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France 2007

Une année en campagne (Août/septembre 2006)

Le blog des journalistes du service politique de RFI livre leurs regards sur la campagne pour l'élection présidentielle.

Vendredi 29 septembre

L’annonce faite à Vitrolles

(Photo :Florent Guignard/RFI)
(Photo :Florent Guignard/RFI)

«Il faut aimer la France, afin que les Français se retrouvent heureux en elle, avec un vrai désir d’avenir. C’est à cela que je vous invite. Tous ensemble. Volonté et courage ! En avant !» Derniers mots de Ségolène Royal dans la salle des fêtes de Vitrolles, près de Marseille. Elle vient d’annoncer ce soir sa candidature à l’investiture socialiste. Moment important dans la vie d’un homme ou d’une femme politique. Bien sûr, son entrée en course officielle n’est que l’épilogue d’un long et faux suspens, mais l’instant est grave, solennel, chargé d’un autre sens. Ségolène Royal bascule désormais dans une autre histoire. Une présidentielle. La sono envoie la musique, de longs riffs de guitares électriques. La salle en entier s’est levée, applaudissements à tout rompre. Le moment va durer cinq minutes. Ségolène Royal se tient seule, debout derrière son pupitre, immobile et presque figée. Son regard scrute cette foule qui, en elle, fonde tous ses espoirs de victoire. Et dans ce regard, petit à petit, à travers les écrans géants, se lit une forme d’émotion d’abord impalpable et finalement entière. Ségolène Royal a les larmes aux yeux.
Florent Guignard

DSK, candidat à domicile

Beaucoup de journalistes n'étaient jamais venus à Sarcelles avant vendredi. La ville se trouve à 20 km au nord de Paris, dans le département du Val d'Oise. Depuis la capitale vous pouvez venir en voiture, en train ou en choisissant le RER (Réseau express régional). Une ville de «banlieue»... un «laboratoire du changement !», a corrigé d'entrée Dominique Strauss-Kahn.

Ancien maire de la commune - il en est aujourd'hui le premier adjoint -, député de la circonscription, DSK a choisi sa ville de cœur, celle de tous ses combats militants depuis vingt ans, pour officialiser ce qui n'était plus qu'un secret de Polichinelle : oui, il sera candidat à l'investiture du Parti socialiste pour l'élection présidentielle.

DSK est le premier à rendre publique sa décision. Entouré de ses amis élus, faisant face aux caméras et aux micros, il s'est exprimé depuis l'Hôtel de Ville : «C'est d'ici que je pars, c'est d'ici que part cette candidature parce que je viens d'ici et c'est ce que j'ai appris ici que je veux être capable de porter au niveau national».

A son aise, sans notes, Dominique Strauss-Kahn a parlé durant un quart d'heure environ. Il s'est appuyé sur des exemples de la vie locale pour définir ce qui pourrait être son action à l'échelle du pays. Il faudra s'attacher, a-t-il dit, «à ce qui concerne la vie de chacun d'entre nous». Une candidature de proximité, citoyenne...

DSK le social démocrate, ancien ministre de l'Economie du gouvernement Jospin a parlé «d'un combat qui n’est pas gagné d'avance», «j'ai besoin de vous pour ça», a-t-il lâché.

Les sondages et les enquêtes d'opinion le placent loin derrière Ségolène Royal, mais devant Jack Lang et Laurent Fabius. DSK pense que le temps jouera pour lui. Il lui reste un mois et demi pour convaincre les militants socialistes. Un sprint jusqu'au vote du 16 novembre. Son allocution terminée, Dominique Strauss-Kahn a reçu, des mains du maire de Sarcelles, François Pupponi, un gigantesque bouquet de roses. Il a ensuite porté à ses lèvres une coupe de champagne, souriant et confiant : «oubliez les sondages, ils se sont toujours trompés les sondages !»
Frédéric Suteau

Vidéo rectificatif

Contrairement à ce que nous pensions, Jean-Marie Le Pen n’est pas l’unique pionnier du vidéo-blog. Dans la course aux nouvelles technologies, Dominique Strauss-Kahn a quelques longueurs d’avance. L’ex-ministre de l’Industrie s’est attelé aux posts (les messages d’un blog) dès 2004. Il est aussi le premier à avoir expérimenté les vidéo-posts. Son équipe de campagne a même hésité à lancer son candidat à l’investiture socialiste pour la présidentielle par un message vidéo diffusé sur son site. Avant de se raviser et de choisir un canal plus classique avec le journal Ouest-France, premier quotidien régional de France. Plus terroir, ont dû penser les communicants de DSK. Laurent Fabius s’est aussi lancé dans le vidéo-post, avec un blog et un site personnel. Blog qui ressemble étrangement -typographie, mise en page - à celui de son rival et néanmoins camarade Dominique…

Mélange des comptes chez les Verts

(Photo : David Servenay/RFI)
(Photo : David Servenay/RFI)

Présentation, ce jeudi 28 septembre, du rapport 2005 des activités de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Chaque année, neuf magistrats et une trentaine de salariés contrôlent la transparence du fonctionnement de la vie politique française. Dans ce rapport, les neuf sages de la CNCCFP épinglent, discrètement, les (petits) abus des formations politiques. Exemple : lors du référendum sur la constitution européenne, les partis pouvaient obtenir jusqu’à 800 000 euros de remboursement de frais pour leur campagne. Or, seuls les Verts ont raté le carton plein. Ils n’ont eu droit qu’à 777 468 euros de remboursement, «parce que, précise François Longerot, le président de la Commission, nous avons été obligés de retrancher une partie des dépenses de leur compte». En fait, les écologistes ont tenté de faire prendre en charge le salaire du secrétaire national des Verts, Yann Wehrling, et de deux de ses collaborateurs par le compte de campagne. Refus poli mais ferme de la Commission, car la pratique est absolument interdite par la loi.

Maladresse ou bêtise ? Ni l’une ni l’autre, ajoutent les Sages, off the record, les Verts ont tout simplement des problèmes de trésorerie, à cause de leur échec aux dernières législatives de 2002 où ils avaient obtenu, au second tour, 677 933 voix et trois sièges de députés à l’Assemblée nationale. A raison d’1,5 euro la voix et 45 000 euros d’aide publique par député… faites le calcul !
David Servenay



Jeudi 28 septembre

Lionel Jospin marabouté ?

Ce fut la sortie d’avion la plus rapide de l’histoire. A peine le Boeing d’Air Sénégal a-t-il posé jeudi matin ses roues sur la piste d’atterrissage de l’aéroport d’Orly, que les journalistes allument leurs téléphones portables, consultent leurs messageries et leurs SMS. La nouvelle apprise juste avant le départ à Dakar est officiellement confirmée : Lionel Jospin ne sera pas candidat à l’investiture socialiste, il l’a dit sur RTL moins d’une heure auparavant.

L’avion n’est toujours pas arrivé à son terminal, et la moitié des passagers, soit 100% des journalistes français, sont déjà debout, malgré les appels répétés de l’hôtesse de l’air, prêts à dégainer micros, stylos et caméras pour obtenir une réaction de Ségolène Royal. C’est d’ailleurs elle qui sort la première de l’avion. S’ensuit une véritable course-poursuite à travers les longs couloirs de l’aérogare, sous les regards interloqués de quelques policiers et passagers en transit. Ségolène Royal est rattrapée par la troupe juste à l’entrée du salon VIP. Elle s’éclipse dans un sourire - un de plus. Deux minutes plus tard, Jean-Louis Bianco, son porte-parole, vient annoncer qu’elle ne parlera pas. Et lui non plus. «Vous en saurez plus dans la journée…»

De son voyage au Sénégal, Ségolène Royal ramène un boubou noir et la protection des esprits des ancêtres. 

