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République démocratique du Congo

D’un Kabila l’autre, consécration diplomatique et accords inter-congolais

Cartographie des fiefs des chefs de guerre aujourd'hui candidats à la présidentielle 2006.<br /><a href="http://www.rfi.fr/francais/actu/articles/079/article_45019.asp" target="_blank">Cliquez pour agrandir.</a> 

		(Source : www.monuc.org)
Cartographie des fiefs des chefs de guerre aujourd'hui candidats à la présidentielle 2006.
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(Source : www.monuc.org)
En moins de quatre ans, Laurent-Désiré Kabila a fait le vide autour de lui, accaparant la direction d’une AFDL de circonstance, tenant tête à ses alliés de 1996, et manifestant sa volonté de conduire la pirogue congolaise vers la destination de son choix. A 61 ans, il a déjà derrière lui une longue carrière de franc-tireur dans les maquis nationalistes où il a dû sa survie à des compagnonnages et des trafics en tous genres. Tout cela fait de lui un importun à Kinshasa où il est la cible de critiques internationales unanimes. Chronologie : troisième partie.

16 janvier 2001 : Le président Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans des circonstances jamais élucidées. Dans les heures qui suivent, son aide de camp, le fils d’un ancien gendarme katangais de Tshombe influent parmi les Lunda, le colonel Eddy Kapend prend les affaires du pays en mains, écartant en particulier le ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, Gaétan Kakudji, un cousin de Laurent-Désiré Kabila, au profit du fils du président, Joseph Kabila.

17 janvier 2001 : Général-major, Joseph Kabila était à Lubumbashi au moment de l’assassinat. Rappelé à Kinshasa, il est installé «temporairement» à la tête de l’Etat et de l’armée, à 29 ans.

19 janvier 2001 : Des combats entre factions adverses font au moins 200 morts à Bunia, en Ituri.

26 janvier 2001 : Joseph Kabila est assermenté président de la République devant la Cour suprême. Il reçoit l’accolade très remarquée des présidents angolais, Eduardo Dos Santos, et zimbabwéen, Robert Mugabe.

30 janvier 2001 : Le président sud-africain Thabo Mbeki rend visite à Joseph Kabila, à Kinshasa.

31 janvier-4 février 2001 : Joseph Kabila reçoit une légitimation internationale au cours de la tournée qui le conduit aux Etats-Unis, en Belgique, en France et en Grande-Bretagne. De Laurent-Désiré à Joseph, un tournant diplomatique radical scelle les retrouvailles entre la RDC et l’Occident.

9 février 2001 : Une commission d’enquête internationale sur la mort de Laurent-Désiré Kabila est créée à l’initiative de l’Angola, du Zimbabwe et de la Namibie, alliés militaires de Kinshasa.

15 février 2001 : Joseph Kabila se rend à Lusaka où les belligérants participants acceptent le déploiement d’observateurs de l’Onu. L’ancien président du Botswana, Ketumile Masire, est désigné «facilitateur» du dialogue intercongolais préconisé dans l’Accord de Lusaka.

Des Kivutiens accusés du meurtre de Laurent-Désiré Kabila

Joseph Kabila devant le cercueil de son père le 23 janvier 2001. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : AFP)
Joseph Kabila devant le cercueil de son père le 23 janvier 2001.
(Photo : AFP)

24 février 2001 : L'aide de camp du défunt président, le colonel Eddy Kapend, est arrêté et mis au secret. Il fait figure de principal accusé dans le meurtre de Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier aurait été tué à bout portant par un kadogo (enfant-soldat du Kivu) appartenant à sa garde rapprochée, Rachidi Kasereka. Le mobile du crime serait le mécontentement des Kivutiens vis-à-vis de Laurent-Désiré Kabila pour ses faveurs accordées aux Katangais. Quelques minutes après le crime, Eddy Kapend a achevé d'une balle dans la tête Kasereka, déjà blessé aux jambes, et donc neutralisé. Le colonel Kapend, qui est aussi le patron des kadogo, est accusé d'avoir voulu faire disparaître l'exécutant d'un assassinat dans lequel il aurait lui-même trempé. Sont également jetés en prison le général Yav Nawej, gouverneur de Kinshasa, et le commandant Mississipi, l’un des responsables des services de renseignement militaires.

15 mars 2001 : Les belligérants se retirent de 15 kilomètres de part et d’autre de la ligne de front cartographiée par la Monuc.

Septembre 2001 : Retrait des troupes namibiennes.

