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Indonésie

Mille hommes pour le Liban

Agus Yudhoyono, le fils du président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, lors d'une cérémonie à Jakarta le 29 août 2006. 

		(Photo : AFP)
Agus Yudhoyono, le fils du président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, lors d'une cérémonie à Jakarta le 29 août 2006.
(Photo : AFP)

Après avoir dénoncé l'offensive israélienne au Liban, Djakarta est prêt à fournir un millier d'hommes à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Et cela d'ici «peut-être la mi-octobre», selon le ministre indonésien de la Défense, à charge, dit-il, pour l'Onu de vérifier qu'Israël est d'accord pour l'implication sous le casque bleu du plus grand pays musulman du monde. En attendant, l'Indonésie va acheter en France des véhicules blindés de transport de troupes et de commandement.


De notre correspondant à Jakarta

Près d’un millier de soldats indonésiens vont partir au Liban dans un délai d’un mois pour renforcer la Force intérimaire des Nations unies (Finul). La nouvelle a été annoncée, ce matin, à Jakarta, par le ministre indonésien de la Défense, Juwono Sudarsono. Un détachement de douze militaires partira dès la semaine prochaine pour préparer l’arrivée du bataillon d’infanterie et de la compagnie de génie mobilisés par l’état-major. Selon le ministre, Israël a abandonné les réserves qu’il avait émise sur la participation de l’armée indonésienne à la Finul. «La situation s’est débloquée grâce à des négociations menées par une partie tierce», a expliqué Juwono Sudarsono sans révéler l’identité de l‘intermédiaire.

Djakarta achète des blindés français

Le gouvernement israélien avait déclaré, à plusieurs reprises, qu’il s’opposerait au déploiement de troupes issues de pays musulmans n’ayant pas de relations diplomatiques avec lui. Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, avait rétorqué en rappelant que des militaires indonésiens avaient  participé dans les années 60 à la force d’interposition des Nations unies dans le Sinaï sans soulever aucune protestation en Israël. L’hypothèse que les Israéliens ont finalement donné leur accord est d’autant plus crédible que le gouvernement indonésien a annoncé l’achat de 32 véhicules d’avant blindés (VAB) français pour transporter les hommes qu'il s'apprête à envoyer au Liban. Ces engins sont déjà utilisés par la Finul. «Leur utilisation par le contingent indonésien répond à un souci d’homogénéité opérationnelle et logistique», affirme une source diplomatique française. Le contrat se monte à 24 millions d’euros. Le matériel, prélevé sur une chaîne de rénovation de l’armée française, sera livré directement aux troupes indonésiennes déployées sont le terrain.

L’Indonésie, où 85% des 230 millions d’habitants se réclament de l’islam, est le plus grand pays musulman du monde. Elle aspire à plus de visibilité sur la scène politique internationale alors que l’islam est devenu le principal étendard de ralliement à la «Pax Americana». Le président Yudhoyono, un général à la retraite qui a fréquenté une académie militaire américaine, rêve d'être une passerelle entre l’Orient et l'Occident. Sa police traque sans relâche les alliés locaux d'al-Qaida et la lutte contre la corruption a été décrétée «cause nationale» pour stimuler les investissements étrangers qui ont massivement déserté l’archipel après le Krach boursier asiatique de 1997. Mais le président doit aussi ménager une opinion publique fascinée par la résistance militaire opposée par le Hezbollah à Israël. La population, qui avait exprimé des opinions très mesurées pendant les guerres d'Afghanistan en 2001 et d'Irak en 2003, témoignent davantage de solidarité aux Palestiniens et aux Libanais.

Unanimité dans la classe politique

Début août, les médias ont dénoncé à l’unisson «l’agression israélienne du Liban» tandis que des groupuscules islamistes ont menacé de recruter des kamikazes pour «frapper des intérêts juifs dans le monde». Le conseil des oulémas, la plus haute autorité religieuse du pays, a quant à lui proposer d’envoyer des armes au Hezbollah. L'affaire avait plongé le gouvernement dans l'embarras. Il avait dit «comprendre les Indonésiens qui veulent se battre contre Israël», tout en leur demandant de «manifester leur colère dans le calme et la dignité».  L’engagement de troupes au Liban suscite donc l’unanimité dans la classe politique qui conditionne toujours la reconnaissance d’Israël à la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza.

En 2000, l’ancien président Abdurrahman Wahid, un ouléma très modéré, avait suggéré d’établir des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu afin de jouer un rôle plus concret dans les affaires du Proche-Orient. Mais sa déclaration avait suscité de vives polémiques dans les grandes confrérie islamiques, y compris la sienne, le Nadhlatul Ulama. Au printemps dernier, la fédération indonésienne de tennis a refusé d’envoyer ses joueuses à Tel-Aviv pour y disputer un match de la coupe des Confédérations.



Article publié le 01/09/2006 Dernière mise à jour le 01/09/2006 à 17:49 TU