		(Photo : Florent Guignard/RFI)
De son voyage au Sénégal, Ségolène Royal ramène un boubou noir et la protection des esprits des ancêtres.
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Alors, en attendant, on doit se contenter du seul commentaire auquel Ségolène Royal avait consenti quelques heures plus tôt à l’avant de l’avion, au moment du décollage à Dakar. La nouvelle était parvenue de Paris par des canaux encore non officiels : Lionel Jospin n’ira pas. Dans une indiscipline rare, les journalistes n’avaient toujours pas regagné leur siège alors que l’appareil roulait vers la piste de décollage. «Je m’étais préparée à toutes les éventualités», confia Ségolène Royal. Et quand on l’interrogea sur les raisons éventuelles qui avaient conduit Lionel Jospin à renoncer, elle répondit, sur le ton de la boutade : «Peut-être a-t-il été marabouté ? C’est peut-être le marabout de la tombe de Senghor ?!» C’était au premier jour de la visite à Dakar, séance de magie noire près de la sépulture du premier président du Sénégal : «Que les esprits de nos ancêtres la protègent, durant cette période difficile qui s’annonce, pour la campagne présidentielle en France…»


 

Florent Guignard

Club UMP

Vous êtes un particulier ? Plutôt aisé et avec des idées proches de celles des partis de droite ? Mais vous ne voulez pas adhérer à une formation politique ? Et bien entrez dans le Club UMP ! Ils sont «quelques centaines», d’après le trésorier de l’Union pour un mouvement populaire, à faire partie de ce club informel. De riches particuliers, «cadres supérieurs» en général, qui ont fait un don de plus de 3 000 euros. Cette niche de sympathisants est «accompagnée», exactement comme les clubs «service» de n’importe quelle entreprise. «Nous leur envoyons les discours de Nicolas Sarkozy, poursuit le trésorier Eric Woerth, nous leur proposons de rencontrer les cadres dirigeants de l’UMP et parfois aussi, nous les invitons à des réunions pour des échanges thématiques. Ces généreux donateurs aiment ce genre d’attentions.»

Mardi dernier, au siège du parti, Eric Woerth et François Fillon, conseiller politique de Sarkozy, ont animé une de ces réunions «thématiques» où l’on discute économie et dialogue social. «Ce n’est pas que du marketing politique, ajoute Woerth, parfois, ça peut produire une ou deux bonnes idées.» Plus de 3 000 euros, mais moins de 7 500, car c’est le plafond maximum fixé par la loi. «On renvoie plein d’argent, soupire le trésorier, car certains donateurs ne savent pas que la loi fixe un plafond. Alors, je renvois le chèque en essayant de ne pas vexer le donateur, en lui mettant un petit mot ou en les appelant. Certains s’y plient et nous envoie un nouveau chèque, d’autres pas.» L’objectif de l’UMP est de collecter pour l’année 2006 au moins 7 millions d’euros. Avis aux donateurs.
David Servenay


Mercredi 27 septembre

«C’était “on“ ou c’était “off“ ?»

Ségolène Royal monte dans le bus pour sermonner les journalistes. 

		(Photo : Florent Guignard/RFI)
Ségolène Royal monte dans le bus pour sermonner les journalistes.
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Mercredi matin, départ pour Ouakam, où Ségolène Royal est née il y a 53 ans. Le car des journalistes passe chercher la présidente de la région Poitou-Charentes à la résidence de l’ambassadeur de France. Ségolène Royal attend déjà. Mais avant de monter dans sa voiture, elle vient saluer dans le bus la délégation de presse. Large sourire. «Bonjour ! Vous allez bien ?» Mais personne n’est dupe, après les amabilités, la leçon va commencer. «Je regrette ce qui s’est passé hier soir. Vous avez agressé Agnès. S’il y a un problème, vous venez me voir directement. J’ai proposé à Agnès de rester à la résidence pour se reposer. Elle n’a pas voulu parce qu’elle est très courageuse…» Derrière Ségolène Royal, le visage décomposé de son attachée de presse... La scène semble surréaliste. L’ensemble du bus a l’impression d’entendre la directrice d’une colonie de vacances venue gronder les enfants après un chahut la nuit dans le dortoir.

Les journalistes télé, privés d’images la veille, s’impatientent.  «Vous regrettez d’avoir parlé de “la machine à perdre“ ?» Réplique cinglante de Ségolène Royal : «Vous me laissez parler s’il vous plait ! C’est cela aussi, la République du respect». «Mais je vous respecte, Madame !», «non, vous me coupez la parole !». Ségolène Royal, on ne l’interrompt pas, et elle poursuit le message qu’elle était venue délivrer. «Hier soir, c’était une réunion de section, normalement fermée à la presse. C’était “off“. On a eu tort de l’inscrire au programme. Désormais on saura…» Première mesure de représailles : le dîner le soir au centre culturel français de Dakar avec des artistes sénégalais se fera sans les journalistes…

Le sermon est terminé. Ségolène Royal ne s’est presque jamais départie de son sourire. Une voix fuse, à l’arrière du car : «Au fait, c’était “on“ ou c’était “off“ ?»

Le cartable de campagne

Le boubou noir lui va bien aussi. C’est un des cadeaux reçus par Ségolène Royal pendant son séjour sénégalais. Il lui est offert à Fatick, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, par le conseil régional. La région de Fatick est jumelée avec celle que préside Ségolène Royal, le Poitou-Charentes. Depuis quelques années, plusieurs projets de «coopération décentralisée», un concept cher à Ségolène Royal, ont été mis en place, en matière d’élevage caprin et d’insémination artificielle de chèvres notamment. Ravie, Ségolène Royal enfile son boubou et pose devant les photographes, ravis.

Le «<em>cartable de campagne</em>» de Ségolène Royal. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Le «cartable de campagne» de Ségolène Royal.
(Photo : Florent Guignard/RFI)

La veille, c’est une statuette de bronze qu’elle a reçue des mains du président sénégalais Abdoulaye Wade, la réplique miniature du monument situé sur le rond-point central de la place des Combattants, Demba et Durand, un tirailleur sénégalais et un gaulois moustachu. Rebondissant sur l’actualité et la sortie en France du film «Indigènes», Ségolène Royal avait tenu à se recueillir devant le monument, une visite qui ne figurait pas sur le programme initial. Simple opportunisme ? Ségolène Royal évoque pourtant avec une émotion visiblement non feinte le sort des tirailleurs sénégalais. «J’en ai toujours entendu parler dans mon enfance par mon père, officier de l’armée française, avec beaucoup de respect mais aussi de tristesse, se souvient-elle. Ces gens-là ont été décimés». Plus anecdotique enfin, quoique… Le cadeau reçu dans le bidonville de l’ex-Rail, Khadim Rassoul, où travaille l’ONG Enda : une mallette confectionnée avec des canettes de récupération. Ségolène Royal apprécie beaucoup : «Ce sera mon cartable de campagne !» Parce qu’elle est en campagne ? 

Madame la présidente

Des enfants de Thiaroye souhaitent la bienvenue à «<em>Madame la présidente</em>». &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Des enfants de Thiaroye souhaitent la bienvenue à «Madame la présidente».
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Ségolène Royal a de la chance d’être présidente de la région Poitou- Charente ! Elle peut ainsi s’entendre appeler «madame la présidente» : ça peut flatter l’ego et – pourquoi pas – s’avérer prémonitoire. Ca commence en entrant dans l’avion : «Bienvenue à bord, madame la présidente», accompagné d’un joli bouquet de fleurs dont on ignore aujourd’hui encore le sort qui lui fut réservé. Et une fois au Sénégal, le leitmotiv ponctua chacune des visites de Ségolène Royal : «Bienvenue madame la présidente», écrit sur des banderoles, affiché sur des murs et même chanté.

<span>Le lapsus de Madjiguène Cissé, aux côtés de Ségolène Royal, <em>«Madame Sarkozy</em>».</span> &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Le lapsus de Madjiguène Cissé, aux côtés de Ségolène Royal, «Madame Sarkozy».
(Photo : Florent Guignard/RFI)

A l’école-bibliothèque de Ouakam, dans la banlieue de Dakar, le directeur lui dit au revoir en ces termes : «Nous espérons bien sûr vous revoir en tant que présidente de la République française !» Réponse coquette de l’intéressée : «N’anticipons pas ! N’anticipons pas !» Quoique la veille, tentant de justifier l’ambiguïté de ses positions sur l’immigration (et en particulier sur la régularisation des sans-papiers de France), Ségolène Royal avait avancé, pour esquiver la réponse : «Je ne suis pas aux responsabilités… Je ne suis pas encore aux responsabilités…» A ses côtés, Madjiguène Cissé, la pasionaria des sans-papiers de l’église Saint-Bernard à Paris dans les années 90, appelle Ségolène Royal «Madame Sarkozy», dans un formidable lapsus qui provoque l’hilarité générale.

Florent Guignard

Le loft des Villiéristes

Rendez-vous dans une «villa» du XVe arrondissement de Paris, petite rue pavée, à deux pas de la gare Montparnasse. C’est l’adresse du nouveau siège de campagne du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers. Pour faire face aux dépenses de la campagne électorale, le MPF a vendu son ancien siège. Grâce au boom de l’immobilier, la transaction a dégagé un million d’euros de recettes. Inconvénient : le parti est obligé de devenir locataire. Après quelques semaines de recherches infructueuses, les villiéristes ont déniché leur bonheur. Surprise : le vicomte n’a rien trouvé de mieux qu’un loft pour héberger son équipe de campagne !

