Cameroun
Paul Biya réélu sans surprise à la tête du RDPC
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Yaoundé
18 h 50, ce 21 juillet 2006 : dans cette salle du Palais des congrès où plus d’un millier de délégués aux assises attendent le fin mot de cette rencontre statutaire de leur parti, la première «indiscrétion» pour l’opinion fuse. Cavaye Yegué Djibril, le président de l’Assemblée nationale, dans son rôle de circonstance de président du bureau du Congrès extraordinaire, lâche, au détour d’une phrase, «Monsieur le président élu…». Salve d’applaudissement. Et Paul Biya est invité à prononcer une allocution. «Je vous remercie sincèrement de m’avoir reconduit à la tête de notre grand parti national. Vous l’avez fait à une unanimité qui me touche et m’honore. Je saurai me montrer digne», promet le président, visiblement heureux et auréolé d’une nouvelle légitimité au sommet du RDPC. Nouveaux applaudissements. Des militantes hystériques entonnent un air devenu célèbre à travers les âges depuis le parti unique tenu alors de mains fermes par feu Ahmadou Ahidjo. «Paul Biya. Paul Biya. Notre président. Père de
Le matin même, Paul Biya fustigeait «le folklore (qui) n’a pas grand-chose à voir avec l’engagement politique», sous un tonnerre d’applaudissements. Un discours vérité dans lequel il déplorait la tendance des «personnes dites ressources» à «se substituer aux responsables de sections (élus à la base, Ndlr)». Non sans observer que «C’est le mérite et le militantisme vrai qui doivent présider au choix des responsables et des investitures. Ce n’est ni l’argent, ni la capacité d’organiser des fêtes où l’on danse plus qu’on ne pense». Attribuant nombre de «ces errements» dont sont coupables ses camarades à «une formation insuffisante», M. Biya est allé jusqu’à envisager la résurrection d’une survivance du parti unique : «l’école des cadres», qui pourrait se muer en «académie».
«Un langage moins transcendant et un peu plus engagé»
Une sortie largement saluée. «Le président national a montré qu’il connaît le RDPC et surtout les pratiques qui minent son fonctionnement», analyse Charles Ateba Eyene, figure de proue des jeunes du parti qui ont depuis rompu le silence. Les «modernistes» du RDPC, ne sont pas en reste. Depuis trois ans, leur courant avait sévèrement critiqué certaines pratiques dénoncées ce jour par Paul Biya. «Le président national qu’on attendait au tournant a tenu un langage moins transcendant, et un peu plus engagé dans la mêlée actuelle où il fallait prendre option avec la modernisation. Il vient de donner des signaux forts à des prévaricateurs dont on avait tendance à croire qu’il était leur complice et vis-à-vis desquels il semblait complaisant», commente le professeur d’université Hubert Mono Ndjana, en écho au nouvel engagement pris par Paul Biya dans la lutte contre les détournements de fonds publiques.
Au soir du 21 juillet, nombreux étaient pourtant les militants impatients. «Nous attendions un Congrès ordinaire qui vienne remettre à plat toutes ces questions et qui s’achève par la désignation de nouveaux personnels dans les instances dirigeantes du parti», regrette en chœur l’armée des déçus. Des militants avaient été désignés ou élus dans ces structures du RDPC pour un mandat de cinq ans depuis…1996. Ce n’est visiblement pas le dossier le plus urgent pour Paul Biya. Au grand dam de ceux qui croyaient que ce Congrès serait l’occasion pour le président du RDPC de départager la multitude de ses «dauphins», souvent auto-désignés.
par Valentin Zinga
Article publié le 22/07/2006Dernière mise à jour le 22/07/2006 à TU