Nucléaire iranien
Réunion décisive à Londres
(Photo : AFP)
Dans l’entourage de Condoleezza Rice, on est optimiste. Selon un haut responsable américain ayant accompagné la secrétaire d’Etat dans la tournée proche-orientale qu’elle achevait vendredi, les six grandes puissances (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) s’acheminent vers des sanctions contre l’Iran.
Il estime que leur réunion, vendredi soir à Londres, devrait déboucher sur un accord : « Ce à quoi nous nous attendons à l’issue de cette rencontre, a-t-il confié à l’agence Reuters, c’est la décision politique de faire le prochain pas dans le domaine diplomatique, c’est-à-dire une résolution sur des sanctions ». Et d’ajouter que la formulation précise de ce texte devrait être mise au point dans les prochains jours.
« Le temps presse »
Ce calendrier, qui reflète la volonté américaine de renforcer la pression sur la République islamique, semble toutefois un peu trop bien réglé. Certes, Téhéran ne cesse de refuser de se plier aux exigences onusiennes, réitérant régulièrement son refus de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium, processus pouvant conduire à l’élaboration de l’arme nucléaire.
Certes, les Occidentaux font montre, depuis de nombreux mois, d’une patience qui confine à l’indécision, multipliant les ultimatums, les rapports de l’Agence de l’énergie atomique (AIEA), les réunions infructueuses, les menaces restées lettre morte et les déclarations d’intention. Au point que Condoleezza Rice a prévenu mardi, au Caire, que « le temps presse pour la communauté internationale » si elle ne veut pas perdre sa crédibilité sur le dossier nucléaire iranien.
Certes encore, le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, que le groupe des six a mandaté pour négocier avec Téhéran, a quelque peu raffermi sa position en estimant lui aussi, vendredi, que « le temps est venu », pour les grandes puissances, de décider si elles saisissent le Conseil de sécurité de l’Onu.
« Mesures extrêmes »
Ces signes de durcissement général ne doivent pas conduire à oublier l’opposition des deux poids lourds du Conseil de sécurité que sont la Chine et la Russie. Pékin, qui a grand besoin du pétrole iranien pour nourrir sa forte croissance et Moscou, qui construit la centrale iranienne de Busher, restent très réticentes au principe de sanctionner le régime iranien.
Ainsi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné jeudi que son pays considérait toujours les sanctions comme des « mesures extrêmes ». Vendredi, quelques heures avant de prendre l’avion pour Londres, il a réitéré sa position en déclarant qu’il existait encore « des possibilités pour un règlement du problème nucléaire iranien ».
Allant plus loin, le chef de la diplomatie russe a fustigé le vote, samedi, par le Congrès américain, d’une loi prévoyant des mesures de rétorsion contre les pays collaborant au programme nucléaire iranien. Selon Sergueï Lavrov, cette décision « unilatérale complique le travail collectif des six grandes puissances ».par Philippe Quillerier
Article publié le 06/10/2006 Dernière mise à jour le 06/10/2006 à 15:57 TU