Etonnant pour celui qui s’érige à longueur d’interview en pourfendeur des «bobos (bourgeois bohêmes) parisiens», l’équivalent des yuppies des années 1980. Une fois passée la porte commandée par un interphone, le visiteur découvre une vaste maison de 400 mètres carrés sur trois étages, avec verrière centrale et lumière zénithale, cuisine ouverte à l’américaine. L’endroit est clair, spacieux et fourmille de jeunes trentenaires prêts à toutes les audaces pour leur candidat. Un vrai «boboland» politique. Dernier détail piquant : pour les élections régionales de 2004, ce loft accueillait l’équipe de campagne du… socialiste Jean-Paul Huchon qui, depuis, est président de la Région Ile-de-France.
David Servenay


Mardi 26 septembre

Un couac au Club des Corses

C’est sans doute le plus beau lieu de réunion d’une section socialiste : la terrasse du Club des Corses, un bar-restaurant, sur la corniche de Dakar, le long de l’océan, avec vue sur l’île de Gorée éclairée des derniers rayons du soleil. Les adhérents et les sympathisants PS sont venus nombreux ce soir-là pour écouter la vedette venue de métropole. D’après Hassan Basoum, le responsable de la section, 75% des socialistes dakarois soutiennent Ségolène Royal. Saura-t-elle convaincre les autres ? Plutôt qu’un long discours, Ségolène Royal se prête au jeu des questions. C’est un homme coiffure rasta qui enflamme enfin la soirée. «Moi je souhaite que tu ailles jusqu’au bout. Jusqu’au bout, Ségolène !» Il hurle dans le micro ! «J’ai bien fait de venir au Sénégal alors pour entendre ces encouragements, rigole Ségolène Royal. Donc je vais suivre le conseil qui vient de m’être donné. Voilà, ce sera le serment de Dakar !»

L’attachée de presse de Ségolène Royal, Agnès Longueville, en grande discussion avec des journalistes. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
L’attachée de presse de Ségolène Royal, Agnès Longueville, en grande discussion avec des journalistes.
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Autre question ensuite, sur la guerre fratricide qui est en train de déchirer le parti. Ségolène Royal revient alors sur les multiples attaques dont elle est l’objet, depuis un an en réalité, depuis la fameuse interview dans Paris-Match où elle avançait pour la première fois l’idée d’être candidate. Et elle se livre ensuite à une contre-offensive saignante : «C’est à se demander si certains n’ont pas intérêt à perdre, c’est à se demander si la machine à perdre n’est pas enclenchée.» L’attaque est frontale, et réveille les journalistes quasi assommés après une longue journée. C’est l’info de la soirée, qui nourrira les papiers de demain ! Seulement voilà, Agnès Longueville, l’attachée de presse de Ségolène Royal, vient mettre le holà : «C’est une réunion de section, tout est donc “off“, rien ne doit sortir.» “Off“, “off the record“ en anglais : ce qu’on ne peut enregistrer, ce que les journalistes n’ont pas l’autorisation de reproduire. Agnès Longueville insiste : «C’était “off“. Je l’ai signalé à la plupart d’entre vous…» La plupart se regarde : seules les télés avaient formellement reçu l’interdiction de filmer, ce qu’elles ont respecté. Les autres journalistes ont tout simplement fait leur travail ; pas question donc de laisser inexploitées ces quelques phrases savoureuses. D’ailleurs, le matin même, en détaillant le programme de la journée, le chef de cabinet de Ségolène Royal, Benoît Pichard, avait explicitement mentionné le rendez-vous du Club des Corses : «Il y aura des boîtes son, vous pourrez brancher vos micros.» «Tu sais, Agnès, explique une journaliste radio, chez nous c’est pavlovien, on voit une boîte son, on se branche, bêtement, sans penser à mal.» Le ton monte un peu dans la conversation. Chacun reste sur ses positions, et la presse après tout n’est pas là pour pallier les défaillances d’organisation et de communication de l’équipe Royal ! Les journalistes des quotidiens modifient en urgence par téléphone la chute de leurs papiers, juste avant le bouclage à Paris, les agences envoient leurs dépêches en «urgent», et les radios vont monter leurs sons pour les journaux du matin. Les télés en revanche restent sur le carreau, privées d’images. Agnès Longueville amorce une dernière tentative de dissuasion. Raté, les esprits s’excitent, il est temps de rentrer à l’hôtel avant que la machine à perdre ses nerfs s’enclenche.
Florent Guignard

Vidéo Bloger

Les internautes, fans du FN, n’ont pas pu le rater : depuis samedi 23 septembre, les oracles du président Le Pen sont disponibles sur le site du parti. En vidéo. Le candidat à la présidentielle se singularise des autres prétendants qui ont presque tous préféré le blog écrit pour diffuser leurs idées. Jean-Marie Le Pen, lui, apparaît seul à l’écran. Parfois dans le salon de sa villa de Montretout (Saint-Cloud), souvent devant un fond bleu garni d’autocollants Front national. En plan fixe, les interventions sont un peu longues, entrecoupées de «questions» pour imiter le ton d’une interview.

«C’est pratique et rapide, avec juste une caméra et un micro, explique Alain Vizier, le directeur de la communication du FN. Jean-Marie Le Pen manque de temps pour écrire un blog et puis nous avons très peu de moyens. Trois personnes travaillent à la communication du FN, ce n’est rien comparé aux vingt personnes du service com’ de l’UMP.» Pratique, pas cher et un peu bâclé. Il arrive même à Jean-Marie Le Pen d’y faire des fautes de français, événement rare pour cet homme politique qui cultive une phraséologie d’habitude très soignée. Est-ce utile ? En tout cas, le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers va bientôt utiliser le même procédé, après avoir effectué des tests concluants.
David Servenay


Lundi 25 septembre

Conférences de presse aériennes

Principal objectif de Ségolène Royal pendant son séjour sénégalais&nbsp;: se nourrir des réalités du terrain. Ici à la rencontre des femmes de Thiaroye qui luttent contre l’émigration de leurs fils. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Principal objectif de Ségolène Royal pendant son séjour sénégalais : se nourrir des réalités du terrain. Ici à la rencontre des femmes de Thiaroye qui luttent contre l’émigration de leurs fils.
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Ségolène Royal arrive au Sénégal deux jours après la visite-éclair de Nicolas Sakozy. Et évidemment l’accord sur l’immigration signé par le ministre français de l’Intérieur avec son homologue sénégalais est dans toutes les têtes. Rapide coup d’œil sur la presse sénégalaise distribuée dans l’avion. Titre du quotidien Walfadjiri : «Les Sénagalais dribblés par Sarkozy.» «Dans les faits, à part un jeu de mots, les deux concepts (immigration choisie/immigration concertée) reviennent à la même chose : l’immigration choisie chère à Nicolas Sarkozy a été acceptée par les autorités sénégalaises.» Qu’en pense Ségolène Royal ? «Il y a des choses pas mal dans cet accord, reconnaît-elle dans l’avion devant quelques journalistes. Mais ça ne va pas assez loin en matière d’aide au développement.» Le petit carré à l’avant de l’appareil d’Air Sénégal, réservé à la classe affaire, se transforme très vite en salle de presse : les journalistes viennent s’agglutiner autour du siège de Ségolène Royal, et devant l’irritation manifeste de passagers qui ne font pas partie de la délégation, le personnel de cabine d’Air Sénégal met un terme à la conversation. Jean-Louis Bianco, que Ségolène Royal a connu lorsqu’elle était conseillère à l’Elysée, dans les années 80, devenu aujourd’hui son porte-parole de campagne, promet alors de venir détailler ses positions sur l’immigration de l’autre côté du rideau, c’est-à-dire en classe économique. Un steward doué du sens de l’organisation décide que ce point de presse aura lieu à l’arrière de l’appareil, pour déranger le moins possible. Etrange chassé-croisé alors dans l’étroit couloir du Boeing 737 de journalistes et de passagers priés d’abandonner leurs sièges, pour leur bien-être, voire leur survie ! «On assiste en direct aux premières expulsions de Sénégalais de la présidence Royal !» Jean-Louis Bianco peut alors commencer la conférence de presse, que les réacteurs de l’avion rendent parfois inaudible. Parfois, des plateaux-repas passent au-dessus des têtes des journalistes, et le porte-parole se transforme alors en porte-plateaux-repas, sans s’interrompre dans ses explications. Guère claires, d’ailleurs. On peine à comprendre distinctement les différences entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en matière d’immigration. Promesse est faite d’un briefing avec Ségolène Royal elle-même à l’arrivée. Il a finalement lieu dans le salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Les questions fusent, impatientes. Ségolène Royal réplique : «Si c’est pour me faire disputer, on va se coucher !»
Florent Guignard


Vendredi 22 septembre

Quand l’art transcende le Premier ministre

Après avoir participé au dixième forum de la fondation Bertelsmann, à Berlin, où il a prononcé un discours sur l’Europe énergétique, Dominique de Villepin inaugure en grandes pompes la manifestation culturelle «Art France Berlin» au musée Martin-Gropius-Bau. Tout le gotha français est là, de l’ambassadeur de France à Berlin à Olivier Poivre d’Arvor (le frère du célèbre présentateur du journal de 20 heures de TF1), directeur de l’AFAA (l’Association française d'action artistique) depuis 1999.

