Presse
Recomposition de la presse autour de l’internet
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Epiphénomène ou véritable tendance de fond… Après le Wall Street Journal qui a récemment transformé son site pour intégrer plus le web dans son édition papier, c’est au tour du quotidien britannique Financial Times, filiale du groupe Pearson, de fusionner ses rédactions papier et internet. Un important virage stratégique pour le quotidien qui part à la conquête des internautes. Comme l’a expliqué au personnel du journal, le rédacteur en chef Lionel Barber : «l’évolution rapide des exigences en matière de publication en ligne place l’industrie des médias face à un défi considérable, concernant sa structures et ses pratiques de travail». Cette restructuration est destinée à simplifier l’organisation des quatre éditions du quotidien – Grande-Bretagne, Europe continentale, Asie et Etats-Unis – et à accélérer le développement du site internet.
Le nouveau dispositif prévoit une seule salle de rédaction où les journalistes, éditeurs et personnels de productions seront amenés à écrire, relire et à travailler à la fois pour les éditions imprimées et numériques. Concrètement, les journalistes seront formés à l’écriture pour les deux médias tandis qu’une équipe sera spécialement chargée de produire des contenus interactifs.
L’ère du bimédia
Cette réorganisation éditoriale autour du web qui devrait être opérationnelle en octobre prochain, va entraîner dans son sillage la suppression de 10% des effectifs du journal, soit une cinquantaine de personnes. «Un plan de départs volontaires sera mis en œuvre», a précisé la direction qui va entamer prochainement des discussions avec les syndicats. Le Financial Times revendique près de 1,4 million de lecteurs papier et une audience mensuelle pour son site de 5,57 millions de visiteurs, dont 84 000 abonnés, moins que le Wall Street Journal qui a fusionné ses deux rédactions et qui revendique à l’heure actuelle 761 000 abonnés payants sur son site.
Les journaux anglo-saxons ont été les premiers à tenter la révolution internet. Parmi eux, le Wall Street Journal mais également le Guardian ou bien encore le New York Times ont déjà fusionné leurs rédactions. Les quotidiens français sont désormais engagés dans la même voie que leurs homologues anglo-saxons. Au printemps dernier, le quotidien Libération est passé au bimédia avec une version internet plus importante. Dernier en date à revoir sa copie, La Tribune. Le quotidien économique travaille également à une mouture bimédia pour la rentrée prochaine. Après la presse, la radio ? A Radio France Internationale, la réflexion est en cours.
Plusieurs raisons à cette réorganisation éditoriale autour de l’internet. L’économie de la presse connaît à l’heure actuelle des moments difficiles. La concurrence accrue des journaux gratuits et de l’internet grignote les recettes publicitaires et le lectorat. Pour espérer tenir sur ce marché, on cherche des solutions. En attendant, le bimédia permet de réduire les coûts de production, et notamment d’économiser du personnel.
par Myriam Berber
Article publié le 18/07/2006 Dernière mise à jour le 18/07/2006 à 13:47 TU