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Iran : Chirac plaide la patience

Lors de la 61e Assemblée générale de l’Onu, Jacques Chirac a prôné la voie du dialogue pour sortir de la crise du nucléaire iranien. 

		(Photo : © United Nations)
Lors de la 61e Assemblée générale de l’Onu, Jacques Chirac a prôné la voie du dialogue pour sortir de la crise du nucléaire iranien.
(Photo : © United Nations)
La 61e Assemblée générale de l’Onu, qui s’est ouverte mardi à New-York, s’est calée d’entrée de jeu sur l‘heure iranienne. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dégainé le premier en attaquant les Américains accusés de manipuler l’Onu à leur profit. Le président américain, George Bush, a quant à lui choisi de s’adresser directement au peuple iranien, plutôt qu’à ses dirigeants, qu’il a qualifiés de «principal obstacle à la prospérité et à la liberté» de la population du pays. Quant à Jacques Chirac, il a proposé un compromis entre l’Iran et les six grandes puissances, en charge du dossier, pour sortir de l’impasse dans laquelle il s'est embourbé.

A quelques heures d’intervalle, l’Américain et l‘Iranien sont intervenus à la tribune des Nations unies. Chaque délégation ayant pris grand soin d’éviter de se croiser dans les couloirs et les ascenseurs, la confrontation aura eu lieu dans les règles, du haut de la tribune. Mais avant ce grand oral, les présidents George Bush et Jacques Chirac se sont rencontrés une heure dès mardi matin, afin de clarifier les propositions émises par le Français, juste avant son départ, au micro d’Europe 1, Washington ayant manifesté sa surprise devant cette nouvelle position française. Jacques Chirac milite en effet pour une double suspension qui permettrait la reprise des négociations. D’un côté le Conseil de sécurité suspendrait la menace des sanctions contre Téhéran pendant que de l’autre l’Iran interromprait ses activités d’enrichissement de l’uranium, le temps nécessaire à de nouvelles négociations.

 Sortie de crise à la «française»

Devant les 191 autres pays membres, le président Chirac, dont c’est la dernière intervention à l’Onu, a redit que «le dialogue devait prévaloir» avec l’Iran. «Nous avons fait à ce grand pays des offres de coopération ambitieuses, pourvu qu’il rétablisse la confiance en suspendant ses activités litigieuses. Mais la confiance a été altérée par l’existence de programmes clandestins», a rappelé le président français. Se démarquant de Washington, il a précisé que «notre objectif n’est pas de remettre en cause les régimes. Il est d’assurer la sécurité dans le respect du droit international et de la souveraineté de tous».

Le président français l’assure à qui veut bien l’entendre : il est sur la même ligne que son homologue américain sur le dossier nucléaire iranien. Ce que George Bush a également dit de son côté après sa rencontre de mardi avec Jacques Chirac, soutenant «partager» avec la France le même objectif et assurant vouloir «résoudre ce problème par la diplomatie». Loin de considérer sa proposition comme étant isolée, Jacques Chirac, s’acharne à expliquer qu’il n’y a pas de contradiction entre sa proposition de compromis et les positions des autres puissances, en particulier les Etats-Unis, partisans de sanctions contre Téhéran. Pour Jacques Chirac, «à la fin des négociations, ou bien on a réussi et tout le monde est satisfait», l’idée de sanctions est abandonnée et l’Iran «arrête définitivement» l’enrichissement, ou bien «on ne s’est pas entendu et à ce moment-là, chacun retrouve sa liberté de part et d’autre».

Des activités nucléaires pacifiques

Dans son discours qui ouvrait l’Assemblée générale, George Bush s’adressant au peuple iranien, a soutenu qu’il cherchait une solution diplomatique à la crise. «Malgré ce que le régime vous dit, nous n’avons aucune objection à la poursuite par l’Iran d’un programme nucléaire réellement pacifique». En réponse, le président Mahmoud Ahmadinejad, intervenant quelques heures après George Bush, ne s’est pas embarrassé de formules diplomatiques. Pendant le quart d’heure réglementaire, l’Iranien a attaqué le bilan de George Bush en Irak et au Liban, émaillant ses propos de nombreuses références religieuses. Mahmoud Ahmadinejad a encore assuré que son pays ne cherchait pas à se doter de la bombe. «Toutes nos activités nucléaires sont transparentes, pacifiques et sous l’œil de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique)», a-t-il martelé.

Le dossier nucléaire iranien était examiné mardi soir à New-York, par les ministres des Affaires étrangères des six puissances engagées dans la recherche d’une solution (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne), plus l’Italie. Aucun accord n’est ressorti sur un programme de sanctions contre l’Iran, bien qu’il ait refusé de suspendre l’enrichissement de l’uranium au 31 août, comme le Conseil de sécurité l’exigeait dans sa résolution 1696. Une pierre dans le jardin des Américains qui poussent depuis des mois en faveur de telles sanctions. Mais les Etats-Unis se heurtent aux réticences de la Chine et de la Russie, partenaires commerciaux de Téhéran, ainsi que de la France.

Les Six ont préféré souligné les efforts des Européens et exprimé un «fort soutien» aux négociations actuelles entre Javier Solana, le chef de la diplomatie européenne, et Ali Larijani, le principal négociateur iranien du dossier nucléaire. Les conditions requises pour une reprise des négociations sont peut-être en train de se mettre en place. Ali Larijani a fait savoir mercredi, depuis Téhéran, qu’il était convenu avec Javier Solana, une rencontre «dès la semaine prochaine» dans une capitale européenne afin d’adopter un «cadre pour de possibles discussions ultérieures». Aucune date limite n’a été communiquée au-delà de laquelle la patience des négociateurs serait épuisée. Mais, selon un diplomate américain, le délai serait déjà fixé et Téhéran en sera informé rapidement.

par Claire  Arsenault

Article publié le 20/09/2006 Dernière mise à jour le 20/09/2006 à 16:31 TU

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Iran : le défi nucléaire

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Frank Weil-Rabaud

Envoyé spécial de RFI à New York

«Dans le dossier du nucléaire iranien, le président français Jacques Chirac a marqué les esprits en proposant de laisser encore du temps à la diplomatie.»

[19/09/2006]