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XIe Sommet de la Francophonie

Politiques migratoires : la Francophonie, laboratoire d’idées

Francophonie: carte des pays-membres. 

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Francophonie: carte des pays-membres.
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De par la diversité de ses membres, l’ensemble francophone peut constituer un véritable laboratoire d’idées sur le phénomène migratoire. Les principaux pays d’accueil tels que la France, le Canada, la Belgique ou la Suisse mènent leurs propres politiques avec cependant des axes communs, tandis que les pays francophones d’Afrique et d’Europe de l’Est, eux, sont confrontés au départ ou au transit des candidats à l’émigration.

Alors que la conférence euro-africaine de Rabat sur l’immigration et le développement des 10 et 11 juillet 2006 (1) instaurait une coopération accrue entre pays d’origine, de transit et de destination, la Francophonie, qui réunit ces trois types de pays, constitue un cadre idéal d’échanges d’expériences et d’idées.

Les flux migratoires dans les pays francophones

A la lecture du dernier rapport* de l’OCDE sur les migrations, on constate que dans les principaux pays d’accueil francophones, les flux migratoires sont économiques avant d’être linguistiques. Pays d’immigration par excellence, le Canada accueille ainsi en majorité des étrangers originaires d’Asie : sur un total de 236 000 entrées étrangères en 2004, on comptait ainsi 36 000 Chinois, 26 000 Indiens et seulement 6 000 Roumains et 5 000 Français. De même, les liens linguistiques ne jouent pas pour l’immigration vers la Suisse : ce sont les Allemands et les Portugais qui arrivent en tête des entrées avec respectivement 18 000 et 14 000 ressortissants sur un total de 96 000 en 2004.

Le critère de la langue française et les liens historiques ont malgré tout une influence pour la France et la Belgique. Sur un total de 134 000 entrées d’étrangers en France en 2004, les Algériens (27 000) et les Marocains (22 000) arrivent ainsi largement en tête. On retrouve ensuite les ressortissants de Tunisie, du Congo-Brazzaville, d’Haïti, du Sénégal, du Mali et de la Roumanie. Enfin, en Belgique, qui n’a comptabilisé que 72 000 entrées d’étrangers en 2004, les Français et les Marocains font partie du trio de tête avec respectivement 9 500 et 8 000 personnes. Viennent ensuite dans une proportion moindre les ressortissants de Pologne, de Roumanie et de la République démocratique du Congo.

On retrouve certaines constantes dans la politique migratoire des principaux pays d’accueil francophones (Belgique, Canada, France, Suisse). Ainsi, l’idée de la sélection des candidats à l’immigration, déjà largement pratiquée. Au Canada, les ministres territoriaux, provinciaux et fédéral chargés des questions d’immigration ont, en novembre 2005, placé parmi leurs cinq priorités-clés une meilleure sélection des immigrants avec la création d’une nouvelle catégorie économique destinée à retenir les personnes qui possèdent une expérience de travail ou qui ont reçu une formation au Canada.

En France, la deuxième (après celle de novembre 2003) loi sur l’immigration présentée par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, adoptée le 21 juillet 2006, prévoit une carte de séjour « Compétences et Talents » destinée à attirer, entre autres, des chercheurs et des étudiants. Cette loi prévoit également de nouvelles restrictions pour les migrations familiales, au contraire du Canada qui, lui, a investi en 2005 dans un programme de deux ans destiné à accélérer le traitement des demandes de parents et des grands-parents au titre du regroupement familial.

Autre constante des pays d’accueil francophones : une politique contraignante d’intégration. La Suisse a ainsi adopté fin 2005 une loi qui prévoit des « cours d’intégration » obligatoires pour l’immigrant. Selon ce texte, les autorités devront prendre en compte le degré d’intégration du demandeur pour prolonger ou accorder les permis de séjour. La même politique est suivie par la France avec la mise en place, depuis janvier 2004, des Contrats d’accueil et d’intégration (CAI). Pour sa part, la Belgique a accordé en 2004 un droit de vote aux élections communales aux étrangers non européens établis sur le territoire belge depuis cinq ans au moins.

En Europe de l’Est, de nouveaux équilibres se forment

Du côté des pays francophones d’origine de l’immigration, deux grands champs géographiques existent : l’Afrique (avec comme principaux pays émetteurs le Maroc, les deux Congo, le Mali et le Sénégal) et l’Europe de l’Est. Dans cette dernière zone, de nouveaux équilibres migratoires apparaissent à la suite de l’intégration, en 2004, de huit nouveaux pays au sein de l’Union européenne, dont six sont également membres observateurs (*) de la Francophonie : Estonie, Hongrie*, Lettonie, Lituanie*, Pologne*, République tchèque*, Slovaquie* et Slovénie*. L’intégration prochaine au sein de l’Europe de la Bulgarie et de la Roumanie, membres à part entière de l’OIF et grands pourvoyeurs de main d’œuvre en Europe (majoritairement en Espagne et en Grèce pour la Bulgarie et en Allemagne et en Italie pour la Roumanie), devrait bouleverser un peu plus la donne. La Bulgarie comme la Roumanie se préparent en effet à devenir les nouvelles frontières de l’Europe et adoptent des procédures beaucoup plus strictes de contrôle des flux migratoires.

Quant aux pays de transit de l’immigration, ils sont de plus en plus nombreux, étant bien souvent également pays d’origine. C’est d’ailleurs parce qu’il était confronté à cette double réalité que le Maroc a été à l’initiative de la conférence euro-africaine de Rabat. Pour pallier la fuite des cerveaux africains vers l’Europe, les participants à cette conférence ont prôné, entre autres, une intensification des échanges entre universitaires du Nord et du Sud ainsi qu’une plus grande facilité de circulation des étudiants et des hommes d’affaires : des actions déjà entreprises par les structures francophones. Les nombreuses discussions en cours au sein de l’OIF sur ces thèmes – qui sont au cœur de l’actualité internationale, comme l’illustre le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement des 14 et 15 septembre 2006 à l’assemblée générale des Nations unies – ne peuvent qu’être amenées à se formaliser.

par Isabelle  Verdier

Article publié le 19/09/2006 Dernière mise à jour le 19/09/2006 à 19:25 TU

(1) Conférence organisée à l’initiative du Maroc, de l’Espagne et de la France, avec la participation de l’Union européenne et de l’Union africaine.

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