Le Premier ministre, accompagné d’une cohorte de caméras, passe d’une salle à l’autre d’un pas alerte puis s’arrête devant un tableau de Yan Pei Ming, un artiste chinois vivant en France depuis plusieurs années. Yan Pei Ming et Dominique de Villepin se connaissent bien, ils sont amis à la ville. L’artiste a même signé un portrait du chef du gouvernement qui a été exposé à Paris au Grand-Palais avant l’été. Dominique de Villepin n’a pas besoin de beaucoup se forcer pour entamer une série d’envolées sur l’art et les artistes. «La peinture, c’est faire émerger la vie du chaos, c’est cela dont nous avons besoin dans nos vies» affirme-t-il. Et d’ajouter «C’est la tendresse, c’est l’impertinence indispensable qu’est la peinture dans nos vies».
Clarisse Vernhes



Jeudi 21 septembre

Devant le Leaderprice d’Argenteuil

Dernière étape de la caravane du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) à Argenteuil, en région parisienne, à l’endroit même où Nicolas Sarkozy avait promis à une mère de famille qui l’interpellait un soir d’octobre 2005 de la «débarrasser de la racaille». Le premier secrétaire du PS, François Hollande, arrivera avec une bonne heure de retard, à l’arrière d’une moto, le casque à la main. Dominique Strauss-Kahn, député du département, lui, est à l’heure, et a tout le temps pour répondre aux questions des journalistes malgré la bousculade bon enfant que sa visite provoque sur «la dalle» d’Argenteuil, une place de béton entourée d’immeubles et du seul commerce de la cité, un supermarché discount.

Question d’une journaliste: «Vous faites vos courses au Leaderprice?» «Bien sûr, répond-il le plus sérieusement du monde, Argenteuil c’est mon département»… Attaché à répondre à la presse, Dominique Strauss-Kahn s’agace en revanche des questions d’un jeune habitant de la cité qui ne cesse de l’interrompre: «Pourquoi vous venez un an après Sarkozy?! C’est parce que les élections approchent?» «On en parlera plus tard à la réunion, d’accord?» Une heure plus tard, une petite salle éclairée au néon accueille ladite réunion organisée par le MJS. Alors que l'interlocuteur de DSK s'est assis au troisième rang, l'ancien ministre de l'Economie, lui, s'éclipse discrètement.
Florent Guignard



Mercredi 20 septembre

Le Pen ne l’entend pas de cette oreille

(Photo : David Servenay/RFI)
(Photo : David Servenay/RFI)

Fin de journée, hier à Reims, dans des salons où Jean-Marie Le Pen prononce sa conférence de presse. Après sa visite à Valmy (Marne), où il a exalté les idéaux révolutionnaires, le président du FN veut expliquer sa conception de la République.

Perché sur une estrade, il lit un long texte distribué aux journalistes. La salle baille, il fait un peu chaud. En s’approchant du tribun, on entend un léger ronflement. Rassurez-vous personne ne s’est endormi. C’est juste un petit ventilateur posé aux pieds de l’orateur pour le rafraîchir, lequel a pourtant le front couvert de sueur.

Arrive le jeu des questions-réponses. Le candidat a du mal à entendre les questions posées par les journalistes. Une consoeur au léger accent anglo-saxon répète quatre fois «M. de Villiers a dit : ‘Le Pen, c’est fini’, qu’en pensez-vous ?». Rien à faire, Jean-Marie Le Pen n’entend pas. Si bien que Bruno Gollnisch, numéro 2 du parti, finit par lâcher de sa voix de stentor : «Villiers dit : ‘Le Pen, c’est fini’, qu’en penses-tu ?». Rires dans la salle.

L’incident se répète. Sur Bruno Mégret, le président du Mouvement national républicain (MNR) : «Où en sont les négociations ?». Réponse : « Mais il n’y a pas de conversations avec Bruno Mégret». Du dialogue à la Tournesol, ce personnage des albums de Tintin qui a de gros problèmes d’audition. On finit par interroger le conseiller «image et communication» : «Je vous jure qu’il y a un problème avec le micro de la salle, dit Jean-François Touzé, il n’y a pas de retour, c’est pour ça qu’il n’entend pas bien.» Il hésite, puis avoue : «Mais c’est vrai qu’il n’a plus les oreilles d’un jeune de vingt ans. Bon et alors…»
David Servenay

Bruit de couloir

C’est un homme en train de parler à son téléphone, devant la porte des toilettes du TGV Paris-Nantes. «Si le train saute, lui dit-il, il n’y a plus de socialistes !» Direction la journée parlementaire socialiste, le rendez-vous annuel des députés, sénateurs et eurodéputés PS. Va-et-vient d’élus dans les couloirs.

Gaëtan Gorce, député de la Nièvre rallié à Ségolène Royal, salue Michel Charasse, sénateur du Puy-de-Dôme. Quelques secondes après, l’ancien ministre du Budget se penche vers son voisin: «Celui-là [Gaëtan Gorce], il fera les chiottes à l’Elysée!» «Il faudra un sas de décontamination», poursuit ce mitterrandien historique qui soutient Laurent Fabius. Au PS, les déclarations d’amour ne sont jamais vulgaires.

La brosse

Ségolène Royal: coup de brosse avant les photos. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
Ségolène Royal: coup de brosse avant les photos.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

Surprise à Nantes. Ségolène Royal, habituellement vêtue de couleurs claires («blanche et virginale», avait un jour décrypté Roselyne Bachelot, UMP tendance rose fuschia), arrive en tailleur noir. Personne n’ose d’interprétation. Ségolène Royal, qu’aucune attaque ne semble atteindre, est à son aise, plus que jamais. En témoigne l’interminable séance photo à laquelle elle se prête tout sourire à la fin de la journée avec des militants locaux. Et soudain, entre deux poses, la professionnelle Ségolène Royal dégaine d’on ne sait où une brosse à cheveux pour se recoiffer. Deux secondes plus tard, la brosse rangée, le sourire retrouvé, les flashes crépitent à nouveau.

Tous ensemble

Raymond Domenech, le sélectionneur de l’équipe de France de football, devrait demander des droits d’auteur aux socialistes. A La Rochelle, le mois dernier, le président de l’université d’été, Jean-Christophe Cambadélis, appelait ses camarades à un débat raisonnable, sur le mode «on gagne ensemble, on perd ensemble», copie conforme de la devise que s’échangeaient les Bleus dans le secret des vestiaires pendant la dernière Coupe du monde : «On vit ensemble, on meurt ensemble».

Dernière journée parlementaire pour Jean-Marc Ayrault, promis à un avenir ministériel sous une présidence Royal. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
Dernière journée parlementaire pour Jean-Marc Ayrault, promis à un avenir ministériel sous une présidence Royal.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

Nouvelle déclinaison à Nantes, à la journée parlementaire socialiste, dans la bouche de Jean-Marc Ayrault: «On vit ensemble. On sert ensemble». Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale annonce qu’il abandonnera cette fonction qu’il occupe depuis 10 ans. Après son ralliement à Ségolène Royal, Jean-Marc Ayrault était donné «premier ministrable». Sa cote a depuis sensiblement baissé; on évoque pour lui désormais le ministère des Affaires sociales d’une présidence Royal.

François Hollande quittera son poste de premier secrétaire du PS lui aussi après la présidentielle, quoiqu’il arrive. Mais en cas de victoire de sa compagne, nul n’ose pronostiquer son avenir.

Florent Guignard


Mardi 19 septembre

Ségolène Royal et les «sacs à dos»

La présidentielle de l’an prochain s’annonce comme celle du changement, avec, a priori, une nouvelle génération de candidats. Les finalistes annoncés aujourd’hui par les sondages sont des «quinquas», des quinquagénaires: Nicolas Sarkozy a 52 ans, Ségolène Royal, 53. Mais alors que le ministre de l’Intérieur a construit l’UMP à son service, la présidente de la région Poitou-Charentes a bâti sa popularité en dehors du Parti socialiste, grâce à Désir d’avenir, un slogan puis un site internet (le premier site politique en terme de consultations, 4 millions de pages vues, et de contributions, 34 000), et des comité locaux (350).

