Coupe du monde 2006
France – Portugal : les Bleus à un match du bonheur
(Photo : AFP)
« A partir du moment où vous gagnez contre le Brésil, tout le monde s'imagine déjà vous voir en finale. Malheureusement, qu'on le veuille ou non, cela peut conditionner le groupe. Et si on perd l'humilité qui a fait notre force jusqu'à aujourd'hui, les choses vont devenir très compliquées. Mais je n'y crois pas. » Les Bleus ne tomberont pas dans le piège de l’autosatisfaction ni de l’excès de confiance si l’on écoute Lilian Thuram. Aucune raison de ne pas croire à la lucidité d’une équipe qui a mûri tout au long d’une compétition entamée dans le doute et, pire encore, le médiocre. Et puis, le second tour lui a permis de retrouver ses esprits et son football contre l’Espagne (3-1) après avoir pourtant été menée au score, et, bien davantage encore, contre le Brésil (1-0). Pour autant le plus difficile attend peut-être les coéquipiers de Zinedine Zidane face au Portugal.
Une grosse équipe du Portugal
Seule équipe du carré d’as à n’avoir jamais remporté une Coupe du monde, la formation dirigée par le Brésilien Luis Felipe Scolari qui avait conduit les « Auriverde » au titre il y a quatre ans – il reste sur une série de douze matches sans défaite – est tout sauf un intrus. C’est un ensemble qui s’est lentement façonné ces dernières années dans le sillage du FC Porto (champion d’Europe en 2004) et de son entraîneur fétiche José Mourinho. La réussite du club sur la scène continentale a révélé l’équipe nationale à elle-même, lui injectant ce bonus de confiance indispensable à la réussite. Le groupe est un ensemble très homogène avec, comme l’équipe de France, une défense solide, souvent intraitable –elle n’a encaissé qu’un seul but depuis l’entame de la compétition – un milieu de terrain dirigé de main de maître par Deco, ce transfuge brésilien naturalisé portugais en 2003, et une ligne d’attaque orchestrée par le premier des « galactiques » du Real Madrid, aujourd’hui « interiste » (à Milan), Luis Figo, par le très jeune Cristiano Ronaldo et celui qui connaît le mieux le football français, Pauleta, avant-centre et buteur depuis plusieurs saisons du Paris Saint-Germain. Un ensemble qui, par ses hommes et son jeu, ressemble beaucoup aux Bleus de Raymond Domenech.
Les Bleus joueront en challengers
Sur l’autorité et l’intelligence de jeu développées lors des deux dernières rencontres l’équipe de France a tout à espérer de cette rencontre, la dernière avant une possible deuxième finale. Mais le Portugal, qui a réalisé un sans-faute (4 victoires et un nul), est sans doute plus complet et à l’évidence mieux organisé que l’Espagne et le Brésil. Tout dépendra du talent de Zinedine Zidane, de l’efficacité de Thierry Henry ou de la révélation Franck Ribéry. Tout dépendra plus encore de la capacité des Français à reproduire la qualité collective de football affichée en quart de finale face aux champions du monde en titre. « A partir du moment où vous jouez en bloc, et que vous savez que c'est la clé du succès, et que tout le monde est prêt à respecter la consigne, ça veut dire que vous avez une équipe où les joueurs se respectent et sont liés. Parfois, dans certaines équipes, il y a des joueurs qui ne font pas l'effort de se mettre à disposition des autres », expliquait lors de la dernière conférence de presse d’avant -match Lilian Thuram.
La force tranquille, ce slogan qui avait fait le bonheur de François Mitterrand il y a exactement vingt-cinq ans, les Bleus semblent se l’être approprié. Une défense rigoureuse qui n’est allée chercher que deux fois le ballon au fond de ses filets, un milieu récupérateur, Vieira – Makelele qui est sans doute le meilleur du tournoi, un trio offensif Ribéry – Malouda – Zidane très complémentaire et un homme de pointe, Henry, capable à tout moment de mettre le feu à la défense adverse. Il y avait longtemps – depuis la conquête du titre européen en 2000 – que l’équipe de France n’avait aligné une formation aussi sereine. Le sourire retrouvé de « Zizou », qui a fait taire toutes les critiques, son rôle essentiel contre les Brésiliens doivent faire croire au meilleur, mais ce ne sera pas facile.
Régulièrement, dans le passé, les Français ont battu les Portugais, mais jamais dans la facilité, souvent pendant les prolongations. Raison pour laquelle la prudence s’impose face à une équipe qui rêve de disputer la première finale mondiale de son histoire contre l'Italie. Français et Portugais partent sur un pied d’égalité. Les Bleus en sont totalement convaincus, eux qui ont toujours préféré le rôle de challenger à celui de favori et qui savent que l’humilité et la solidarité sont les meilleures armes pour la victoire.
Les équipes probables
Portugal: Ricardo - Miguel, Fernando Meira, Ricardo Carvalho, Nuno Valente - Costinha, Maniche - Figo (cap.), Deco, Cristiano Ronaldo - Pauleta. Entraîneur: Luiz Felipe Scolari (BRA)
France: Barthez - Sagnol, Thuram, Gallas, Abidal - Vieira, Makelele - Ribéry, Zidane (cap.), Malouda - Henry. Entraïneur: Raymond Domenech
Arbitre: Jorge Larrionda (Uruguay)
par Gérard Dreyfus
Article publié le 04/07/2006Dernière mise à jour le 04/07/2006 à TU