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Les dossiers du football

Rumeurs de corruption dans le football anglais: un agent camerounais accusé

par Gérard Dreyfus

Article publié le 20/09/2006 Dernière mise à jour le 20/09/2006 à 18:22 TU

L'agent camerounais Teni Yerima réfute les accusations de corruption.(Photo : darya Kianpour/RFI)

L'agent camerounais Teni Yerima réfute les accusations de corruption.
(Photo : darya Kianpour/RFI)

Teni Yerima a été , à son corps défendant, une des vedettes du programme de télévision diffusé par la BBC, « Undercover : football’s dirty secrets » (« Les sales secrets du football »). Un agent aux mains sales, prêt à payer des entraîneurs pour mieux leur vendre les joueurs dont il est l’agent. Il s’explique en exclusivité sur le site internet de RFI

Teni Yerima est un ancien international camerounais, vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1979 avec l’Union de Douala et de la Coupe des vainqueurs de Coupe en 1981, toujours sous le même maillot. En 1997, après avoir exercé le métier d’entraîneur pendant huit années, Il devient agent de joueurs après avoir obtenu la licence délivré par la fédération internationale (FIFA). Depuis, il s’est occupé de nombreux joueurs africains qu’il preéfère ne pas citer dans le contexte actuel. Certains ont joué et jouent encore en France. D’autres sont en Angleterre. D’autres encore dans les pays du Golfe. Au total il a une cinquantaine de professionnels sous contrat.

 Accusé Yerima, levez-vous ? Un programme de la BBC vous a accusé de soudoyer des entraîneurs en Angleterre afin de mieux placer les joueurs dont vous êtes l’agent dans leurs clubs. L’accusation est grave.

Gérard Dreyfus et Teni Yerima dans les locaux de RFI. 

		(Photo : darya Kianpour/RFI)
Gérard Dreyfus et Teni Yerima dans les locaux de RFI.
(Photo : darya Kianpour/RFI)

« Pour moi toute cette affaire est invraisemblable. J’ai des relations professionnelles en Angleterre, mais je n’ai jamais cherché à obtenir des contrats en versant quelle que somme que ce soit ni à un manager général, ni à un entraîneur. Je tiens à la disposition d’éventuels enquêteurs mes livres de compte. Curieusement, il semble que je sois le seul agent non britannique à avoir été cité dans cette émission, pire à avoir été mis sur le banc des accusés. Ceux qui me connaissent savent ce que je suis, ce que je fais. Je n’ai rien à cacher. Je n’ai rien à me reprocher. D’ailleurs je suis prêt à me rendre à Londres pour m’expliquer si la fédération souhaite m’entendre. En revanche j’ai été très sollicité par la presse britannique, je n’entends pas polémiquer, mais je suis en contact avec mon avocat pour d’éventuelles suites. Etant en France, je n’ai pas suivi l’émission. J’ai demandé à la BBC une copie qu’elle a refusé de me donner au prétexte que la qualité sonore était de mauvaise qualité ».

Entrons dans le détail de l’accusation. On vous a filmé et enregistré à votre insu dans un grand hôtel parisien. Vous disiez, selon ce que la BBC a diffusé « nous pouvons leur rétrocéder de l’argent (aux entraîneurs). Et d’expliquer que si vous aviez une commission de 150.000 euros, vous la fixiez à 200.000 pour reverser 50.000 euros à l’entraîneur. On vous a entendu dire « je l’ai déjà fait », en ajoutant que vous aviez des comptes à Monaco et en Suisse pour cet usage. Des faits que la télévision britannique n’a quand même pas inventés.

« L’histoire remonte à environ neuf mois. Je reçois chez moi un coup de téléphone d’un talent scout (un recruteur de jeunes joueurs) allemand installé à Londres, Knut Aufdem Berge. Je l’avais rencontré en 1999 au Nigeria lors du championnat du monde juniors. Depuis je l’avais croisé quelquefois. Bonjour, bonsoir, c’est tout. Surpris par ce coup de fil, il me dit être en relation avec un richissime homme d’affaires qui veut monter la plus grosse écurie d’agent de joueurs. Dès les premiers contacts, je me rends compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je comprends qu’il sous-entend le versement de pots de vin pour bien faire démarrer la société. Et je commence à lui raconter des histoires. Je sais que son entreprise basée sur la corruption est vouée à l’échec. Ce n’est pas ma tasse de thé !
C’est cette conversation qui a été enregistrée. Un piège m’a été tendu. Voilà l’exacte vérité. L’enregistrement remonte donc au mois de janvier ».

Mais ce qui est dit est crédible. Il y a tellement d’argent dans le football qu’on peut s’étonner que les décideurs d’un club ne soient pas d’une manière ou d’une autre intéressés.

« Ca c’est la rumeur publique, basée sur des soupçons sans fondement. Tous ceux qui gagnent de l’argent ne sont pas malhonnêtes. Pourquoi voit-on toujours  les comportements indélicats partout. Je ne peux pas répondre à ces insinuations et hurler avec les loups ».

Téni Yerima, votre image a été écornée dans cette affaire. C’est votre honnêteté qui est mise en cause. Cela risque d’affecter votre activité professionnelle

« Je laisse ceux qui ont travaillé avec moi répondre de ma probité. Je prouverais ma parfaite bonne foi. Encore une fois, je n’ai rien à cacher. On m’a tendu un piège pour je ne sais quelle raison, on a déformé mes propos, on les a interprétés dans le sens qui convenait pour le reportage. Ils voulaient faire du sensationnel. Leur volonté était de trouver des pratiques répréhensibles dans le football anglais. J’ai été instrumentalisé »

Teni Yerima décidé de porter l’affaire en justice. Il attaque la BBC  et Knut Aufdem Berge « pour diffamation et diffusion de fausses informations recueillies de manière frauduleuse ».De l’avis de ceux qui ont regardé l’émission, des accusations ont été portées mais aucun fait précis de corruption n’a été relevé. Affaire à suivre diront les habitués des prétoires.