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Malawi

Un bébé africain pour la pop star Madonna

La chanteuse américaine Madonna souhaite un frère africain à ses deux enfants biologiques, Lourdes et Rocco. 

		(Photo: AFP)
La chanteuse américaine Madonna souhaite un frère africain à ses deux enfants biologiques, Lourdes et Rocco.
(Photo: AFP)
L’icône américaine de la musique pop, Madonna, a obtenu jeudi dernier de la justice malawite une autorisation temporaire d’adoption pour un jeune garçon âgé de 13 mois. Mais ce lundi, des associations locales ont engagé une action en justice, soulignant qu’il ne s’agissait pas «de la vente d’un bien immobilier».  Considérant qu'une adoption vise à «sauvegarder le futur d’un être humain qui, en raison de son âge, ne peut exprimer sa position» et s’appuyant sur des «arguments constitutionnels», le collectif a entamé une procédure judiciaire pour faire annuler la décision. De son côté, le quotidien britannique The Time suggère que la belle aventure humaniste de Madonna sent très fortement la charité busyness à usage personnel.

L’affaire concerne l’adoption d’un petit garçon malawite âgé de 13 mois, prénommé David, originaire du village de Ripunga, dans la région de Mchinji (centre), orphelin de mère et placé en foyer par un père démuni. La riche, célèbre et sulfureuse chanteuse américaine, Louise Ciccone, alias Madonna, mère biologique de deux enfants, a choisi l'enfant sur photos après avoir déclaré, à 48 ans, se sentir «concernée par les enfants du monde entier».

La chanteuse affirme que ce nouvel investissement personnel relève d’une prise de conscience à laquelle l’a conduit l’étude de la Kabbale, une tradition mystique issue du judaïsme, dont «l’un des principaux préceptes est d’aider les gens, où que l’on soit sur terre». Dans sa seule dernière tournée mondiale, l’interprète de Material woman a engrangé, environ 155, 3 millions de dollars, en 60 concerts, souligne The Time. Elle a annoncé son intention de reverser trois millions de dollars pour les orphelins du Malawi.

Vendredi, Madonna a quitté le pays où elle séjournait depuis le 4 octobre à bord d’un jet privé. La veille, elle avait obtenu l’autorisation d’adopter David. La star est repartie sans l'enfant et en laissant deux adresses «une à Londres, une à Los Angeles» pour permettre aux autorités gouvernementales de finaliser la procédure dans un délai de 18 mois. Son avocat, Alan Chinula, a affirmé que «la décision temporaire l’autorisait à voyager avec le bébé où qu’elle aille». Mais, d’après le droit constitutionnel en vigueur dans le pays, «une personne qui ne réside pas au Malawi ne peut pas adopter un enfant», a répliqué Justin Dzodzi, président du comité consultatif des droits de l’homme qui regroupe quelque 76 organisations malawites. Ce comité s’est entendu, le 15 octobre à Blantyre, sur le principe d’une action en justice devant un tribunal de la capitale administrative, Lilongwe, pour faire annuler cette autorisation. Selon Justin Dzodzi,  «Madonna doit simplement vivre au Malawi, si elle veut adopter un enfant, ou alors elle peut lui apporter un soutien, avant de l’adopter».

Tous les filons sont-ils bons pour que Madonna, qui jusqu’alors n’avait jamais posé le pied sur le sol africain,  fasse parler d’elle ? C’est ce que laisse entendre l’article du Time qui souligne par ailleurs que le Malawi, petit pays de l’ Afrique australe, est l’un des pays les plus pauvres du monde qui meurt en silence de sida (14% de la population est touchée), de paludisme et de sécheresse. Le Malawi compte chaque année un million d’orphelins supplémentaires sur treize millions d’individus que compte le pays. Les sommes promises par Madonna devraient être affectées à des programmes visant à «nourrir et à instruire les enfants». Bien qu'elle se défende de tout  prosélytisme confessionnel, la star est co-fondatrice avec Michael Berg (lui-même à la tête du Centre de la Kabbale à Los Angeles) de l’organisation Raising Malawi (le «Malawi qui monte»). Les programmes qu'elle soutient au Malawi s'inscrivent dans cette mouvance, sous l'intitulé Spirituality for kids et Kabbalah’s children’s program.

Lubie et arrogance

Guy Ritchie, l’époux de la star, aurait été un temps en profond désaccord avec ce projet d’adoption d'après le quotidien britannique The Sun. Il aurait émis des réserves sur le «manque de réflexion sur ce qu’implique une adoption». Un ami de la famille aurait même confié au journal anglais que cette dernière avait «très peur que Madonna ne veuille un bébé africain que pour faire comme d'autres célébrités, comme Angelina Jolie». De fait, les dons aux pays pauvres et la création d’organisations caritatives par des personnalités issues du star system sont plus que jamais d’actualité. Dans les années 70, l’actrice Mia Farrow, mère de 14 enfants dont 10 ont été adoptés à l’étranger en Corée, au Vietnam et en Inde, avait été la première à donner le «la». L’Américaine Meg Ryan est également mère adoptive d’une petite Chinoise. L’acteur écossais dans Star wars, Ewan McGregor a donné une petite sœur adoptive à ses deux enfants biologiques. Plus récemment George Clooney a fait campagne pour les victimes de la violence au Darfour (Soudan). Angelina Jolie, mère adoptive de deux enfants l’un cambodgien et l’autre éthiopien, vient de donner naissance en Namibie à un bébé dont Brad Pitt est le père. Ensemble, ils ont récemment annoncé qu’ils offriraient un million de dollars à deux organisations humanitaires engagées sur le continent.

L’organisation caritative Action Aid UK s’est félicitée, à Londres, du fait que l’adoption du petit David ait «souligné le problème d’un demi-million d’enfants rendus orphelins par le sida au Malawi». Plan UK, une autre organisation caritative a souligné qu’il n’y avait «pas assez de pop stars pour adopter tous les orphelins du Malawi». Quant au père de David, «J’ai demandé si cela voulait dire que je ne le reverrai plus, a-t-il déclaré, je déteste le voir partir, mais j’ai accepté cette perte. Les gens du gouvernement m’ont dit que ce serait une bonne chose pour lui et pour le pays. Qu’il reviendra éduqué et qu’il pourra nous aider, ce qui sera une bonne chose». A Londres, un parlementaire écossais, Michael Matheson, a dénoncé quant à lui la «dernière lubie d’Hollywood pour adopter des enfants de pays en développement» et «l’arrogance des Occidentaux qui pensent donner leur chance à des pays africains en les adoptant».



par Dominique  Raizon

Article publié le 16/10/2006 Dernière mise à jour le 16/10/2006 à 18:38 TU