15 octobre 2001 : Le dialogue intercongolais s’ouvre et se referme aussitôt à Addis Abeba en raison de désaccords sur la désignation des participants.

8-9 novembre 2001 : La résolution 1279 du Conseil de sécurité autorise la Monuc à se déployer dans l'est du Congo et la résolution 1376 lance la troisième phase prévue par les Accords de Lusaka : le programme de désarmement volontaire, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration (DDRRR) des groupes armés étrangers (rebelles ougandais, burundais et rwandais).

13 et 15 janvier 2002 : Joseph Kabila rencontre Jean-Pierre Bemba, père-fondateur du MLC, et Adolphe Onusumba, président du RCD-Goma, en marge d’un sommet de la SADC à Blantyre (Malawi). Ce faisant, à la différence de son défunt père, il reconnaît l’existence de rébellions congolaises.

17 février 2002 : Le RCD-Goma donne l’assaut sur Minembwe, dans les hauts-plateaux du Sud-Kivu contre le commandant Masunzu hostile à la présence militaire rwandaise et retranché avec les populations Banyamulenge en butte dans la région d’Uvira à des attaques de Maï-Maï et de rebelles burundais et rwandais.

25 février 2002 : Des négociations politiques inter congolaises (DIC) s’ouvrent à Sun City (Afrique du Sud) sous la médiation du Botswanais Ketumile Masire.

9 avril 2002 : Le MLC s’engage auprès de la Monuc à ne pas entraver la reprise du trafic commercial et civil sur le fleuve Congo. Le RCD-Goma fait de même le 12 avril.

18 avril 2002 : Le dialogue inter congolais (DIC) termine officiellement ses travaux de Sun City. Le gouvernement Kabila et le MLC signent un accord bilatéral de partage du pouvoir et propose aux autres parties de le ratifier. Le RCD Goma et l’UDPS dénoncent une manipulation et demande la poursuite du DIC.

15 mars 2002 : Ouverture du procès sur l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila.

29 avril 2002 : Le gouvernement de Kinshasa s’engage à son tour auprès de la Monuc pour l’ouverture du fleuve Congo au trafic civil et commercial.

Joseph Kabila signe des accords bilatéraux avec Kagame et Museveni

Joseph Kabila signe un accord bilatéral successivement avec les prédsident rwandais Paul Kagame (à droite) et ougandais Yoweri Museveni. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photos : AFP)
Joseph Kabila signe un accord bilatéral successivement avec les prédsident rwandais, Paul Kagame (à droite), et ougandais Yoweri Museveni.
(Photos : AFP)

23 juillet 2002 : Kigali et Kinshasa signent un accord bilatéral à Pretoria (Afrique du Sud). Un calendrier de 90 jours prévoit le désarmement et le démantèlement des ex-Forces armées rwandaises (Far) et des miliciens interhahamwe rwandais qui opèrent au Congo depuis 1994. Kinshasa s’engage à désarmer ces rebelles rwandais, utilisés par l'armée gouvernementale depuis 1998, en vue de leur rapatriement. En échange, Kigali s’engage à retirer ses troupes du Congo. La supervision de cet  Accord de Pretoria est confiée à un «mécanisme de vérification de la Tierce partie» (Third party verification mechanism, TPVM) composé de représentants de la Monuc et du gouvernement sud-africain. Au final, 23 400 soldats rwandais quitteront le Congo. Pour autant, le démantèlement des forces de l’ancien régime rwandais présentes en RDC n’était toujours pas achevé en juillet 2006.

Septembre 2002 : Plus de 1 200 personnes, des Hema en majorité, sont massacrées dans la région de Nyakunde, en Ituri, dans une attaque imputée à des milices lendu.

6 septembre 2002 : Kinshasa et Kampala signent à Luanda un accord bilatéral qui programme le retrait des troupes ougandaises du Nord-Est, la création d’une Commission de pacification de l’Ituri et la mise en place d’une administration intérimaire en Ituri. Après le départ des troupes ougandaises, une force de police congolaise doit assurer la sécurité en Ituri. L’Ouganda est autorisé à maintenir un contingent dans les montagnes du Rwenzori. Le MLC de Jean-Pierre Bemba tente d’occuper les territoires abandonnés par les Ougandais en jouant la carte du Rassemblement congolais pour la démocratie-National, le RCD-N de Roger Lumbala. Ce dernier dispute en vain, mais au prix d’exactions sanglantes, la ville de Beni au Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de libération (RCD-ML, une autre scission du RCD-Goma) de Mbusa Nyamwisi.

