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Cuba

Les non-alignés cherchent leur voie

La Havane, vendredi 15 septembre : le président par intérim Raúl Castro, au 14ème sommet des pays non-alignés. 

		(Photo : José Goitia)
La Havane, vendredi 15 septembre : le président par intérim Raúl Castro, au 14ème sommet des pays non-alignés.
(Photo : José Goitia)
Durant une semaine, la quasi-totalité des membres du mouvement des non-alignés s’est rassemblée à La Havane, pour tenter de revitaliser le mouvement fondé il y a 45 ans, et rassemblant les deux tiers des pays représentés à l’Onu. Parmi ses membres figurent plusieurs des dirigeants les plus hostiles aux Etats-Unis, réunis à 150 km à peine des côtes américaines.

De notre correspondante à Cuba

Difficile de passer outre : entre la réfection de nombreuses façades des avenues principales, les embouteillages inhabituels dans cette ville de piétons, et le renforcement visible de la police dans les quartiers centraux, la vie de la capitale cubaine a été largement bousculée ces derniers jours par le sommet des non-alignés.

Malgré la relative indifférence de la population face à cet événement international, l’une des quatre chaînes de télévision nationales a diffusé in extenso à partir de vendredi les interventions des présidents du monde entier réunis dans le Palais des conventions, repoussant à des heures tardives les télénovelas et autres films hollywoodiens habituels de la programmation.

Plusieurs discours de Fidel Castro lors de précédents sommets ont également été rediffusés, le dirigeant cubain étant l’un des fondateurs historiques du mouvement, créé en 1961 à Belgrade. Mais s’il a été présent, donc, dans les médias cubains, Fidel Castro a en revanche été absent du sommet lui-même, à la surprise générale. Seules quelques images ont été diffusées, prises lors de ses rencontres en privé avec Hugo Chavez, Abdelaziz Bouteflika, ou encore Kofi Annan. «Le président Fidel Castro suit strictement les recommandations de ses médecins, c’est pourquoi il ne présidera pas la délégation cubaine au cours du sommet» a expliqué le ministre des Affaires étrangères cubain, Felipe Perez Roque.

Une union fragile

C’est donc son frère Raúl Castro, président intérimaire de Cuba, qui a pris en son nom la présidence du mouvement, pour les trois ans à venir. Dans son discours inaugural, Raúl Castro a évoqué la faiblesse actuelle du mouvement : «Nous ne sommes pas la force décisive que nous pourrions être dans les relations internationales, mais par chance, l’étape instable des années 90, où l’on croyait que ce mouvement était devenu inutile, est dépassée».

Né au cœur de la guerre froide, héritier d’un monde bipolaire et des mouvements de décolonisation, les non-alignés comptent actuellement 118 membres (Haïti et St-Kitts et Nevis sont entrés dans le mouvement lors de ce sommet), pour la majorité, des pays en voie de développement. C’est d’ailleurs leur principal point commun, car sinon les diversités politique, économique ou encore religieuse des participants fragilise leur union.

La «revitalisation» du mouvement était donc le maître-mot de cette réunion. Presque tous les pays membres ont envoyé une délégation (seules les Comores se sont abstenues, pour des raisons de budget), parfois avec des motivations parallèles : certains sont venus discuter de thèmes bilatéraux, c’est le cas notamment du président pakistanais et du Premier ministre indien, qui ont profité de l’occasion de ce sommet pour reprendre des discussions sur le Cachemire, gelées depuis juillet dernier. Dans une déclaration commune émise samedi, ils ont annoncé la poursuite des négociations de paix, et leur volonté de lutter ensemble contre le terrorisme.

D’autres pays sont venus chercher un appui diplomatique : le Venezuela, par exemple, candidat à un siège non permanent au conseil de sécurité de l’Onu, est venu chercher des appuis pour le vote, prévu à la fin de l’année.

Pour le multilatéralisme

Mais tous étaient là avant tout pour signer une déclaration commune destinée à refléter le point de vue des non-alignés. Le texte final d’une centaine de pages, proposé par Cuba, comporte de nombreuses condamnations, directes et indirectes de la politique américaine, que ce soit en Amérique latine ou au Proche-Orient.

Une position commune difficile à atteindre dans un forum si divers : certains participants, à commencer par le pays hôte du sommet, sont ouvertement hostiles aux Etats-Unis, tels les présidents vénézuélien, iranien, biélorusse, bolivien, ou encore zimbabwéen. Mais d’autres membres de poids du mouvement des non-alignés, alliés des Etats-Unis, sont moins virulents, à l’instar de l’Inde, dont le Premier ministre, Manmohan Singh, a évoqué lors de son intervention «la voie de la modération et de la tolérance».

Tous ont cependant plaidé pour le multilatéralisme sur la scène internationale, rêvant de voir leur mouvement jouer un rôle plus important dans ce sens. Les conclusions finales, signées par tous les pays membres, comportent cinq documents, dont deux déclarations spécifiques, l’une concernant la solidarité avec le peuple palestinien, l’autre appuyant le droit de l’Iran à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

Les autres sujets débattus dans la capitale cubaine concernent la condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, la réforme de l’Onu, ainsi que différents thèmes régionaux. Une position commune qui aura l’occasion de vérifier dès mardi sa vigueur : la majorité des délégations présentes à La Havane se retrouvera en effet à New York, pour assister à l’Assemblée générale de l’Onu, où le mouvement des non-alignés rassemble les deux tiers des pays membres.



par Sara  Roumette

Article publié le 17/09/2006 Dernière mise à jour le 17/09/2006 à 11:20 TU

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