XIe Sommet de la Francophonie
La vie du français en Europe - Pologne, Lituanie, Slovénie : une francophonie en ébullition
Pologne : classes francophones en Silésie
Le projet « Classes francophones en Silésie » a pris forme. Cinquante professeurs de français ont introduit un programme pilote dans leurs écoles respectives depuis décembre 2005. Le français a toujours été étudié par un grand nombre d’élèves en Silésie, où son apprentissage se maintient en 3e position après celui de l’anglais et de l’allemand, devançant le russe, tandis qu’il est passé au 4e rang dans la plupart des autres régions de la Pologne en 2005. D’une durée de trois ans, ce projet est destiné à tous les collèges, lycées et écoles professionnelles.
Son programme de français renforcé (minimum 4 h/semaine) permet de préparer le baccalauréat élargi de français en vue de poursuivre des études à l’étranger dans le cadre des programmes européens. Ses élèves doivent organiser la Journée internationale de la Francophonie, chaque année, le 20 mars, coopérer avec les clubs européens et encore participer au volontariat européen en tant que francophones. Ils sont en contact avec des écoles d’autres pays francophones à travers le monde, ce qui favorise leur correspondance en français. « Les élèves deviennent ainsi les ambassadeurs de la Pologne dans le monde francophone », explique-t-on à la Délégation Wallonie Bruxelles à Varsovie, inspiratrice du projet. Les enseignants, quant à eux, profitent d’une offre de formation continue très vaste. Ils échangent leurs expériences avec des collègues, créent leurs propres bases de données... Cette plate-forme entre enseignants de tous niveaux éducatifs est censée augmenter leur efficacité… et donc le nombre d’apprenants et de diplômés au niveau international.
Dans le cadre de la coopération décentralisée, les contacts indirects entre communautés locales en Silésie et dans d’autres pays francophones sont aussi facilités. Coordonnatrice du projet, la directrice adjointe du Collège de formation des maîtres en langues vivantes de Jastrzębie Zdrój, Renata Klimek-Kowalska, avait présenté celui-ci au Commissariat général aux Relations internationales de la Communauté française de Belgique, en février 2006, à Bruxelles, qui depuis a mis à disposition un conseiller pédagogique pour former les enseignants du réseau, élaborer le programme et assister les professeurs. Le tout dans un esprit d’ouverture à la francophonie, mettant l’accent sur les spécificités de la culture belge francophone et la promotion des relations belgo-polonaises. Co-auteure du projet et directrice de l’Alliance française de Rybnik, Elzbieta Paniczek assurera pour sa part la formation des professeurs chargés de préparer les élèves aux certifications internationales.
Lituanie : cartes postales chorégraphiques de Vilnius
Dans ce pays observateur de l’OIF où le nombre de locuteurs en français est estimé à 67 520, il n’existait jusqu’à présent qu’un modeste festival de théâtre francophone destiné aux scolaires et aux universitaires. Outre un club de débats, l’ambassade de France et le Centre culturel français de Vilnius, la capitale, viennent de lancer un projet d’éducation artistique original, créé en France sur une idée de la chorégraphe Dominique Hervieu pour le festival Francofffonies ! Selon des règles du jeu à la fois chorégraphiques, musicales et filmiques communes à tous, il sera proposé à des enfants, avec leurs professeurs de danse, ainsi qu’à des danseurs, de créer des duos intégrant des éléments des danses traditionnelles lituaniennes à ceux d’une création contemporaine. En 2007, certains duos seront filmés dans des lieux de rencontre de Vilnius – places, rues, musées, ponts – puis envoyés avec les commentaires des danseurs, tels des « cartes postales » audiovisuelles, sur un site Internet ouvert aux autres participants du projet disséminés aux quatre coins du monde : Mali, Cambodge, Tunisie, France… La lecture croisée de ces cartes postales tissera un « art de la rencontre », fondé sur un acte de tolérance esthétique fait de découverte et de partage, dans une authentique expérience de création, mettant en évidence similitudes et différences culturelles entre les duos du monde.
Slovénie: le Plan Présidence pour le français, sans tapage ni prétention
Une longue tradition francophile a permis à la langue française de rester présente dans les milieux culturels et politiques de Slovénie, devenue membre observateur de l’OIF en 1999. En avril 2005, elle a demandé le soutien de la France pour la préparation de sa haute administration à la Présidence européenne de 2008 – dont elle entend piloter les rencontres dans toutes les langues de l’UE, y compris le français. « La France s’est félicitée de l’ampleur de cette demande sans précédent historique », commente Dominique Geslin, directeur du Service de coopération et d’action culturelle à Ljubljana, la capitale de la Slovénie. L’ambassadrice de France en Slovénie, Dominique Gazuy, a sollicité l’appui du Secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf, qui s’est réjouit du fait que la langue française puisse « affirmer sa présence, sa modernité, son importance géopolitique » dans cette région de l’Europe. C’est ainsi que le 15 novembre 2005, un Memorandum intitulé « Plan Présidence pour le Français » a été signé entre la Slovénie, la Communauté française de Belgique et la France. L’accord prévoit des stages intensifs et extensifs d’ici 2008, ainsi que des sessions d’immersion en France, en Belgique ou au Luxembourg, ainsi que des simulations de conférences en langue française, à Ljubljana, dès le printemps 2006, pour quelque 600 fonctionnaires – dont près de 180 ont déjà été formés par l’ambassade de France et l’Institut français après l’adhésion de la Slovénie à l’Union européenne (mars 2003).
Depuis janvier 2006, les opérations de formation linguistique extensive (cours collectifs et individuels) ont déjà permis de former en français environ 350 fonctionnaires slovènes. Près de 1 300 heures ont été effectuées sur un volume global de 3 000 heures réparties sur toute l’année. Un séminaire de préparation se tient à Paris du 25 au 30 septembre 2006 avec les futurs partenaires français et portugais, auxquels une douzaine de fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et du Bureau des Affaires européennes slovènes participeront. Par ailleurs, l’ambassade de France en Slovénie organise à Ljubljana, à l’automne 2006, un atelier de simulation de la Présidence. Le plan OIF a attribué une subvention d’environ 60 000 euros pour ce projet, tandis que les Slovènes le financent à hauteur de 50 %.
« La langue française en Slovénie, sans tapage ni prétention, se porte plutôt bien et des promesses de développement sont là, présentes et dynamisantes ! », estime Dominique Geslin. D’autant que ce nouvel élan francophone ne se réduit pas au seul niveau européen. En amont, une politique linguistique sur la durée, en partenariat entre les deux pays, a pris appui sur la réforme du système éducatif. C’est ainsi qu’en 2005, la France a engagé en Slovénie 113 016 euros pour la coopération éducative, 180 395 euros pour la coopération universitaire, 97 240 euros pour la coopération technique et européenne et 67 004 euros pour la coopération culturelle.par Antoinette Delafin
Article publié le 19/09/2006 Dernière mise à jour le 19/09/2006 à 19:00 TU