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Etats-Unis

Le nouveau Moyen-Orient de George Bush

Officiellement, le discours se veut ferme, mais le changement de cap de la politique de l’administration Bush semble se préciser. Forcé de tirer les leçons de la débâcle des républicains aux élections parlementaires, le président américain serait prêt à revoir sa stratégie de l’«axe du mal». Son fidèle allié, le Premier ministre britannique, Tony Blair, prône une stratégie «globale» au Moyen-Orient, suggérant un «nouveau partenariat» avec la Syrie et l’Iran.

Le président américain George Bush, le 11 novembre 2006. 

		(Photo: AFP)
Le président américain George Bush, le 11 novembre 2006.
(Photo: AFP)

Lundi, le président Bush a reçu à la Maison Blanche le groupe d’études sur l’Irak. Créé en mars dernier par le Congrès et présidé par l’influent sénateur républicain et ancien secrétaire d’Etat, James Baker, ce groupe a pour mission de fournir une évaluation «réaliste et franche» de la situation en Irak pour aider à formuler la politique américaine dans ce pays. Après la sanction des urnes, pour cause d'Irak, justement, le président Bush se devait de le rencontrer.

Les électeurs américains viennent de faire savoir qu'ils souhaitent un changement de cap politique au Moyen-Orient. La démission du secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, a constitué la première réponse de George Bush. Sa consultation du groupe d’études sur l’Irak est un autre pas dans la même direction. En effet, nul ne doute qu'il va par la suite se réclamer d'une quelconque nouvelle analyse de ce groupe de réflexion. Or, invoquer une étude sénatoriale peut être pour lui un excellent  moyen de sauver la face et de justifier un changement de la politique américaine au Moyen-Orient. Reste à connaître la profondeur de cet éventuel revirement.

Les propositions de ce fameux groupe d’études sur l’Irak devraient être connues à la fin de l’année ou au tout début de l’année prochaine. Elles pourraient aller jusqu'à un retrait des troupes américaines de l’Irak et la reprise d’un dialogue avec la Syrie et l’Iran. Si ces propositions étaient retenues, il s'agirait alors d'un retournement complet de la politique étrangère de l’administration Bush.

La donne a changé

Dans son discours sur l’état de l’Union, en janvier 2002, le président Bush avait utilisé pour la première fois l’expression «axe du mal» dans lequel il incluait l’Iran et  l'Irak. Depuis lors, George Bush n'a pas cessé d’utiliser ce concept pour justifier sa guerre en Irak aux yeux du monde. Mais au fil du temps, la donne a changé. La présence militaire américaine n'a pas apporté la sécurité promise à l'Irak, un bourbier pour l’administration Bush.

Aujourd'hui, George Bush continue d'afficher une certaine fermeté, écartant pour le moment la perspective de discussions directes avec l'Iran et la Syrie, ainsi qu'un calendrier contraignant de retrait des troupes américaines d’Irak. Il n' empêche que le président Bush s’est d'ores et déjà déclaré ouvert à toutes «nouvelles perspectives» concernant l’Irak. Pour sa part, James Baker, le patron du groupe d'études sur l'Irak, envisage déjà de trouver une autre voie entre l'intransigeance du gouvernement sur le maintien des troupes en Irak et celle des partisans «d’un retrait immédiat».

Par ailleurs, le choix de Robert Gates pour le poste de secrétaire d’Etat à la Défense en dit long sur le message que George Bush veut faire passer. En effet, Gates n'a quitté le groupe d’études sur l’Irak que pour assumer ses nouvelles fonctions au Pentagone. Robert Gates est partisan de l'ouverture de discussions entre les Etats-Unis, l’Iran et la Syrie. Les observateurs les plus avertis pensent, pour leur part, que la Maison Blanche est déjà prête à des discussions avec la Syrie. Ce week-end, la presse britannique prêtait les mêmes intentions à Tony Blair y compris en direction de l’Iran. Et cela, même si en paroles, il est plutôt resté sur la réserve.

Blair prône une stratégie «globale»

Tout en affirmant que Londres n’avait pas changé de politique, le Premier ministre britannique a toutefois prôné une stratégie «globale» pour le Moyen-Orient afin d'enrayer la violence en Irak. Il a mis au défi l’Iran et la Syrie de s'impliquer pour aider à stabiliser la situation en Irak, sous peine d'être isolés sur la scène internationale. Tony Blair a laissé entendre qu’un «nouveau partenariat» était possible avec Damas et Téhéran.

Le mois dernier, après la guerre lancée par Israël au Liban contre le Hezbollah, le Premier ministre britannique avait envoyé à Damas son principal conseiller en politique étrangère, Nigel Sheinwald, comme l’avaient fait d’autres dirigeants européens, notamment espagnol, allemand et italien. A Damas, le quotidien gouvernemental Tichrine écrivait ce mardi, que «la Syrie est prête au dialogue avec les Etats-Unis pour parvenir à la sécurité et à la stabilité (...) et tend la main avec sincérité en espérant comme toujours une réponse».

Alors qu'à Washington, la Maison Blanche indiquait mardi que «l’Iran doit jouer un rôle constructif dans la région, ne pas s'ingérer dans les affaires irakiennes et stopper ses activités d'enrichissement [de l'uranium], Téhéran a immédiatement répondu par la bouche du président Mahmoud Ahmadinejad qu'il était prêt à discuter avec les Etats-Unis à condition qu'ils changent d'attitude. En même temps, Ahmadinejad a réaffirmé son objectif de 60 000 centrifugeuses pour alimenter des centrales nucléaires civiles. Il a aussi  lancé une mise en garde aux démocrates qui viennent de remporter les élections: «S'ils veulent poursuivre la même politique, ils recevront une grande claque et leur avenir sera pire que celui de leurs prédécesseurs».



par Elisa  Drago

Article publié le 14/11/2006 Dernière mise à jour le 14/11/2006 à 17:28 TU