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Comment ça va avec la France ?

Tranches de vie : Lulendo

Lulendo: «<i>Paris, c’est un lieu où on peut vraiment exercer librement son métier d’artiste</i>». 

		(Photo: Frédérik Froument)
Lulendo: «Paris, c’est un lieu où on peut vraiment exercer librement son métier d’artiste».
(Photo: Frédérik Froument)
« Vivre loin des siens fait naître l’espoir fou de revoir sa terre natale » confie Lulendo, ce maître angolais du likembe qui vit en France depuis plus de vingt ans, où il apaise les âmes avec sa voix et ses petits doigts qui dansent sur un magique lamellophone...

Tranches de vie : Lulendo

Musicien d'origine angolaise

«J'ai commencé à vivre ma vie d'homme libre à Paris»

C'est à Paris que Lulendo vient de signer son deuxième opus solo, intitulé <em>Angola</em>. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;DR
C'est à Paris que Lulendo vient de signer son deuxième opus solo, intitulé Angola.
DR

Parti de son Angola natal pour fuir la guerre et voir du pays, Lulendo a débarqué à Paris, capitale des musiques du monde, par hasard. Traversant une partie de l’Europe dans un long périple entamé depuis l'Afrique lusophone, il aurait pu échouer ailleurs, dans une autre capitale. Paris, rendez-vous consacré des Africains de la diaspora francophone, l’a séduit au premier jour. Il y est resté. Et depuis, il égaie les nuits de ses concitoyens dans la ville-lumière, en taquinant la sanza, ce petit piano à pouce dont il est devenu un maître incontesté. C'est à Paris qu'il vient de signer son deuxième opus solo, intitulé Angola. L'Angola, où il n'est plus jamais retourné jouer.

Etre libre à Paris

« Le fait d’être venu à Paris n’a rien à voir avec la musique. Venir à Paris, c’était un pur hasard. J’ai eu envie à un moment donné de partir de l’Angola pour aller découvrir le monde. Pour aller voir ailleurs comment c’était. Je me suis dit "tiens ! j’ai beaucoup donné pour mon pays. Il est temps d’aller voir comment ça se passe ailleurs". Ce n’était pas un rêve pour moi d’émigrer. Non ! Moi, mon rêve, c’était qu’il y ait le calme dans mon pays, parce qu’après toute la période de la guerre que nous avions vécu, nous rêvions d’autre chose. La situation continuant à se compliquer, du jour au lendemain, j’ai décidé de partir.  Peu importe le pays, j’étais prêt à prendre n’importe quel visa, l’essentiel était de partir. Il s’avère que j’ai eu un visa pour la Yougoslavie, ensuite pour la Belgique. Je me suis retrouvé en Belgique et j’y ai pris le train pour me retrouver en France. Et ce n’était pas pour faire la musique. C’était simplement pour vivre une liberté que je ne connaissais pas. Bon, je suis resté à Paris, parce que je croisais quelques frères africains, qui m’ont donné un coup de main pour rester. Et puis, il y avait aussi l’ambiance. Les gens que je rencontrais m’ont poussé à y rester. Et j’ai commencé à y vivre ma vie d’homme libre »

Le monde entier à Paris

«<i>On croise vraiment le monde entier à Paris...»</i> &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Frédérik Froument)
«On croise vraiment le monde entier à Paris...»
(Photo: Frédérik Froument)

« Je pense que Paris, c’est un lieu où on peut vraiment exercer librement son métier d’artiste. On croise ici le monde entier, c’est-à-dire les artistes de partout. Je dis même que j’ai appris à connaître beaucoup de mes compatriotes africains à Paris. Lorsque j’étais en Angola, je ne connaissais pas forcément les Sénégalais, les Ivoiriens. Je savais leur existence mais pour les connaître vraiment, il fallait se rapprocher d’eux. Et c’est Paris qui nous a appris à nous connaître. Et je trouve que c’est une très bonne chose pour les Africains. Et aussi pour l’art en général , parce qu’il n’y a pas que l’Afrique à Paris, il y a le Japon, il y a les Etats-Unis… On croise vraiment le monde entier à Paris ».

Galères d’immigré

« J’ai les mêmes problèmes que rencontre n’importe quelle personne immigrée. Quand je passe dans la rue, ce n’est pas marqué sur mon front que je suis artiste. C’est dans les salles de concerts quand on joue, que les gens se rendent compte que nous sommes artistes. En même temps, le fait d’être artiste nous permet d’être au-dessus de tout ça. Lorsqu’on crée, on ne se pose même plus la question de savoir qui on est. Dans la vie de tous les jours, nous sommes obligés d’affronter ces problèmes-là. Pour avoir un logement par exemple. Au fond, être artiste, c’est la même chose que pour madame ou monsieur tout le monde. Quand on passe dans la rue, on est parfois confronté au problème du racisme, parce qu’on est Africain, Noir. C’est visible. Les gens ne font pas la différence entre l’artiste que je suis et les autres. Nous sommes logés à la même enseigne. La seule chose pour nous : c’est que cette âme d’artiste permet de relativiser les choses. De les vivre d’une manière un peu plus distanciée. On relativise les choses pour pouvoir continuer à vivre là. En ce qui me concerne, je me sens bien dans cette ville. En fait, j’adore la France, sinon je n’y resterais pas. Malgré les problèmes, tout n’y est pas mauvais. Tout le monde n’y est pas con. Il y a des cons partout, d’ailleurs. En même temps, on essaie toujours d’y trouver sa place. Je ne me considère pas aujourd’hui comme un immigré qui vient de débarquer, sauf si on me le rappelle. Par ma nature. Par mes origines, peut-être. Autrement, lorsque je marche dans la rue, je me sens aussi Parisien que tous les autres. Je ne me pose pas la question de ma différence. Moi, je me sens très bien à Paris et il ne faut pas oublier que malgré tous les problèmes, la France nous a accueillie. »

Pour en savoir plus :

Le site de Lulendo : http://www.lulendo.com/

Sa maison de disque :
http://www.budamusique.com/

Ce site publie un entretien avec Lulendo: http://www.axelibre.org/musiques/lulendo.php



par Soeuf  Elbadawi

Article publié le 01/07/2006Dernière mise à jour le 01/07/2006 à TU

Tranches de vie

«Tranches de vie» est une émission à l’écoute de la France bigarrée. Paroles d’hommes et de femmes, acteurs de la mosaïque française. Ils sont d’origine étrangère, ont choisi la France pour y vivre, y grandir ou pour y fabriquer leur vision du monde. Portraits express de personnes, certaines, consacrées, d’autres, moins connues, résidant dans l’Hexagone et contribuant à rendre de plus en plus tangible la notion de diversité à la française.
Une émission de Soeuf Elbadawi, réalisée par Isabelle Godineau, pour le service magazines de Radio France Internationale.

Réalisation multimédia : Marc Verney/RFI