Russie
Kommersant dans les allées du pouvoir
(Photo : AFP)
Un magnat de la métallurgie proche du Kremlin et qui dirige aussi une filiale du géant gazier public Gazprom, Alicher Ousmanov, vient de racheter pour quelque 300 millions de dollars la maison d'édition Kommersant qui publie notamment l'influent quotidien russe libéral du même nom, l'un des derniers grands médias russe qui échappait encore au pouvoir à l'approche de l'élection présidentielle de 2008.
De notre correspondant à Moscou
Dans un paysage médiatique étroitement verrouillé par le Kremlin, le quotidien libéral Kommersant faisait figure d’exception. Positionné comme une publication de référence, il est le plus lu par les élites du pays. Sa rédaction, très active, publie régulièrement des informations exclusives dans un pays où les institutions et les entreprises ont encore une culture de l’opacité.
300 millions de dollars
Jusqu’au printemps dernier, le quotidien appartenait à la bête noire du Kremlin, l’oligarque en exil Boris Berekovsky, lequel l’a vendu à son ex-associé pour éviter aux journal des pressions du pouvoir. C'est en tout cas l’explication qu’avait fourni Berekovsy. Kommersant vient donc de tomber dans l’escarcelle d’Alicher Ousmanov, 25ème fortune de Russie, grand magnat de la métallurgie, pour la somme de 300 millions de dollars.
Ousmanov a aussitôt affirmé qu’il n’interfèrerait pas dans la politique éditoriale. Mais ces déclarations n’ont pas convaincu les observateurs. A leurs yeux, Alicher Ousmanov qui collabore avec Gazprom pourrait être en fait un cheval de Troie. Telle est la conviction du quotidien des affaires Vedomosti qui pronostique que, tôt ou tard, le journal sera cédé à un groupe d’Etat et pourquoi pas à Gazprom Médias, la filiale du géant gazier russe qui possède déjà une télévision fédérale, NTV, le quotidien Les Izvestia et 50% de la radio Echos de Moscou.
par Jean-Frédéric Saumont
Article publié le 31/08/2006 Dernière mise à jour le 31/08/2006 à 12:02 TU