Ségolène Royal au milieu de ses partisans de Désir d'avenir. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
Ségolène Royal au milieu de ses partisans de Désir d'avenir.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

A Bondy, en région parisienne, Ségolène Royal réunissait ce qu’elle appelle ses «personnes-ressources», des experts issus de l’administration ou des entreprises, qui la nourrissent d’idées neuves puisées sur le terrain. «A vos sacs à dos!», leur a-t-elle lancé. C’est une nouvelle façon de faire de la politique, basée désormais sur la demande des citoyens, ce qui hérisse la vieille génération (Lionel Jospin en particulier) pour qui l’homo politicus doit avant tout produire de l’offre programmatique.

Nouvelle méthode, changement de style aussi, que Ségolène Royal entend incarner : c’est au milieu de ses partisans qu’elle préfère discourir, debout, micro dans une main, quelques notes dans l’autre. Elle est une parmi d’autres, un peu au-dessus quand même puisqu’elle se tient sur une estrade…

Florent Guignard

La marche verte du FN

Comment recycler un vieux symbole historique dans une campagne électorale ? Le conseiller spécial à la prospective stratégique du Front national s’est souvenu de ses années marocaines pour proposer l’idée d’une «marche verte». Dans les années 1970, Jean-Claude Martinez, jeune énarque et spécialiste du droit fiscal, a passé quelques années dans le cabinet du ministre de l’Intérieur Driss Basri à l’époque où Hassan II lançait sa grande conquête du Sahara Occidental. Appliquée à la France de 2006, cela donne trois mini-bus et une flotte de Kangoo (des fourgonnettes) pour sillonner la France, «du Rhône à la Garonne». «On va reconquérir les terres agricoles françaises contre le Polisario européen», plaisante Martinez, en avouant s’être inspiré de la campagne en bus menée par John Mac Cain, candidat républicain malheureux aux primaires américaines de l’an 2000.

Plus sérieusement, avec une équipe de vignerons, le conseiller de Jean-Marie Le Pen veut labourer les campagnes, dès le 25 octobre, pour gagner des voix chez les agriculteurs. «Pendant des années, explique-t-il, les agriculteurs votaient au trois-quarts pour le RPR ou radical-socialiste dans le Sud-Ouest. Depuis quelques temps, la banquise du vote rural se dégèle et libère toute une série de plaques qui flottent dans l’océan électoral. Or, aujourd’hui, nous savons que la progression du Front est stoppée dans les villes, elle se fait dans les campagnes. Pour Le Pen, c’est l’électorat à conquérir pour atteindre le deuxième tour.»

Le député européen Martinez, qui s’est spécialisé sur les questions viticoles, va marteler un argument : le nombre d’agriculteurs en Europe ne cesse de diminuer, alors que vont s’ouvrir en Inde et en Chine de grands marchés de consommations. «2007 est un moment capital pour maintenir le savoir-faire agricole européen, dit-il, sinon, seuls le Brésil, l’Australie ou des pays comme le Chili en profiteront.» Quant aux slogans de cette «marche verte», «on va faire du classique», dit Martinez : «Le Pen pour les vignerons», «Le Pen pour les paysans». Histoire de concurrencer efficacement le vicomte de Villiers, qui compte de solides bastions dans les campagnes.
David Servenay


Lundi 18 septembre

Est-ce ainsi que les hommes pleurent ?

Après Jospin la larme à l’œil, Fabius la voix brisée… L’ancien Premier ministre de François Mitterrand évoquait samedi à Lens ses trente ans d’engagement politique : «La gauche et la France sont deux causes superbes et cela vaut qu’on y consacre toute une vie», concluait-il la gorge nouée, sous un tonnerre d’applaudissements. Commentaire sarcastique d’un responsable du PS tendance macho : «Ca en devient ridicule. A présent, ce ne sont plus les femmes qui pleurent, mais les hommes !» Et il y a même aujourd’hui des femmes candidates à la présidentielle…
Florent Guignard


Samedi 16 septembre

DSK en TGV...

Le TGV Paris-Lens de 7H22 est parti avec six minutes de retard samedi. La faute, bien malgré eux, à Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn. Les deux candidats à l'investiture avaient choisi le train pour se rendre au grand oral qui leur était proposé par la Fédération socialiste du Nord-Pas-de-Calais. Difficile dans ces conditions de passer inaperçu. Badauds, journalistes, voyageurs, un embouteillage monstre s'est formé au bout du quai quelques minutes avant le départ du train. Mise en scène, les caméras qui tournent, le chef de gare a dû patienter. La séance photos a retardé le sifflet.

La gaffe du maire de Lens

Photo de groupe de tous les présidentiables socialistes, à l'issue de leur grand oral. Ségolène Royal a déjà quitté la salle pour s'envoler vers l'Espagne. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Frédéric Suteau/RFI)
Photo de groupe de tous les présidentiables socialistes, à l'issue de leur grand oral. Ségolène Royal a déjà quitté la salle pour s'envoler vers l'Espagne.
(Photo : Frédéric Suteau/RFI)

Le maire de Lens, Guy Delcourt, a été le premier à prendre la parole à la halle Pierre-de-Coubertin. Devant les 2 000 militants socialistes, il a remercié les 7 candidats - déclarés ou non - à l'investiture socialiste d'avoir répondu à l'invitation qui leur était lancée. Sans notes, visiblement ému, il a dit son bonheur d'accueillir Ségolène Royal, Lionel Jospin, Jack Lang , Martine Aubry, Laurent Fabius et François Hollande. Murmures dans la salle, quid de Dominique? Guy Delcourt a oublié de citer Dominique Strauss-Khan ! Gêné Guy Delcourt sourit : «Vous avez raison, c'est l'émotion, la chaleur, je n'ai pas l'habitude d'être bousculé comme ça, excuse-moi Dominique, comment aurais-je pu t'oublier ? Il fallait bien qu'il y ait une bourde et c'est moi qui la fais».

Applaudimètre

Si le choix du candidat socialiste à la présidentielle se faisait à l'applaudimètre, Ségolène Royal serait désignée. A Lens lorsqu'elle s'est levée pour rejoindre la scène et prendre la parole, un incroyable frisson a parcouru la salle. Une ovation, une émotion, une déferlante d'enthousiasme.

A ce petit jeu de l'entrée sur scène, Lionel Jospin nous a semblé arriver en deuxième position, preuve qu'il lui reste des supporters. Laurent Fabius, lui, est resté dans la moyenne, mais il a su bousculer l'ordre établi. Plus agressif que ses camarades, l'ancien Premier ministre a conquis la salle au fil de son intervention. Vingt-cinq minutes crescendo! Il a accusé Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, de se «fixer comme programme d'être le futur caniche du président des Etats-Unis» ! Un triomphe, une standing ovation, mais pas sûr que cela suffise pour rattraper Ségolène Royal dans les sondages !

Masculin/Féminin

Ségolène Royal, favorite des sondages... mais aussi des photographes. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Frédéric Suteau/RFI)
Ségolène Royal, favorite des sondages... mais aussi des photographes.
(Photo : Frédéric Suteau/RFI)

François Hollande, compagnon dans la vie de Ségolène Royal, aime les mots. Mieux, le premier secrétaire du Parti socialiste aime «jouer» avec les mots. «Le» ou «la», «celui» ou «celle», «l'homme» ou la «femme». A chaque fois qu'il a été amené à évoquer les différents candidats devant les militants du Nord-Pas-de-Calais, François Hollande a pris soin de les décliner au masculin et au féminin. Sourire aux lèvres, il vous regarde, sûr de son effet. En une phrase il se lance : «Regardez la capacité de celui ou celle qui sera choisi par les militants... il ou elle aura été renforcé par ce processus.... le vote en désignera un ou une... franchement celui ou celle qui aura été passé au crible des militants sera capable ensuite de battre la droite et Nicolas Sarkozy !» Simple non ?

Frédéric Suteau


 Mercredi 13 septembre

Royal dès le 1er tour

Pronostic de François Rebsamen, N°2 du Parti socialiste, mais aussi soutien de Ségolène Royal, sur la primaire interne au Parti : 8% pour Laurent Fabius, 15% pour Dominique Strauss-Kahn et le reste pour Ségolène Royal, Jack Lang renonçant à aller jusqu’au bout de sa candidature pour ne pas insulter son avenir personnel… C’est l’objectif affiché du camp Royal : que leur candidate soit désignée par les militants dès le 1e tour.

