XIe Sommet de la Francophonie
Stratégies francophones de soutien au français en Europe : au sein de l’Union européenne
Depuis 2002, l’OIF qui regroupe 63 Etats et gouvernements dont 11 sont membres de l’Union européenne, a fait de l’usage du français dans l’Union européenne un de ses champs d’activités prioritaires. Un plan pluriannuel d’action pour le français dans l’Union européenne, lancé par un accord entre la France, principal bailleur de fonds de la Francophonie, la Communauté française de Belgique (CFB) et le Luxembourg, et mis en œuvre par l’OIF à partir de 2003-2004, organise la concertation et l’articulation des politiques entre les quatre partenaires et les pays coopérants.
Il propose principalement des formations à la langue française aux diplomates et fonctionnaires, en particulier des nouveaux pays membres de l’Union ou candidats à l’adhésion, ainsi qu’au personnel des institutions européennes, interprètes et traducteurs du français et en français, aux journalistes et aux juristes. A la fois politique et technique, ce plan s’appuie sur les nouvelles technologies de l’information (site Internet : http://www.parlez-francais.com/, logiciel correcteur d’orthographe) et sur une campagne promotionnelle (presse, affichage, Internet) déjà menée dans plusieurs pays.
Plus de 10 000 fonctionnaires formés chaque année
« Le cœur de frappe de la francophonie en Europe, c’est l’action à destination des diplomates et des fonctionnaires », souligne Stéphane Lopez, responsable des relations avec l’Union européenne au sein de la direction de la langue française, de la diversité culturelle et linguistique de l’OIF. Il précise que le Plan, doté d’un budget de 2,5 millions d’euros en 2006, concerne cette année 10 500 fonctionnaires dont 2 000 personnes à Bruxelles et 8 500 dans différentes capitales. L’OIF a choisi de travailler en amont des institutions, avec les instances gouvernementales qui ont le pouvoir politique, à Bruxelles auprès des ambassades et des missions des membres (25 pays) mais aussi des candidats (4), et dans les différents Etats partenaires, touchant 22 pays aussi bien de l’Europe de l’Ouest que de l’Est. La Francophonie agit aussi à Strasbourg auprès du Parlement européen et du Conseil de l’Europe. Elle forme chaque année des conseillers politiques et des conseillers techniques à travers des sessions trimestrielles, cherchant là où c’est possible des co-financements avec les Etats concernés.
Pour donner les cours de français, l’OIF fait appel aux Alliances françaises et aux instituts français, d’où l’importance du partenariat avec la France, la Belgique et le Luxembourg qui mettent à sa disposition un certain nombre de services, de moyens et relais d’influence. Il ne s’agit évidemment pas d’enseigner le français littéraire mais le français des relations européennes pour pouvoir se débrouiller dans des situations très précises : comprendre ou présider une réunion, défendre une position ou présenter le point de vue de son pays, faire une note de synthèse, une lecture de document avant une réunion, répondre à un courrier sur internet ou au téléphone. Le taux de réinscription des « élèves » est très important, de l’ordre de 50 à 60 %. L’OIF aide également à la préparation de concours européens et organise des séminaires permettant des échanges d’expérience sur les affaires européennes.
Quand la compétence francophone compte dans la promotion des fonctionnaires
La Francophonie est allée plus loin sur le plan politique en concluant depuis quelques mois avec les pays des accords de renforcement des compétences de travail en français de leurs diplomates et fonctionnaires en charge du suivi des questions européennes. « Nous avons déjà signé avec huit pays – Roumanie, Hongrie, Slovénie, Bulgarie, Lituanie, Slovaquie, Croatie et République Tchèque – et nous devons le faire avec l’Autriche et l’Estonie », indique Stéphane Lopez. Par ces accords l’Etat en question, l’OIF et ses trois pays partenaires (France, Belgique, Luxembourg) réaffirment la place qu’ils veulent accorder au français. L’Etat s’engage à former un certain nombre de fonctionnaires pendant les trois prochaines années et la majorité des signataires ont accepté de mentionner que la compétence francophone de ces fonctionnaires sera prise en considération dans leur affectation et leur promotion.
La Francophonie propose également à des personnalités politiques, ministres et ambassadeurs par exemple, de venir en France ou en Belgique pour des séjours d’immersion linguistique. Elle signe aussi des contrats de coopération pour le renforcement de l’enseignement, de l’usage et de la visibilité du français avec des écoles nationales d’administration en Pologne, en Roumanie, ou en Bulgarie, avec l’Académie diplomatique de Vienne ou encore l’Institut européen d’administration de Maastricht…
Dernière initiative en date, la signature en mai 2006 par Abdou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie, et les maires de Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg d’une déclaration solennelle en faveur de l’usage de la langue française, visant à établir un réseau francophone des trois capitales européennes. « C’est à Bruxelles, à Luxembourg et à Strasbourg que se fait et se fera l’Union européenne. Il convient que la politique des trois capitales soit pensée avec à l’esprit ce qui peut être fait pour la promotion du français et que leur francophonie soit le lien logique qui les réunisse en un réseau pour se concerter autour des questions de leurs identités à la fois locale et européenne, et des défis à relever pour améliorer l’intégration des institutions qu’elles accueillent », a déclaré Abdou Diouf au moment de la signature.par Marie Joannidis
Article publié le 19/09/2006 Dernière mise à jour le 19/09/2006 à 17:39 TU