs sortiraient vainqueurs d’une confrontation dont ils voulaient faire le « jubilé » de Zidane. Ce match, les deux entraîneurs l’ont d’ailleurs placé sous le signe de la guerre des options tactiques. Raison pour laquelle les deux techniciens n’ont dévoilé la composition de leur équipe respective qu’à quelques minutes de la rencontre. Thierry Henry sera –t-il épaulé par un second attaquant ? Raul jouera-t-il, côté espagnol ?
Fidèle à son habitude, l’Espagne prend le jeu à son compte et monopolise le ballon, mais tous les axes sont bloqués par les milieux français. Très saignant, le jeune Fernando Torrès fait admirer sa force de pénétration, mais Thuram et Gallas veillent au grain. A la 8e minute, le défenseur-buteur espagnol Mariano Pernia, adresse un boulet de canon que Barthez est heureux de voir frôler sa barre transversale.
Les Espagnols ouvrent le score
A ce stade de la partie, les Français sont gênés par le jeu tout en circulation des Espagnols qui recherchent en permanence les intervalles. A la 16e, Zidane tente un tir à la lisière de la surface de réparation, mais celui-ci est contré et s’envole largement au-dessus de la barre. Les premiers constats sont de trois ordres :
1 – Zidane est bien là. Il oriente, tente des ouvertures. Il se bat aussi sur tous les ballons.
2 – Malouda, neutralisé sur chaque action par Sergio Ramos, n’a pas sa production habituelle.
3 – Les jeunes espagnols ne sont pas seulement habiles balle au pied ; ils font aussi preuve d’une maturité certaine.
A la 22e les Français auraient pu ouvrir le score, mais le ballon file devant les buts espagnols. Cinq minutes plus tard, David Villa va marquer pour l’Espagne sur penalty, suite à une faute de Thuram sur Pablo Ibanez. Espagne 1 – France 0.
Un match sans temps morts
Rester en arrière pour éviter un autre but serait suicidaire. Alors, les Français attaquent à leur tour, surtout par Ribery qui se bat tel un tigre. A la 41e minute, parti à la limite du hors-jeu, il hérite d’une passe de Vieira et détale sur le côté gauche, dribble Casillas qui venait le contrer et du gauche, marque sur un tir croisé. France 1 – Espagne 1.
Après le but français, le match s’enflamme. Fernando Torrès est sur le point de redonner l’avantage à son équipe, mais il est rattrapé dans la surface de réparation. La contre-attaque qui suit va aboutir, mais Thierry Henry est signalé hors-jeu pour la cinquième fois de la partie. Consciente de la rapidité de l’attaquant français, les Espagnols jouent intelligemment la ligne. La mi-temps intervient sur ce score de un but partout et pour la première fois, il n’y a pas une seule minute de temps additionnel. C’est dire qu’on venait d’assister à une première mi-temps sans temps morts.
Pujol puni pour une faute stupide
Le jeu est plus équilibré à la reprise. Une fois de plus, c’est le remuant Ribery qui réussit à se débarrasser de son adversaire avant de centrer, mais le danger est écarté par la défense espagnole. Les Français ne voient plus le ballon et Fernando Torrès continue son travail d’usure. « Il faudra qu’ils viennent nous chercher » avait dit Eric Abidal avant le match. Les Espagnols qui l’ont manifestement entendu, multiplient d’infructueuses manœuvres dans le camp français.
A la 73e minute, La violente sortie verbale de l’entraîneur espagnol a failli pourrir la partie suite à une gifle administrée à Torrès par Vieira dans sa course. Dès lors, la tension est palpable, juste au moment où Sydney Govou remplace Malouda. A la 84e minute, à la suite d’un coup franc (faute de Pujol sur Henry) Vieira, au deuxième poteau, pousse le ballon de la tête. Celui-ci ricoche sur la jambe de Sergio Ramos et pénètre dans les buts. France 2 – Espagne 1.
La magistrale réplique de Zidane
Pour la France, le mot d’ordre est désormais : tenir ! Le camp français est pris d’assaut, mais Gallas, Barthez et les autres jouent la sécurité. Les trois minutes de temps additionnel ne suffiront pas aux Espagnols pour revenir puisque c’est Zidane, celui que les Espagnols voulaient pousser à la retraite, qui marque le 3e but français. France 3 – Espagne 1.
Avec cette victoire, se profile un Brésil – France qui fera des étincelles. Personne n’a oublié la finale de la Coupe du monde de 1998 et la facile et humiliante victoire des « Bleus » face à un Brésil méconnaissable. Huit ans plus tard, le symbole de la domination française sera encore là et le goût de la revanche donnera du piquant à cette rencontre au cours de laquelle nous espérons voir un grand match.
Fiche technique
Stade : Hanovre
Spectateurs : 40.000
Arbitre : Roberto Rosetti (Italie)
Buts : David Villa (27e) pour l’Espagne ; Ribery (41e), Vieira (84e) et Zidane (90e)pour la France.
Avertissements : Vieira (67e), Ribery (87e), Zidane (90e) pour la France Pujol (82e) pour l’Espagne.
Les équipes
Espagne : Iker Casillas – Mariano Pernia - Carlos Pujol – Pablo Ibanez - Sergi Ramos – Xavi Alonso –- Cesc Fabregas – Xavi (puis Marcos Senna 72e) - David Villa (puis Sanchez Joaquin 53e) - Fernando Torres – Raul (Luis Garcia 53e) – Entraîneur : Luis Aragones
France : Fabien Barthez – Willy Sagnol – Eric Abidal – William Gallas – Lilian Thuram – Florent Malouda (puis Sydney Govou 74e) – Claude Makelele – Zinedine Zidane – Franck Ribery – Patrick Vieyra – Thierry Henry (Puis Sylvain Wiltord 88e) –. Entraîneur : Raymond Domenech.
par Dave Wilson
Article publié le 27/06/2006Dernière mise à jour le 27/06/2006 à TU