Jospin du bout des lèvres

Lionel Jospin adhère timidement aux propositions en faveur du mariage homosexuel. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Lionel Jospin adhère timidement aux propositions en faveur du mariage homosexuel.
(Photo : DR)

Un peu moins austère, le blog de Lionel Jospin : apparition aujourd’hui d’une photo de l’ancien premier ministre, visiblement prise après une longue après-midi au soleil… Sur le fond, Lionel Jospin se justifie -encore ! - sur le mariage homosexuel : il s’y est rallié du bout des lèvres à l’université d’été de La Rochelle, puisque la proposition se trouve «dans le projet du PS». «Il n’est interdit ni d’approuver cette mesure ni de s’en tenir à distance, écrit Lionel Jospin. Si les élections législatives donnent une victoire à la gauche, il reviendra au gouvernement de déposer un projet de loi sur le bureau du Parlement. A lui d’en décider. Le président de la République n’a pas à s’y opposer.» On a connu plus enthousiaste…


 L’affaire Nolwenn

Razzye Hammadi, président du MJS&nbsp;: mène-t-il la fronde des jeunes socialistes contre Ségolène Royal&nbsp;? &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Razzye Hammadi, président du MJS : mène-t-il la fronde des jeunes socialistes contre Ségolène Royal ?
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Est-ce la guerre entre le Mouvement des Jeunes socialistes et Ségolène Royal ? «Ils veulent sa peau», commente un proche de Ségolène Royal. «Nous subissons des tentatives d’intimidation», affirme-t-on côté MJS. C’est «l’affaire Nolwenn», qui a pris une tournure nationale dimanche dernier (et même internationale, avec le concours de la presse étrangère) : une jeune militante (Nolween de son prénom) est rabrouée sèchement par Ségolène Royal, après une question loin d’être anodine sur le clivage gauche-droite. Ségolène Royal y aurait vu une manipulation estampillée MJS. Et c’est vrai que la présence à Quimperlé d’un responsable national du MJS a pu étonner - que venait-il faire dans ce coin de Bretagne ? Mais le climat aujourd’hui serait à l’apaisement. Le principe d’une rencontre est désormais acquis entre les jeunes socialistes et la présidente de la région Poitou-Charente.

C’est sa tournée

Ségolène Royal ne marchera pas dans les pas de Nicolas Sarkozy. La pré-candidate socialiste, en visite à Bruxelles une semaine après le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP, a finalement annulé sa rencontre avec la presse prévue à l’issue de son déjeuner avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. En pleine «tournée internationale» (Rome mardi, Bruxelles mercredi et Madrid samedi), Ségolène Royal ne dévoilera ses propositions sur l’Europe que la semaine prochaine au cours d’une conférence de presse. La présidente de la région Poitou-Charente «grille» en revanche Nicolas Sarkozy sur le Sénégal : elle se rend à Dakar (sa ville natale) le 25 septembre prochain, un mois avant la venue du ministre de l’Intérieur.
Florent Guignard


Lundi 11 septembre

La confusion des genres

«Oui, j'aime les Américains !». Cri du coeur de Nicolas Sarkozy, en visite à New York pour le 11-septembre. Mais à quel titre ? Ministre de l'Intérieur ou candidat de l'UMP à la présidentielle ? La question est posée par le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, qui dénonce «une confusion» entre l'homme qui décore des pompiers et le même qui pose pour la photo avec des décideurs américains. «C'est avec l'argent des contribuables», que Nicolas Sarkozy se paie «son voyage au pays des cow-boys». («Et lui, c'est clair, ajoute perfidement Julien Dray, ce n'est pas l'ami des Indiens...»).

Ce n'est pas la première fois que le porte-parole du Parti socialiste tente ainsi d'alerter l'opinion. A chacun de ses déplacements, en fait, Nicolas Sarkozy mêle activités gouvernementales et partisanes, comme l'utilisation au début du mois d'un hélicoptère du ministère de l'Intérieur pour se rendre à l'université d'été du Medef où c'est le président de l'UMP qui était invité.

Le PS réclame à Jacques Chirac «une clarification des comportements» de ses ministres, et menace, si rien ne change, de saisir le président du Conseil constitutionnel.

C'est ce même Conseil constitutionnel qui valide les comptes de campagne (dont le montant des dépenses est plafonné) : mais jamais un président nouvellement élu n'a été inquiété, et pour cause : lors du dernier scrutin, en 2002, le résultat du second tour a été proclamé le 8 mai ; les comptes de campagne eux, n'ont été validés que le 26 septembre. Aucun juge, même suprême, ne prendrait le risque d'opposer, 5 mois après, le droit à la légitimité des urnes.

Florent Guignard 


Dimanche 10 septembre

Plateau-télé

Lionel Jospin, invité de l'émission France Europe Express, sur France 3 le dimanche 10 septembre. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : France 3)
Lionel Jospin, invité de l'émission France Europe Express, sur France 3 le dimanche 10 septembre.
(Photo : France 3)

Rentrée politique à la télévision française. Lionel Jospin tête d'affiche de la première de France Europe Express, sur France 3, mais pour le scoop il faudra attendre : «Ma décision d'être candidat à la candidature n'est pas prise, et je la prendrai entre le 28 septembre et le 3 octobre.» Le suspens reste entier...








Dominique Strauss-Kahn sur Canal + dans l'émission Dimanche +, le 10 septembre 2006. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Canal +)
Dominique Strauss-Kahn sur Canal + dans l'émission Dimanche +, le 10 septembre 2006.
(Photo : Canal +)

Dominique Strauss-Kahn a, lui, inauguré Dimanche +, la nouvelle émission de Canal + présentée par Laurence Ferrari. Avant l'interview de l'ancien ministre de l'Economie, diffusion d'un petit sujet sur le candidat à l'investiture socialiste, dans son bureau, en déplacement... et dans un grand magasin de biens culturels (Fnac ou Virgin, à vous de choisir...). DSK se dirige directement vers le rayon jazz, pour acheter un CD de John Coltrane. Il s'adresse ensuite à un vendeur : «Il me faut absolument la chanson Zidane il va marquer, c'est pour mon petit-fils !» (Le titre exact est en fait Coup de boule, du groupe La Plage, l'un des tubes de l'été français, vendu à 350 000 exemplaires à ce jour, selon Warner Music.) Dominique Strauss-Kahn repart ravi, ses deux disques sous le bras et sous l'objectif de la caméra de Canal +. Mais la belle image «cool» s'effondre à la diffusion d'une autre séquence tournée auparavant. DSK est en interview dans son bureau aux grands murs blancs, où trône un portrait de Jaurès. Son directeur de la communication réclame un aparté. La caméra ne tourne plus, mais le micro-cravate reste ouvert, et l'on entend alors distinctement : «... et n'oublie pas tout à l'heure d'acheter un CD de Coltrane et la chanson de Zidane pour ton petit-fils...» Retour antenne, Dominique Strauss-Kahn, un peu gêné, confesse sa faute. Démontage en direct d'une opération de communication.

Florent Guignard


Mercredi 6 septembre

Vaincu, vieilli, usé et fatigué ?

Lionel Jospin va-t-il pouvoir revenir dans la course présidentielle ? &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
Lionel Jospin va-t-il pouvoir revenir dans la course présidentielle ?
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Il est des petites phrases qui vous collent à la peau. Ainsi Lionel Jospin, obligé de se justifier sur son âge s’il est le candidat du Parti socialiste à la présidentielle, l’année prochaine : 70 ans, comme Jacques Chirac en 2002, alors décrit comme un homme «usé, vieilli et fatigué» par un adversaire nommé… Lionel Jospin ! Bien sûr, explique l’ancien Premier ministre ce matin dans Le Parisien, «je ne je peux pas dissimuler que je suis plus vieux qu’il y a quatre ans. Je ne me sens pas du tout fatigué, et je pense que j’ai suffisamment peu servi, ces derniers temps, pour ne pas être usé». Cette interview, sur deux pages, est l’une des clefs de voûte d’une campagne médiatique orchestrée après l’université d’été de La Rochelle. France Inter lundi matin, France 3 dimanche soir, et l’ouverture d’un blog sur internet. Visiblement, l’ancien Premier ministre attend un signe de l’opinion. Mais, pour l’instant, les sondages ne frémissent pas. Après tout, semblent dire les Français, Lionel Jospin s’est «retiré de la vie politique» le 21 avril 2002. Après tout, Lionel Jospin reste ce «général vaincu» apparu dans l’autoportrait saisissant prononcé par l’ancien Premier ministre devant les Jeunes socialistes à La Rochelle. Décidément, il est des petites phrases qui vous collent à la peau…

