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XIe sommet de la Francophonie

Jacques Chirac : «augmenter l‘aide publique à l’Afrique»

Le président français Jacques Chirac à la tribune du XIème Sommet de la Francophonie à Bucarest. 

		(Photo : AFP)
Le président français Jacques Chirac à la tribune du XIème Sommet de la Francophonie à Bucarest.
(Photo : AFP)
Dans une interview exclusive accordée à RFI et TV5, Jacques Chirac se livre à un tour d’horizon de l’actualité internationale. Le chef de l'Etat français répond aux questions de Geneviève Goëtzinger (RFI) et Philippe Dessaint (TV5).

 

Jacques Chirac

Président de la République française

«Il n'y a pas d'autre solution qu'une augmentation importante de l'aide publique au développement si l'on veut faire évoluer normalement l'Afrique.»

Pour accéder à la vidéo de l'interview de Jacques Chirac

Les principaux points abordés par Jacques Chirac

L'absence d'Emile Lahoud, le président du Liban

Je regrette une polémique qui n'a pas lieu d'être et à laquelle je n'entends pas participer. Les invitations pour un sommet francophone sont de la compétence exclusive du président du pays qui reçoit. Donc le président roumain a décidé ce qu'il convenait de faire en ce qui concerne les invitations. J'ajoute qu'il a sans doute consulté le Secrétaire général de la Francophonie mais qu’il ne m’a pas consulté. Je tiens à vous le dire, qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur ce point. Le président roumain s’est référé, non pas à des questions de personne ou à des questions de politique, mais aux déclarations et aux résolutions de l’Organisation des nations unies. Cela ne mérite pas de polémique.

La situation au Liban

Il y a toujours un risque mais aujourd’hui la situation me paraît relativement stabilisée et je souhaite que tous les Libanais, quel que soit leur engagement personnel, comprennent qu’il est essentiel pour l’avenir de leur pays, pour la démocratie, qu’ils soient réunis et rassemblés autour d’un Etat. Or il n’y a pas d’Etat s’il n’y a pas d’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Il est donc très important de faire en sorte que le Liban, par sa propre initiative, rétablisse l’autorité de l’Etat et notamment que les milices n’aient plus cours. Il n’y a pas d’Etat avec des milices sur une partie de son territoire. En revanche, s’agissant du Hezbollah –qui représente beaucoup au Liban-, il a une vocation légitime à être un parti politique associé normalement à la vie politique et démocratique du Liban. Je le souhaite et c’est un peu l’orientation qui est prise en ce moment

Désarmer le Hezbollah ?

Ce qui est essentiel c’est que ce désarmement soit fait au terme d’une discussion interne entre Libanais eux-mêmes, c’est à dire entre le gouvernement et le reste de la population du Liban. C’est un processus de politique interne. Ce n’est pas un processus imposé de l’extérieur et par la voie des armes.

Un élargissement supplémentaire de l’Europe ?

L’élargissement, il y a le principe et la pratique. Le principe, c’est que l’élargissement est, par définition, souhaitable parce que l’élargissement c’est l’enracinement de la paix et de la démocratie. Et la paix et la démocratie n’ont pas de frontières. Nous devons avoir tout naturellement l’ambition de développer la paix et la démocratie partout. Donc, théoriquement, l’élargissement est souhaitable. Et puis, il y a la pratique. La pratique, c’est que l’on ne peut pas s’organiser à beaucoup sans qu’il n’y ait des conséquences. […] Il faut un vrai débat sur l’élargissement au sein de l’Union européenne et il faut, pour ce qui concerne la France, qu’elle reste maîtresse de sa décision par la voie du référendum pour tout élargissement nouveau.

L’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l’Union européenne

La Roumanie, comme la Bulgarie, ont fait des efforts considérables pour adopter l’acquis communautaire, c'est-à-dire nos règles de vie, et ça ne se fait pas instantanément. Alors, comme dans les élargissements précédents, la Commission, à juste titre, a remarqué qu’il y avait des faiblesses dans leur dispositif et, que, par conséquent, elle disait : oui, mais. Oui à l’entrée, mais vous devez impérativement corriger un certain nombre de faiblesses notamment dans le domaine agricole, dans le domaine financier, dans le domaine de la corruption, dans quelques domaines de cette nature.

Etes-vous afro-optimiste ?

L’Afrique c’est aujourd’hui 900 millions d’habitants mais […] ce sera 1,8 milliard d'habitants en 2050. […] Nous avons une Afrique où la population augmente considérablement et où les conditions de vie se dégradent sur le plan climatique. […] L’Afrique aura cette année entre 5 et 6 % de croissance de son PIB mais ce n’est pas suffisant pour assumer l’augmentation de la population, par conséquent, il n’y a pas 36 solutions. Les gens ne quittent pas leur village, leur pays, leur terre par goût. Ils le quittent par nécessité. Il n’y a pas d’autre solution qu’une augmentation importante de l’aide publique au développement si l’on veut faire évoluer normalement l’Afrique. [..] On considère qu’il faut, en gros, 100 milliards de dollars de plus par an pour l’aide publique au développement si l’on veut éviter les drames que l’on peut envisager. Cette aide, nous ne la sortirons pas des budgets des Etats. Ce n’est pas la peine d’y penser.[…] Il faut d’autres financements. [..] Ce que je veux, c’est que l’on mette en place des financements qui permettent de prendre une petite partie de l’augmentation annuelle de la richesse mondiale et de l’augmentation annuelle du commerce international pour le distraire au profit de l’aide au développement.

La situation politique en Côte d’Ivoire

Je pense qu’il n’y a pas d’autre solution qu’une prise en main de cette situation par les Africains. Quand je dis Africains, cela veut dire l’Union africaine et notamment la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), c'est-à-dire les gens de la région. Ce n’est pas à des étrangers d’imposer leur point de vue.

Renforcer les pouvoirs du premier ministre ivoirien ?

On ne peut pas avoir un gouvernement qui n’a pas d’autorité. Et donc, je considère que M. Konan Banny est un homme de sagesse qui n’est pas impliqué dans la défense d’intérêts particuliers en Côte d’Ivoire, qui incarne donc l’intérêt général. Je serai, pour ma part, tout à fait favorable à ce qu’une disposition constitutionnelle lui permette d’avoir les pouvoirs les plus larges possibles.

La situation au Darfour

On peut considérer que nous sommes à la veille d’une nouvelle crise humanitaire grave, très grave et qui ne manquera pas, à juste titre, d’émouvoir le monde entier. […] Je ne crois pas qu’il faut agir dans cette affaire en menaçant. Je crois qu’il faut convaincre. Et je pense qu’il faut faire prendre conscience aux pays arabes qui ont été tentés de soutenir la position du président Béchir qu’il ya des conséquences et qu’il faut tout faire pour trouver une solution politique qui permette en clair au président soudanais d’accepter les troupes de l’ONU. Il n’y a pas d’alternative à cela.



Article publié le 28/09/2006 Dernière mise à jour le 28/09/2006 à 20:21 TU

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