Nations unies
Ban Ki-moon remplace Kofi Annan
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Séoul
C’est par acclamation, selon la procédure des Nations unies, que Ban Ki-moon a été élu par l’Assemblée générale de l’Onu. Depuis lundi dernier et la recommandation du Conseil de sécurité, l’élection du ministre sud-coréen des Affaires étrangères était acquise. Lors de la cérémonie, Kofi Annan a souligné les qualités de l’élu, «un homme remarquablement attentif aux sensibilités des pays et des peuples de tous les continents, un homme doué d'une vision réellement mondiale». L’actuel secrétaire général de l’Onu en a profité pour ironiser sur le poste, citant l’un de ses prédécesseurs : «Vous allez assumer la tâche la plus ingrate du monde - a déclaré Kofi Annan, avant d’ajouter - mais je dirais que c'est aussi le meilleur métier du monde».
En Corée du Sud, Ban Ki-moon jouit d’une réputation excellente. C’est un homme discret sans être effacé, courtois, compétent et qui, contrairement à la très grande majorité des hommes politiques coréens, n’a été éclaboussé par aucun scandale. Son curriculum vitae semble avoir été taillé sur mesure pour qu’il devienne un jour secrétaire général des Nations unies. Diplômé de la plus prestigieuse université de Corée en 1970, l’Université nationale de Séoul, il décroche ensuite une maîtrise en administration publique à l’école de gouvernement John Kennedy, de l’Université américaine de Harvard. Il parle parfaitement l’anglais et un peu le français que, depuis quelques semaines et dans la perspective de son nouvel emploi, il s’est mis à travailler de nouveau.
Il connaît bien les Nations unies
Agé de 62 ans, dont 32 passés au service de l’État coréen, ce diplomate de carrière connaît très bien les Nations unies pour y avoir représenté son pays à plusieurs reprises. Avant même que la Corée du Sud ne soit admise dans l’organisation mondiale, Ban Ki-moon passe plusieurs années à New York en tant que secrétaire de la mission permanente d’observation à l’Onu. Nommé ambassadeur en Autriche en 1996, il retourne à l’Onu en 2001, 10 ans après l’adhésion de son pays à l’organisation internationale. Il est alors le chef de cabinet du président - Coréen - de l’Assemblée générale. Depuis début 2004, il exerce les fonctions de ministre des Affaires étrangères et du commerce de la Corée du Sud. Une longévité exceptionnelle à ce poste sensible. Depuis presque deux ans, il doit manœuvrer entre la droite nationaliste de son pays et au niveau régional, l’amélioration des relations avec la Corée du Nord, la Chine et le Japon au niveau régional. Et, bien sûr, avec les grands acteurs internationaux, États-Unis et Europe en tête.
L’arrivée du Sud-Coréen coïncide avec le dossier le plus chaud de la diplomatie internationale : la Corée du Nord. Ca n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si Pyongyang a choisi la date du lundi 9 octobre pour annoncer le premier test nucléaire nord-coréen. C’était précisément la date de la recommandation, à la quasi-unanimité, de Ban Ki-moon par le Conseil de sécurité. C’était aussi le jour du passage à Séoul de Shinzo Abe, le nouveau Premier ministre japonais. La Corée du Nord a pour habitude de choisir des dates clefs pour ses provocations. En juillet dernier, pour les tirs de missiles balistiques qui avaient déjà provoqué un tollé général, Pyongyang avait choisi le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine.
Ban Ki-moon connaît sur le bout des doigts le dossier nord-coréen et il en a fait, a-t-il déclaré, sa priorité numéro 1 en tant que nouveau secrétaire général. Une compétence et une expérience qui rassurent au niveau international, tant la Corée du Nord reste une énigme pour la plupart des pays qui ont à traiter avec elle. Le partage d’une langue et d’une culture communes laisse aussi espérer une meilleure compréhension des processus de négociation tortueux du leader nord-coréen Kim Jong-il.
En plus de la Corée du Nord, Ban Ki-moon sera confronté, au cours de son mandat, à d’autres dossiers importants et notamment à la réforme et la revitalisation de l’Onu. Il s’agira aussi de redonner une certaine crédibilité à l’institution, ébranlée par plusieurs scandales de corruption. Dans sa tâche, Ban Ki-moon peut compter sur l’appui et le soutien de tous les sud-Coréens, excessivement fiers de voir l’un des leurs accéder à un poste aussi prestigieux.
par Thomas Ollivier
Article publié le 14/10/2006 Dernière mise à jour le 14/10/2006 à 17:22 TU