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Gabon/Guinée-équatoriale

Des îlots convoités

Depuis plus de trente ans, la Guinée équatoriale et le Gabon se disputent l'îlot de Mbanié. 

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Depuis plus de trente ans, la Guinée équatoriale et le Gabon se disputent l'îlot de Mbanié.
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La presse privée gabonaise a relancé le débat de la souveraineté sur l’île de Mbanié au large de la Guinée équatoriale et du Gabon. Le litige est apparu peu après l’accession de la Guinée équatoriale à l’indépendance en 1968. En 1972, une intervention de feu Mobutu Sese Seko, président du Zaïre, (actuel République démocratique du Congo), avait mis un terme à une vive tension entre les deux pays. Ces derniers avaient manifesté la volonté de s’en remettre à une instance internationale pour résoudre le litige. Mais aucune suite n’a été donnée aux lettres d’intention sur le sujet aujourd’hui relancé par la presse privée.

A la mi-septembre certains journaux gabonais avaient accusé le ministre de l’Intérieur du Gabon, André Mba Obame, «de tenter de convaincre le président la République, Omar Bongo, de vendre l’île de Mbanié à la Guinée équatoriale». Ces affirmations ont été démenties par le Premier ministre Jean Eyéghé Ndong qui a déclaré que «le président de la République ne saurait brader une parcelle du territoire national». Le Premier ministre gabonais a par ailleurs estimé que «la polémique risquait d’affaiblir le pays dans les négociations». En effet, les révélations faites dans la presse privée ont très rapidement pris des allures de règlement de compte politique entre patrons de presse.

Il n’a pas échappé au Conseil des ministres que la plupart des journaux privés appartiennent ou sont financés par des ministres. Alors, le Conseil des ministres gabonais dans un communiqué daté du 13 octobre, a demandé aux ministres de l’Intérieur et de la Communication «de prendre toutes les dispositions nécessaires, pour que conformément à la loi, des membres du gouvernement et d’autres hautes institutions de la République ne soient plus, à compter d’aujourd’hui, propriétaires ou sponsors de journaux».

«Île aux rats» ou île de l’or noir ?

Le gouvernement gabonais a d’abord voulu calmer les dissensions internes avant d’aborder le débat de fond sur la souveraineté sur l’île de Mbanié, 30 hectares, qui fait partie d’un petit archipel composé des îles de Conga, 20 kilomètres carrés et de Corisco qualifié de «petit caillou» au vu de sa très petite superficie. Pour les autorités équato-guinéennes ces trois îlots n’appartiennent pas au Gabon. Elles se réfèrent à l’histoire coloniale pour rappeler que ces îlots appartenaient à l’Espagne qui administrait également la Guinée équatoriale. Mais il faut dire qu’en 1900, les deux puissances coloniales, l’Espagne (en Guinée équatoriale) et la France (au Gabon) n’avaient pu se mettre d’accord sur l’affectation du petit archipel. Au large des deux pays, ces îlots abandonnés aux rats, (Mbanié était appelé île aux rats) et aux crabes géants ne présentaient aucun intérêt.

Les convoitises sur ces îles se sont précisées dès la fin des années 70, depuis qu’on sait que  cette partie du golfe de Guinée regorge d’hydrocarbures. Dans le cadre de la relance des discussions, une rencontre était prévue à Genève (Suisse) du 2 au 4 octobre, entre le président du Gabon, Omar Bongo et son homologue équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema. Elle a été reportée à une date ultérieure. Pour Teodoro Obiang Nguema «Mbanié appartient à la Guinée équatoriale, c’est incontestable, il en a toujours été ainsi». Il affiche également sa confiance dans les instances de l’ONU «pour régler le problème». Les cas échéant, il n’exclut pas de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice de La Haye.

par Didier  Samson

Article publié le 23/10/2006 Dernière mise à jour le 23/10/2006 à 18:46 TU