Florent Guignard


Mardi 5 septembre

Soutiens

La course aux soutiens : Arnaud Montebourg, aux côtés de Ségolène Royal, a ouvert cet été la saison des ralliements. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Florent Guignard/RFI)
La course aux soutiens : Arnaud Montebourg, aux côtés de Ségolène Royal, a ouvert cet été la saison des ralliements.
(Photo : Florent Guignard/RFI)

Ni Johnny Hallyday ni Doc Gynéco dans les comités de soutien des candidats socialistes à l’investiture. Pas de chanteur, pas encore, rien que du sérieux, de l’élu et de l’ancien ministre. Douze parlementaires ont annoncé lundi leur ralliement à Dominique Strauss-Kahn (dont les ex-ministres Catherine Trautmann et Claude Evin). Le lendemain, c’est Ségolène Royal qui publie l’état de ses forces, incontestablement plus imposantes. Son «conseil d’animation» compte 7 présidents de région, 34 parlementaires, 14 maires, ou encore l’ancienne Premier ministre Edith Cresson. Parmi les personnalités citées, on relève aussi le nom de Jean-Pierre Mignard, l’avocat qui a défendu les familles des deux enfants morts dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne, l’automne dernier. Jean-Pierre Mignard est un vieil ami de François Hollande et de Ségolène Royal, mais il a choisi son camp. Dans la famille Royal-Hollande, certains des enfants ont aussi choisi. Thomas, 21 ans, a lancé au milieu de l’été le site internet Ségosphère, «les jeunes avec Ségolène». Thomas Hollande, fils de son père, mais surtout de sa mère.

Florent Guignard



Samedi 2 septembre

La politique, c'est d'abord de l'arithmétique

Comme à chaque rentrée politique, une petite affaire alimente les conversations de couloir des élus du Front national, loin des caméras et des micros. Pour résumer, il s'agit de savoir si «le président» va enfin accepter de mettre son mouchoir dans sa poche. En clair, pour les profanes : accepter le retour dans les rangs du parti d'extrême-droite du «félon» Bruno Mégret, alias Brutus, «Mégret-le-bref», «Naboléon»... N'en jetez plus, les frontistes sont passés maîtres dans l'art de caricaturer leurs (anciens ou futurs) ennemis.

Tout commence par quelques confidences distillées aux journalistes, sourire aux lèvres, par Jean-Claude Martinez, l'homme chargé de la «prospection» au sein du FN. «Mégret apporte 150 signatures. Bon, c'est un joli coup. Comme ça, le problème est réglé.» A huit mois du scrutin, le Front national ne sait toujours pas s'il pourra rassembler les 500 signatures d'élus nécessaires pour présenter son candidat à la présidentielle. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait failli rater le coche, faute d'élus locaux. Faute de cultiver, aussi, un maillage local, le FN ayant toujours été le parti d'un homme. Cette fois-ci, promis-juré, tout sera prêt.

Martinez, qui s'est toujours opposé à celui qu'il surnommait «Kabila», déclare : «Politiquement, c'est un bon coup le retour de Mégret. Mitterrand disait qu'il faut toujours rassembler son camp au premier tour. Et puis, sociologiquement, c'est 1,5%, qui peut suffire pour le second tour.» Le problème, c'est que le ralliement de Kabila-Mégret n'est pas encore finalisé. En coulisses, les négociations continuent. Bruno Mégret, malgré ses piètres scores aux dernières régionales, serait trop gourmand aux yeux de ses «amis» du FN. Il réclame au moins un poste de porte-parole. Inacceptable aux yeux des stratèges du parti.

La clef de ce débat, c'est l'âme du chef. «Jean-Marie Le Pen renâcle un peu, parce qu'il a l'impression qu'on veut lui forcer la main. Et ça, c'est très mauvais», dit son directeur de cabinet, Olivier Martinelli, 36 ans, diplômé de l'IEP Paris et Master d'HEC. «Non, le vrai débat, ce sont les 1,5% que représente Bruno Mégret, 1,5%, c'est toujours ça de pris. Et comme le second tour à la présidentielle se joue autour de la barre des 18%... nous en aurons besoin. Ne l'oubliez pas : la politique, c'est d'abord de l'arithmétique

David Servenay


Samedi 2 septembre

E comme Election

Le président de l'UDF François Bayrou, ici à la tribune de l'université d'été de son parti à la Grande Motte, estime que la bipolarisation de la vie politique française est <em>dépassée.</em> &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Clarisse Vernhes/RFI)
Le président de l'UDF François Bayrou, ici à la tribune de l'université d'été de son parti à la Grande Motte, estime que la bipolarisation de la vie politique française est dépassée.
(Photo : Clarisse Vernhes/RFI)

«Le combat sera dur, mais nous pouvons et nous devons le gagner». C'est aujourd'hui le grand discours de rentrée de François Bayrou. Le président de l'UDF apparaît plus combatif que jamais. Oui, il a bien l'intention de se battre jusqu'au bout pour gagner. De nouveau, il dénonce la connivence entre les grands groupes de presse et le pouvoir. Affirme qu'il ne votera pas le projet de loi de fusion entre GDF et Suez. Texte examiné par les députés à partir du 7 septembre prochain. Il revient sur la bipolarisation de la vie politique française. «Dépassée», selon lui. François Bayrou apparaît comme le grand inquisiteur de la droite. Peut-être pour mieux faire entendre sa petite musique centriste ? Dépasser à tout prix les clivages entre la gauche et la droite. Imposer sa stratégie de rupture. Et pour incarner cette position, il verrait bien un gouvernement de coalition. Un gouvernement d'ouverture qui porterait un projet fondé sur 6 piliers : l'éducation, l'Europe, l'entreprise, l'équilibre des finances, l'exclusion et l'environnement durable. Des thèmes qui commencent tous par la lettre E. E comme Election. Seul grand absent de cette université d'été : Gilles de Robien, seul ministre centriste du gouvernement de Dominique de Villepin et principal opposant à François Bayrou au sein de la formation centriste.

Clarisse Vernhes 


Vendredi 1er septembre

Dominique de Villepin sonne le rassemblement

Parmi les invités de Nicolas Sarkozy à l'université d'été de l'UMP à Marseille, le rappeur Doc Gynéco incarne une certaine jeunesse à séduire. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Isabelle Chenu/RFI)
Parmi les invités de Nicolas Sarkozy à l'université d'été de l'UMP à Marseille, le rappeur Doc Gynéco incarne une certaine jeunesse à séduire.
(Photo : Isabelle Chenu/RFI)

L'année dernière pour l'université des jeunes UMP à La Baule Dominique de Villepin s'était baigné devant les photographes exhibant une silhouette parfaite pendant que Nicolas Sarkozy l'attendait grippé et emmitouflé dans un petit pull sur la terrasse d'un restaurant de plage. La photo avait largement alimenté la chronique de la rivalité entre les deux hommes. Cette année, à Marseille, Nicolas Sarkozy a gardé son tee-shirt pour faire son footing et le Premier ministre sa chemise pour saluer les jeunes de la caravane UMP. «Il fallait prêter le moins possible au ridicule», explique très sérieusement le président de l'UMP.  

Marseille ville de la fraternité

Cette année, présidentielle oblige, Dominique de Villepin appelle au rassemblement de la grande famille UMP. «Merci Nicolas vous êtes un ministre d'Etat volontaire, courageux je veux vous dire toute ma reconnaissance. L'estime, le respect, la fraternité, voilà le visage de notre famille aujourd'hui.» L'intéressé a semblé déconcerté par tant de compliments. Sourire crispé, bras croisés sur la poitrine comme pour parer une éventuelle attaque... Les militants se disent ravis de cette unité retrouvée. Villepin à l'action à Matignon et Sarkozy candidat-président ! Certains proches de Nicolas Sarkozy restent méfiants. Jusqu'au 14 janvier, date de la désignation du candidat de l'UMP par les militants, tous les coups sont possibles, expliquent-ils.

325 000  exemplaires

Nicolas Sarkozy est sûr de lui. «Je ne suis pas tranquille mais je n'ai pas peur», précise-t-il. De son point de vue, aucun candidat ne peut lui faire de l'ombre. Ségolène Royal : «une coquille vide», Dominique de Villepin : «relisez son discours, il restera à Matignon jusqu'au bout», Lionel Jospin : «Il attend peut-être que les électeurs aillent se prosterner à l'île de Ré pour qu'il revienne», Laurent Fabius : «Il s'enfonce de jour en jour», Jacques Chirac : «Ça n'est pas un problème», Jean-Marie Le Pen : «Je ne sens pas la France sur le point de lui céder». Nicolas Sarkozy dit vouloir gagner sur son programme, sur les idées et il est très fier de son livre, Témoignage, sorti le 17 juillet, souligne-t-il, et vendu à 325 000 exemplaires. 325 000 exemplaires répète-t-il, et encore... les libraires demandent du réassort... «Je voulais être lu sur les plages, par un lectorat populaire, être diffusé dans les gares, les supermarchés, c'est l'été qu'on se fait une opinion». Pari réussi, il y aura bien sûr une séance de dédicaces à Marseille.

