Allemagne - Liban
La Bundeswehr va rejoindre la Finul
(Photo : AFP)
Le gouvernement allemand vient d’approuver l'envoi d'un contingent militaire au Liban, dans le cadre de la Finul. Mais il a pris soin d’assortir sa décision de nombreuses précautions. D'abord diplomatiques : c’est bien «à la demande de l'Etat hébreu, et du gouvernement libanais», que l'Allemagne se joint à la Finul, a insisté la chancelière allemande Angela Merkel. Précautions politiques également : cette intervention s'inscrit, pour les Allemands, dans une démarche qui doit surtout servir à «garantir le droit à l'existence d'Israël».
Cette 1e réapparition armée de l'Allemagne au Proche-Orient depuis la Seconde Guerre mondiale, explique la chancelière, «n'est pas un engagement comme un autre». De nombreuses personnalités politiques allemandes reconnaissent d’ailleurs que l'Allemagne ne peut être neutre au Proche-Orient en référence à la «dette imprescriptible» contracté à l’égard des juifs en raison de la Shoah.
D'où une série de restrictions que s’impose Berlin sur le plan technique. Il n’y aura pas de troupes déployées au sol, sinon pour la logistique ou le conseil à l'armée libanaise. Les deux tiers du contingent annoncé resteront embarqués à bord de navires, l'Allemagne prenant le commandement d'une force qui contrôlera les approches maritimes du Liban, et à laquelle se joindront des unités des pays nordiques.
En outre, ce dispositif se déploie avec une sage lenteur puisqu'il ne sera pas sur zone avant le mois prochain. Actuellement ce sont des navires français, italiens et grecs qui assurent les patrouilles en mer. Officiellement, d'ailleurs, cette mission ne sera pas lancée tant que le parlement allemand ne l'aura pas approuvée, mercredi prochain.
La diplomatie par d’autres moyens
Autre terrain «chaud» pour la Bundeswehr : l'Afghanistan. En même temps qu'il donnait son feu vert pour la Finul, le gouvernement d'Angela Merkel a accepté de prolonger d'un an la mission des 2 900 soldats allemands présents dans ce pays, mais sans prévoir toutefois de renforcement des effectifs, ni de sortir des zones de Kaboul et du Nord, considérées comme les moins dangereuses.
Cette armée allemande de plus en décomplexée, mais dont les interventions demeurent donc très «encadrées», sur le plan politique comme technique, assure actuellement le commandement de l'opération européenne Eufor en République démocratique du Congo, en appui aux Casques bleus de l'ONU. Pour la 1e fois depuis la Seconde Guerre mondiale, elle va intervenir en terre étrangère sous les ordres de ses propres généraux. La Bundeswehr est présente également en Bosnie, au Kosovo.
Au total, près de 10 000 soldats allemands seront bientôt engagés dans des opérations de maintien de la paix, condition selon les autorités de ce pays pour que l’Allemagne retrouve une voix diplomatique digne de son poids économique.
par Philippe Leymarie
Article publié le 14/09/2006 Dernière mise à jour le 14/09/2006 à 16:35 TU