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Littérature

Le Goncourt à Jonathan Littell, le Renaudot à Alain Mabanckou.

Pas de surprise ce lundi chez Drouant. Le prix Goncourt est revenu à l’Américain Jonathan Littell. Sensation de la rentrée littéraire, son roman «Les bienveillantes» avait éclipsé tous les autres postulants. Plus difficile, l’attribution du Renaudot décerné de justesse, au dixième tour, au Franco-Congolais Alain Mabanckou pour «Mémoires de porc-épic». Littell et Mabanckou, deux écrivains francophones en haut de l’affiche.

Jonathan Littell lauréat du prix Goncourt 2006 pour son roman «Les Bienveillantes». 

		(Photo : AFP)
Jonathan Littell lauréat du prix Goncourt 2006 pour son roman «Les Bienveillantes».
(Photo : AFP)

Ce que ce prix Goncourt changera dans la vie de Jonathan Littell, nous ne le saurons pas. Le lauréat n’a pas tenu à s’exprimer sur le sujet, boudant le restaurant Drouant où les jurés du plus prestigieux des prix littéraires français annoncent le nom de l'heureux élu depuis maintenant plus d’un siècle. Silence qui paradoxalement en dit peut-être plus long que tout commentaire sur son peu de goût pour ce genre de récompense.

Un comble pour ce jeune auteur de 39 ans qui, le 26 octobre dernier, se voyait déjà remettre le grand prix de l’Académie française. Après les Immortels, les Goncourt n’ont, à leur tour, pas eu besoin de plus d’un tour de table pour couronner cet écrivain d’origine américaine. Son roman «Les Bienveillantes» a, il est vrai, dynamité la rentrée littéraire, Jonathan Littell ayant choisi de donner la parole à un bourreau. Ecrit à la première personne, «Les Bienveillantes» se veut le récit-confession d’un ancien officier SS. Une traversée de l’horreur nazie, de la tragédie de la Shoah que l’auteur décrit avec une précision et un réalisme sidérants voire dérangeants.

Pour Edmonde Charles-Roux, du jury Goncourt, «c’est un grand roman qui parle d’une tragédie mondiale. Jonathan Littell a eu le courage de s’y frotter». Françoise Chandernagor, elle, a tenu à saluer l’ambition d’un écrivain qui pour son premier roman nous livre «900 pages de l’ampleur d’une fresque à la Jérome Bosch». De quoi requinquer un chiffre des ventes déjà passablement enviable. Plus de 250 000 exemplaires écoulés. Un record généralement atteint après l’attribution du Goncourt. Autant dire que l’avenir des «Bienveillantes» s’annonce sous les meilleurs auspices.

Deux écrivains venus de loin

Alain Mabanckou lauréat du prix Renaudot 2006 pour son roman «Memoires de porc-epic.» 

		(Photo : AFP)
Alain Mabanckou lauréat du prix Renaudot 2006 pour son roman «Memoires de porc-epic.»
(Photo : AFP)

Unanimité d’un côté, suspense de l’autre. Dix tours de table chez les jurés du Renaudot : Alain Mabanckou l’a échappé belle. Un prix- rattrapage, un an après avoir raté de justesse ce même prix Renaudot ? Qu’importe, l’auteur des «Mémoires de porc-épic» savoure son bonheur : «Je ne l’attendais pas, c’est une bénédiction».

Une bénédiction peut-être, mais un encouragement sûrement pour cet écrivain de 40 ans, congolais de naissance, francophone de nature et américain d’adoption puisqu’il vit aux Etats-Unis où il enseigne la littérature francophone. Alain Mabanckou a d’ailleurs rappelé que ses romans cherchaient justement à «consigner la richesse des cultures» avant de conclure que cette année, les jury Goncourt et Renaudot avaient «couronné la langue française, à travers deux écrivains venus de loin». Une fois n’est pas coutume.



par Elisabeth  Bouvet

Article publié le 06/11/2006 Dernière mise à jour le 06/11/2006 à 16:32 TU