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Niger-Tchad

Niamey renonce à expulser les Arabes Mahamides

Des milliers d’Arabes Mahamides sont installés depuis des générations dans la région de Diffa. 

		(Carte : RFI)
Des milliers d’Arabes Mahamides sont installés depuis des générations dans la région de Diffa.
(Carte : RFI)
Le conseil des ministres réuni vendredi à Niamey a décidé d’annuler l’ordre d’expulsion de dizaines de milliers d’Arabes Mahamides vers le Tchad. Des opérations étaient en cours depuis plusieurs jours, près de la frontière, en vue du transfert de centaines de familles vers le pays voisin. La décision du gouvernement nigérien, annoncée mercredi, avait provoqué une vive émotion dans le pays et à l’échelle régionale. Selon les autorités tchadiennes, cette population nomade, évaluée à plusieurs dizaines de milliers de personnes qui habitent la zone de Diffa, va disposer d’un statut spécial de transhumants et devra être installée dans le nord du pays.

Le gouvernement nigérien a donc fait machine arrière en annulant des mesures d’expulsion qui soulevaient des vagues de protestations, notamment auprès de la communauté arabe vivant dans le pays depuis des générations. Interrogé vendredi par RFI, Mohamed Ben Omar, le porte-parole du gouvernement de Niamey, a déclaré que cette population ne sera pas renvoyée au Tchad, mais sera «éparpillée sur la zone nord du Niger». Le conseil de ministres a ainsi décidé de créer une commission ad hoc qui va être chargée notamment d’engager des pourparlers avec les Mahamides.

Mohamed Ben Omar

Porte-parole du gouvernement Nigérien

«La structure ad hoc qui a été mise en place composée de comités interministériels (ministère des ressources animales, de l'hydraulique et de l'environnement, de l'Intérieur) va réfléchir et proposer d'ici un mois des solutions définitives.»

Le gouvernement de Niamey avait annoncé mercredi que la communauté arabe installée dans l’extrême sud-est du pays allait être expulsée vers le Tchad, car des incidents s’étaient produits dans la région de Diffa entre les Mahamides et les populations locales. Celles-ci avaient notamment protesté contre l’impact des dromadaires appartenant aux Arabes sur l’écosystème dans cette province presque désertique, entraînant notamment «une dégradation des points d’eau».

Cette population mahamide a été évaluée à des dizaines de milliers de personnes, plus de 100 000 selon plusieurs sources qui ont inclus dans leur calcul les Arabes nomades venus du Tchad depuis des décennies, fuyant les famines et les conflits dans le pays voisin. Le gouvernement nigérien a souligné jeudi que les expulsions allaient être limitées à 4 000 personnes, ne concernant que «ceux qui n’avaient pas leurs papiers en règle».

L’opération d’expulsion avait commencé il y a une semaine

Pourtant le processus d’expulsion de ces populations nomades était en cours depuis une semaine environ ce qui a provoqué des vives réactions dans le pays et à l’étranger. Une délégation de l’Association nationale de défense des droits de l’homme (ANDDH) s’est rendue jeudi dans la périphérie de N’Guigmi, près de la frontière tchadienne, pour observer l’évacuation de ces Arabes nomades. Dans un entretien avec RFI, Ali Bossoma, président régional de l’ANDDH, a souligné que 60 familles ont été obligées de parcourir une centaine de kilomètres sous escorte militaire. Le chef de cette communauté avait été obligé de partir, malgré sa carte d’identité nigérienne.

Le gouvernement tchadien avait demandé mercredi au «pays frère» de ne pas procéder aux expulsions prévues. Les députés arabes du Parlement nigérien avaient lancé des appels dans ce sens au président Mamadou Tanja, ainsi qu’aux Nations unies et à l’Union africaine, soulignant les risques de violence que ses mesures d’expulsion pouvaient entraîner. Dans une première réaction, vendredi, le député arabe Sileyim Ben Hameda, élu de la région de Diffa, a remercié le gouvernement nigérien d’avoir annulé cette décision «afin d’éviter des problèmes entre communautés, problèmes qui n’existent d’ailleurs pas». 

La région de Diffa fait frontière avec l’Etat nigérian du Borno et avec le lac Tchad. Il s’agit d’un zone très déshéritée, où se produisent des conflits entre Arabes, Peuls et Toubous vu la rareté des points d’eau.



par Antonio  Garcia

Article publié le 27/10/2006 Dernière mise à jour le 27/10/2006 à 18:23 TU