Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Russie

Le vice-président de la Banque centrale assassiné

Andreï Kozlov, vice-président de la Banque centrale de Russie, est l’une des plus hautes personnalités assassinées à Moscou depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. 

		(Photo : AFP)
Andreï Kozlov, vice-président de la Banque centrale de Russie, est l’une des plus hautes personnalités assassinées à Moscou depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000.
(Photo : AFP)
Andreï Kozlov, le vice-président de la Banque centrale de Russie, a été assassiné à Moscou ainsi que son garde du corps. Ce double meurtre rappelle ceux commandités dans les milieux d'affaires moscovites il y a une dizaine d'année. Des «contrats» devenus beaucoup plus rares avec la fin de la guerre des clans mafieux et depuis que la Russie connaît une certaine stabilité politique. Expert dans la lutte contre les délits bancaires, Andreï Kozlov était rapidement devenu «l’homme à abattre» pour le crime organisé russe.

Le crime a eu lieu jeudi vers 21 heures dans une rue paisible de la capitale russe, une rue proche des terrains de football du Spartak Moscou. Andréï Kozlov, amateur de ballon rond, vient de disputer un match avec les employés de la Banque centrale. Après la fin de la partie, il tombe dans une véritable embuscade. Plusieurs tueurs, semble-t-il, font feu sur Andreï Kozlov et sur son chauffeur et garde du corps. Andreï Kozlov est touché à la tête et au torse, il décédera à l’hôpital. Son chauffeur est tué sur le coup.

Un banquier qui avait de sérieux ennemis

Andreï Kozlov est l’une des plus hautes personnalités assassinées à Moscou depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. Eminent banquier, il entame sa carrière à 24 ans à la Banque centrale soviétique dont il gravit tous les échelons. En 1997 il rejoint le secteur privé puis réintègre en avril 2002 la Banque centrale. Il devient rapidement un expert dans la lutte contre les délits bancaires. Chargé de l'attribution des licences aux banques commerciales, il mène une vigoureuse campagne contre les établissements soupçonnés de blanchir de l'argent sale, de l'argent provenant parfois des rançons des prises d'otages. La Russie compte environ 1 200 banques, beaucoup sont petites et possèdent peu de capitaux, les allégations de malversations y sont fréquentes et les services d'Andreï Kozlov ferment ainsi chaque semaine deux à trois de ces banques corrompues. Pour le crime organisé russe, le banquier Kozlov était rapidement devenu l’homme à abattre.

Le Kremlin n'a pour l'heure fait aucun commentaire. Alexei Koudrine, ministre des Finances a seulement déclaré, qu'«Andreï Kozlov, fonctionnaire honnête et courageux était en première ligne dans la lutte contre les délits financiers». Mais dans son entourage on ne cache pas que c'est son zèle qui lui a coûté la vie.

Un nom de plus sur une liste déjà longue

Ces dix dernières années de nombreuses personnalités de la sphère politico-militaire ont été assassinées par des groupes maffieux. En mars 1995, Vladislav Listiev, présentateur vedette à la télévision est abattu ; il militait pour l’interdiction de la publicité à la télé. Galina Starovoïtva, député libérale et militante des droits de l’homme est tuée par balle dans son immeuble, en novembre1998. En octobre 2002, Valentin Tsekov, gouverneur dans l’Extrême-Orient russe est abattu dans la rue ; il combattait la criminalité dans l’industrie pétrolière. Paul Klebnikov, ressortissant américain, rédacteur en chef de l’édition russe du magazine Forbes est assassiné en 2004 devant le siège de son journal. Son tort : avoir enquêté sur la corruption et avoir publié la liste des plus grosses fortunes du pays.



par Franck  Alexandre

Article publié le 14/09/2006 Dernière mise à jour le 14/09/2006 à 18:34 TU

Audio

Gilles Favarel-Garrigues

Chargé de recherche au Ceri, spécialiste de la Russie

«L'assassinat reste, malheureusement, une option dans la résolution des conflits d'intérêts dans la Russie d'aujourd'hui.»

[14/09/2006]