17 septembre 2002 : Début du retrait des troupes rwandaises de RDC.

5 octobre 2002 : Kigali annonce la fin du retrait de ses troupes de RDC. La Monuc confirme le départ de 20 941 soldats rwandais cantonnés dans 21 sites de rassemblement.

20 novembre 2002 : La Monuc rapatrie à Kigali 64 rebelles rwandais, cantonnés à Kamina dans le cadre du DDRRR volontaire : cela porte à 677 les personnes rapatriées depuis le début du processus le 30 septembre 2002, parmi lesquelles 375 ex-combattants et 302 personnes dépendantes. Kinshasa obtient le renouvellement (jusqu’à février 2003) des 90 jours accordés pour le désarmement des rebelles hutu qui devait être concomitant du retrait des troupes rwandaises du Congo. Sur fond de batailles rangées, les tractations avec les Maï-Maï entrent dans le vif du sujet, à savoir la répartition entre leurs chefs des fauteuils de députés et des postes de commandement dans la nouvelle armée nationale.

4 décembre 2002 : La résolution 1445 du Conseil de sécurité autorise le renforcement de la Monuc jusqu’à 8 700 hommes.

Les Congolais signent un accord politique «global et inclusif» à Pretoria

17 décembre 2002 : Un «accord global et inclusif» est signé à Pretoria (Afrique du Sud) par les partenaires du Dialogue inter congolais : le gouvernement de Kinshasa, le MLC, le RCD-Goma, le RCD-ML, le RCD-N, l’opposition non armée, les Maï-Maï et la société civile. L’Accord de Pretoria organise le partage du pouvoir politique dans des institutions de transition chargées de conduire à des élections législatives et présidentielle dans un délai de deux ans à compter de l’investiture d’un gouvernement de transition. Joseph Kabila conserve la présidence de la République. Il est flanqué de quatre vice-présidents issus du gouvernement (dans sa mouvance), du RCD Goma, du MLC et de l’opposition non armée. Des commissions ad hoc doivent finaliser un projet de Constitution et trouver un accord sur la future armée nationale ainsi que sur la sécurité des institutions de transition.

26 décembre 2002 : La Monuc inaugure à Lubero, près du lac Edward, à la frontière ougandaise, le centre de cantonnement des candidats au DDRRR.

30 décembre 2002 : Signature à Gbadolite d’un cessez-le-feu entre le MLC, le RCD-ML et le RCD-N qui s’affrontent en Ituri. L’Accord de Gbadolite gèle leurs positions sur les axes conduisant aux villes de Beni, Bunia, Butembo, Bafwasende et Watsa. Il garantit aussi la liberté de mouvement des populations civiles.

6 janvier 2003 : Thomas Lubanga, le chef de l’Union des patriotes congolais-Réconciliation et paix (UPC-RP) basée à Bunia, chef-lieu de l’Ituri, abandonne le camp ougandais et signe un accord militaire et économique avec le RCD-Goma, allié du Rwanda.

7 janvier 2003 : Une cour martiale condamne trente personnes dont Eddy Kapend à la peine de mort.

15 janvier 2003 : La Monuc accuse le MLC et le RCD N de graves exactions en Ituri, notamment à Mambasa.

31 janvier 2003 : Quatre bataillons des Forces armées congolaises (FAC) sont déployés à Béni, en territoire RCD-ML .

6 mars 2003 : L’armée ougandaise chasse l’UPC de Bunia. L’Ituri est mis à feu et à sang par les milices qui prolifèrent.

18 mars 2003 : Un accord de cessation des hostilités dans l’Ituri est signé par le RCD-ML (allié à Kinshasa), le Front des nationalistes et des intégristes FNI (à majorité lendu), le Parti pour l’unité, la sauvegarde et l’intégrité du Congo (Pusic, à majorité hema), le Front populaire pour la démocratie au Congo (FPDC, à majorité alur) et deux milices lendu. Il restera sans effet.

2 avril 2003 : L’Accord de gouvernement «global et inclusif» signé en décembre 2002 à Pretoria est finalisé à Sun City. Il renvoie le règlement du volet militaire à une commission mixte et prévoit la restauration de l’autorité gouvernementale sur l’ensemble du territoire congolais dans les mois suivants.

4 avril 2003 : La Constitution de transition est promulguée.

Quatrième partie : La transition vers les élections



par Monique  Mas

Article publié le 10/07/2006Dernière mise à jour le 10/07/2006 à TU