XIe Sommet de la Francophonie
Etre à la hauteur de l’enjeu
(Photo : Valérie Gas/RFI)
De notre envoyée spéciale à Bucarest
(Photo : Valérie Gas/RFI)
Bucarest n’a pas eu besoin d’engager des grands travaux pour accueillir le XIe Sommet de la Francophonie. La plupart des infrastructures nécessaires à l’accueil des participants existaient. Et notamment le Palais du Parlement, le bâtiment monumental construit par l’ancien dictateur roumain Nicolas Ceaucescu, qui abrite les conférences, le centre de presse, les bureaux des délégations... Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’y manque pas de place. Des hauteurs sous plafond impressionnantes, des couloirs où trois voitures pourraient circuler en même temps, des escaliers gigantesques, des étages, des entresols à n’en plus finir, tout y est grand, très grand. Et la décoration est à la hauteur de la taille des lieux, délibérément ostentatoire : moulures, dorures, tapis rouges, marbre à tous les étages.
Maria Berteanu, directrice des affaires francophones au Commissariat général pour la Francophonie du ministère des Affaires étrangères, explique simplement qu’il a fallu adapter la configuration de certains lieux aux exigences du Sommet, comme la salle des séances plénières. Qui dit «salles immenses», dit «écho». Il n’était pas question de laisser les voix des intervenants raisonner, on a donc fait appel à des experts canadiens qui ont installé des panneaux spéciaux pour absorber les sons.
Eviter les embouteillages
A chaque Sommet, le pays organisateur coopère, en effet, avec les autres membres de la Francophonie susceptibles de lui fournir une aide logistique ou humaine. La Suisse a fourni les équipements pour les ambulances chargées de transporter les blessés ou malades dans un des 5 hôpitaux placés en état d’urgence. La France a apporté, elle aussi, sa contribution. Elle a envoyé une armada de véhicules pour assurer le transports des délégués : 70 Velsatis (le véhicule haut de gamme de Renault) et 170 Laguna. Elle a contribué à l’installation du centre de presse, comme lors du précédent sommet à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Elle a, d’autre part, formé les motards chargés d’ouvrir les cortèges des chefs d’Etat et de gouvernement présents à Bucarest. Ils circuleront d’autant plus facilement que tout a été fait pour faciliter les déplacements dans une ville qui souffre, il est vrai, d’un mal chronique : les embouteillages. Et pour cause, explique Maria Berteanu : «Bucarest a un énorme problème de circulation. C’est une ville qui a été conçue pour assurer la fluidité pour 80 000 voitures. Et maintenant, on approche du million». Du coup, les autorités roumaines ont décidé de mettre en place «un couloir unique» pour les déplacements des chefs d’Etat et de gouvernement. Et tout le secteur public a été mis en vacances pour trois jours. L’objectif est clairement de réduire les déplacements des Roumains dans la ville.
Même si l’organisation d’un tel événement est une source de «fierté» pour ces derniers, il est indéniable que leur vie quotidienne va être perturbée par la conférence. Pendant une semaine, et surtout durant les deux jours du Sommet proprement dit (28, 29 septembre), 15 000 membres de la police et de la gendarmerie seront déployés dans la ville à bord de 500 véhicules, pour assurer la sécurité des participants. Et des hélicoptères patrouilleront dans le ciel de Bucarest afin d’effectuer une surveillance vue d’en haut.
Le français à l’école, pas dans la rue
La Roumanie ne veut pas rater le rendez-vous francophone. La maîtrise logistique et le bon déroulement de la réunion représentent, de ce point de vue, des étapes incontournables vers un sommet réussi. Tout a donc été mis en oeuvre pour qu’il soit à la hauteur de «l’honneur» fait au pays, selon Maria Berteanu. La présence de près de 200 «agents de liaison» sur le site du sommet s’inscrit dans cette logique. Un grand nombre d’entre eux ont été recrutés dans les associations d’étudiants francophones de la faculté de sciences politiques de Bucarest, où près de 600 jeunes gens étudient dans la langue de Molière. Ils parlent français, et le parlent bien. Ils représentent la vitrine linguistique d’un pays qui revendique d’avoir 88% de ses élèves qui apprennent le français à l’école, en première ou deuxième langue étrangère. Reste que lorsque l’on se promène dans les rues de Bucarest, on se rend compte qu’en dépit de cet effort au niveau scolaire, le français n’est pas encore, ou n’est plus, un passe-partout.par Valérie Gas
Article publié le 25/09/2006 Dernière mise à jour le 25/09/2006 à 16:52 TU