Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

XIe Sommet de la Francophonie

Désaccord sur le Liban

Le président roumain,Traian Basescu, et le président Jacques Chirac, lors de la conférence de presse finale du XIe Sommet de la Francophonie. 

		(Photo : Valérie Gas/RFI)
Le président roumain,Traian Basescu, et le président Jacques Chirac, lors de la conférence de presse finale du XIe Sommet de la Francophonie.
(Photo : Valérie Gas/RFI)
De la préparation à la conclusion, le Liban aura perturbé le déroulement du Sommet de la Francophonie à Bucarest. La Roumanie ayant décidé d’inviter Fouad Siniora, le Premier ministre, et pas Emile Lahoud, le président libanais, une polémique s’était engagée depuis plusieurs semaines. Emile Lahoud a même accusé le président roumain d’avoir agi sous la pression de son homologue français, Jacques Chirac, pour le mettre au ban de la Francophonie. On croyait que la venue du ministre de la Culture, Tarek Mitri, à Bucarest jeudi, allait contribuer à dédramatiser la situation. Au bout du compte, il n’en a rien été. La rédaction de l’article consacré à ce pays dans la déclaration finale du Sommet a provoqué un désaccord qui a bloqué la diffusion du texte.

De notre envoyée spéciale à Bucarest

De gauche à droite : Le Premier ministre québécois, Jean Charest; le Premier ministre canadien, Stephen Harper; le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf; le président roumain,Traian Basescu et le président Jacques Chirac, lors de la conférence de presse finale du XIe Sommet de la Francophonie. 

		(Photo : Valérie Gas/RFI)
De gauche à droite : Le Premier ministre québécois, Jean Charest; le Premier ministre canadien, Stephen Harper; le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf; le président roumain,Traian Basescu et le président Jacques Chirac, lors de la conférence de presse finale du XIe Sommet de la Francophonie.
(Photo : Valérie Gas/RFI)

Inédit à la Francophonie. Le président Chirac a quitté le Sommet pour se rendre en Arménie où il doit effectuer une visite officielle, sans qu’un accord sur la déclaration finale ait été trouvé. Il est vrai que les débats organisés durant la dernière matinée ont été bien plus longs que prévu. Le huis clos durant lequel les chefs de délégation se retrouvent en comité restreint pour discuter des derniers points politiques du texte s’est prolongé au-delà des deux heures qui lui étaient attribuées. Mais surtout, la séance plénière qui devait être une simple formalité ne s’est pas déroulée selon les prévisions. Certes, Abdou Diouf a été réélu secrétaire général de la Francophonie pour les quatre prochaines années. Mais la déclaration n’a pas été finalisée.

Un désaccord important est apparu autour de la rédaction de l’article sur la crise libanaise. Un amendement proposé par l’Egypte à la demande du Liban qui évoquait «la tragédie dont a été victime la population» du pays et appelait «à la cessation totale des hostilités et au retour au calme» a été à l’origine d’une très ferme opposition de la part du Canada. Un débat s’est engagé entre les représentants des Etats membres de la Francophonie. L’Egypte bénéficiait, semble-t-il, du soutien d’une majorité de participants, dont la France. Mais le Canada a fait valoir que ce texte ne reconnaissait pas l’existence de victimes civiles du côté israélien, a expliqué Stephen Harper, le Premier ministre. Au-delà de ce point, il semble que la terminologie de «guerre subie par le Liban» posait aussi un problème qui ne se situait pas seulement au niveau de la forme.

L’ambiguïté roumaine

Face au blocage des négociations entre les partenaires francophones, la présidence roumaine a préféré suspendre la séance plutôt que de demander un vote qui aurait mis en minorité le Canada, mais aurait tout de même pu aboutir à l’adoption du texte en raison de l’utilisation de la règle de la majorité des neuf dixièmes. Durant l’interruption, la conférence de presse finale a eu lieu en présence des présidents Basescu, Chirac, du secrétaire générale de la Francophonie Abdou Diouf, puis finalement après un certain délai de Stephen Harper et de Jean Charest, le Premier ministre du Québec.

Le Sommet de Bucarest aura donc connu un épilogue mouvementé puisqu’il a fallu attendre une nouvelle séance de travail des délégués pour réussir à trouver un texte de consensus sur la question libanaise. Au final, la déclaration des Bucarest stipule : «En déplorant la tragédie au Liban et les conséquences dramatiques pour l’ensemble des populations civiles, nous appelons à une cessation totale des hostilités et au retour au calme au Liban». Tout en restant assez forte, la rédaction de cet article a néanmoins été reprise en tenant compte des observations des Canadiens.

Cet épisode un peu mouvementé a aussi montré la position particulière de la Roumanie, hôte du Sommet de la Francophonie, mais néanmoins atlantiste, qui n’a pas voulu faire passer un texte contre le Canada. Quitte à provoquer quelques mécontentements du côté des certains de ses partenaires francophones et à mettre le président Chirac dans la situation de quitter le sommet avant l’entente. Un point peut être interprété positivement pour l’Organisation internationale de la Francophonie : l’existence d’une telle négociation entre les Etats membres de la communauté sur une question aussi sensible que le Liban montre que l’enjeu d’une déclaration finale d’un Sommet francophone n’est peut-être pas négligeable.

par Valérie  Gas

Article publié le 29/09/2006 Dernière mise à jour le 29/09/2006 à 17:02 TU

Dossiers

XIe sommet de la Francophonie