France
La police expulse près d’un millier de squatters africains
(Photo : AFP)
La police a vidé jeudi matin le plus grand squat de France, installé dans l’ancienne résidence universitaire de Cachan, dans la banlieue sud de Paris. L’immeuble était occupé, depuis trois ans, par près d’un millier d’immigrés africains, dont beaucoup de sans-papiers. Les autorités ont réquisitionné des centaines de chambres d’hôtel pour reloger les expulsés. Les associations humanitaires ont critiqué le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, tandis que le gouvernement affirme que cette évacuation avait été décidée par la Justice pour sauvegarder la sécurité des personnes.
L’opération d’évacuation du bâtiment F du campus de Cachan a débuté à neuf heures du matin, avec la participation de plusieurs centaines de policiers, dont huit compagnies de CRS et 200 agents de la sécurité publique de Val-de-Marne, ainsi que des membres de la Croix-Rouge et des Services médicaux d’urgence (SAMU). Les autorités ont affirmé que l’évacuation des quelque 800 occupants, pour la plupart des Ivoiriens et des Maliens, s’est déroulée dans le calme, à un moment où beaucoup de résidents étaient partis travailler. Les policiers ont demandé aux squatters de rester dans leurs chambres, puis ils les ont fait sortir peu à peu, en procédant ensuite à des contrôles d’identité. Vers 11 heures, les anciens occupants du squat ont été conduits en autocars vers des hôtels du département, où près de 300 chambres avaient été réquisitionnées. Les occupants en situation régulière vont bénéficier de mesures prévoyant leur installation future dans des logements sociaux, tandis que les clandestins devront être reconduits dans leurs pays d’origine, selon les autorités.
«On méritait tout sauf ça de la France.»Soumaro Issoufou
L'un des occupants du squat de Cachan, evacué jeudi 17 août au matin.
Le parti UMP (Union pour un mouvement populaire) dirigé par Sarkozy a salué l’évacuation du squat, vu le «risque sérieux d’incendie du bâtiment en raison de multiples branchements électriques sauvages». La préfecture a expliqué, elle aussi, qu'elle avait agi pour éviter courts-circuits et incendie. L’évacuation avait été décidée à la demande du recteur de l’académie de Créteil, suite à un jugement du tribunal administratif de Melun en avril 2004. Cette évacuation est l'épilogue d'une affaire qui durait depuis 2002. Il y a deux ans, une cellule de relogement avait même été créée pour étudier la situation des occupants installés dans cet immeuble de cinq étages, appartenant au Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), qui va être démoli, vu son état de délabrement et la présence d’amiante dans le bâtiment.
Yves Jégo
Secrétaire national de l'UMP, le parti de la majorité
«Ceux qui ne sont pas respectueux de la législation française subiront les affres de la loi.»
Jean-Yves le Bouillonnec
Député-maire socialiste de Cachan
«Il fallait évacuer le squat de Cachan pour des raisons de sécurité.»
Daniel Breuillé
Maire d'Arcueil
«La crainte que j'ai, c'est qu'une fois de plus on utilise le squat de Cachan pour faire de l'exemple et nourrir une campagne politique. »
Laurence Roch
Avocate au barreau du Val de Marne, spécialiste du droit des étrangers
«Il semblerait que la préfecture a décidé de mettre à exécution les arrêtés de reconduite à la frontière.»
Les forces de police restaient présentes autour de la cité universitaire de Cachan, jeudi soir.
par Antonio Garcia
Article publié le 17/08/2006 Dernière mise à jour le 17/08/2006 à 16:30 TU