Isabelle Chenu


Vendredi 1er septembre

Une affiche éclectique à la Grande-Motte

Michel Barnier, ancien ministre UMP des Affaires étrangères (à gauche), et Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, sont les invités de l'université d'été de l'UDF. François Bayrou, son président, préconise de <em>dynamiter les frontières politiques.</em> &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Clarisse Vernhes/RFI)
Michel Barnier, ancien ministre UMP des Affaires étrangères (à gauche), et Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, sont les invités de l'université d'été de l'UDF. François Bayrou, son président, préconise de dynamiter les frontières politiques.
(Photo : Clarisse Vernhes/RFI)

Après Nicolas Hulot, Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste et Michel Barnier, ancien ministre UMP des Affaires Etrangères et proche de Nicolas Sarkozy sont les invités de François Bayrou. «Arrêtons d'être sectaire», tonne François Bayrou. «Il faut dynamiter les frontières politiques». Depuis hier, le président de l'UDF expose sa nouvelle vision : transcender le clivage gauche-droite. Il est vrai que l'élection présidentielle approche !

Déjeuner de François Bayrou avec Michel Rocard. Les deux hommes sont au moins d'accord sur une chose. Ils dénoncent le rôle des médias dans les campagnes électorales. Des médias qui font et défont ce qu'ils touchent. François Bayrou a accusé hier les grands groupes de presse d'être de connivence avec le pouvoir. Michel Rocard, lui, montre du doigt les journalistes qui ont fait commencer la campagne présidentielle bien avant l'heure. «C'est de votre faute, ce qui se passe aujourd'hui», tonne-t-il.

Michel Barnier arrive peu après le déjeuner. Les trois hommes peuvent maintenant se diriger vers «La Plage», estrade face à la mer où se déroulent toutes les tables rondes. Les débat sur l'éducation nationale et l'Europe peuvent commencer. Le ciel s'assombrit brusquement. Faut-il y voir un signe ? Une sorte de brouillard envahit la Grande-Motte. Ce caprice météorologique n’a pas l'air d'émouvoir les trois hommes. Pas plus que les dizaines de cigognes qui passent au-dessus de leurs têtes. L'assistance n'écoute plus. Tout le monde est fasciné par le vol de ces oiseaux migrateurs. Michel Rocard, Michel Barnier, François Bayrou, une belle affiche. Le temps d'un instant, ils ont donné l'image que les frontières politiques pouvaient tomber. Avec les cigognes pour témoins.

Clarisse Vernhes 


Vendredi 1er septembre

Au FN, on est très sérieux quand on a 17 ans...

Le président du Front national Jean-Marie Le Pen et le vice-président Bruno Gollnisch (à gauche) en conférence de presse à la permanence du parti à Avignon. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : David Servenay/RFI)
Le président du Front national Jean-Marie Le Pen et le vice-président Bruno Gollnisch (à gauche) en conférence de presse à la permanence du parti à Avignon.
(Photo : David Servenay/RFI)

Que faire, à 17 ans, pendant les vacances lorsque l'on est passionné par la politique et attiré par l'extrême-droite? Ils sont une centaine, âgés de 14 à 20 ans, à avoir choisi le Front national pour assouvir leur passion. Comme chaque année, le parti d'extrême-droite organise, dans la manade (une ferme où l'on élève des taureaux en Camargue, dans le sud de la France) d'un sympathisant, les Journées d'étude du Front national de la Jeunesse (FNJ).

En guise d'étude, ces jeunes - environ neuf garçons pour une fille - ont droit pendant une semaine à un régime oscillant entre le camp de vacances et le séminaire pour cadres performants, moyennant une «cotisation symbolique» de 30 euros.
Le matin : jogging au réveil, puis ateliers de formation. Déjeuner en commun et plein air sous les chênes. L'après-midi : sports collectifs (foot, badminton) et conférences avec les têtes d'affiche du FN. En réalité, l'objectif de ces Journées d'étude est de sélectionner les «futurs cadres du Front national».

Compte tenu des échéances électorales de 2007, le thème de travail retenu est... la communication. David Rachline, le responsable de la communication du FNJ, l'explique sans ambages : «la politique aujourd'hui ne fait plus comme il y a trente ans, il faut absolument que nos militants sachent répondre aux journalistes». L'apprentissage a lieu sous des tentes-chapiteaux disposées dans le jardin de la manade : devant une caméra reliée à un écran de contrôle, les «cadres» du parti jouent le rôle du méchant journaliste en train d'interroger un gentil militant. Tous y passent. Tous sont aussi notés selon leur performance et l'efficacité de leurs réponses. Le bréviaire des formateurs est simple : sourire en permanence, être aimable et poli, bien se tenir. Expliquer le programme et convaincre. En un mot : «dédiaboliser» le Front national, présenté comme l'éternelle «victime des médias».

En interrogeant quelques participants, il est aisé de reconstituer la liste des questions pièges auxquelles cette «élite» du FN pense être confrontée dans les mois à venir. D'abord, l'âge du capitaine. Jean-Marie Le Pen aura 79 ans au moment du scrutin. Réponse : cela ne le disqualifie pas, car il n'a jamais été au pouvoir, contrairement aux autres. Il a aussi une longue expérience politique : plus jeune député de France à 27 ans ! Les jeunes militants oublient de préciser que c'était en 1956, sous l'étiquette des poujadistes. Et sinon, pourquoi fait-il un bon candidat ? Parce qu'il a été le premier, à la création du FN en 1972 (ils ont tous appris la date par cœur), à soulever les problèmes qui sont au centre du débat politique aujourd'hui : l'immigration, la sécurité...

En prenant le temps de discuter, certains finissent par reconnaître que Nicolas Sarkozy a pris des mesures sur ces deux sujets. On sent que la figure du ministre de l'Intérieur les fait parfois douter de leur engagement. Mais ils se ravisent, sous l'œil attentif des «cadres» dont les oreilles ne traînent jamais très loin de cette «élite» encore en formation. Tous ont l'air très motivés. Par l'enjeu bien sûr et puis, ils l'avouent sans détour, parce que les meilleurs seront un jour intégrés au parti. A la fin de la semaine, sur la foi des notes obtenues (dans les ateliers et sur leur comportement général), un «major de promotion» sera désigné, assuré d'un bel avenir au sein du «Front».

David Servenay


Jeudi 31 aout

Nicolas Hulot : la nouvelle star que s'arrachent tous les partis 

Nicolat Hulot à l'université d'été de l'UDF à la Grande Motte. L'homme de télévision est venu s'informer des propositions du président centriste François Bayrou en matière d'écologie.  &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Clarisse Vernhes/RFI)
Nicolat Hulot à l'université d'été de l'UDF à la Grande Motte. L'homme de télévision est venu s'informer des propositions du président centriste François Bayrou en matière d'écologie.
(Photo : Clarisse Vernhes/RFI)

Ouverture de l'université d'été de l’UDF à la Grande Motte. Le soleil est au rendez-vous. Premier invité de marque : Nicolas Hulot, le célèbre producteur et présentateur de l'émission télévisée Ushuaïa. Son arrivée est digne de celle d'une star sur la croisette de Cannes pendant le festival. Il ne manque que les palmiers. Photographes et caméramans se bousculent. Ils veulent tous avoir la photo de l'ancien conseiller de Jacques Chirac aux côtés de François Bayrou. Nicolas Hulot est venu pour entendre les positions du président centriste sur l'environnement et l'écologie. Il participe à une table ronde. Les échanges sont vifs et passionnés. Quelques heures plus tard, Nicolas Hulot repart. Il est visiblement satisfait.

Cette première journée ne serait pas complète sans le traditionnel dîner de l'homme politique avec la presse. François Bayrou nous attend au bord de la mer, dans une paillote «les Bambous». Le chef de file des centristes répond à tout le monde sans ambages.... Mais tout reste en «off», précise-t-il. C'est-à-dire entre lui et les journalistes....

Clarisse Vernhes 


Dimanche 27 août

La madone des médias

Ni vainqueurs, ni vaincus à l'Université d'été de La Rochelle mais Ségolène Royal, la favorite des sondages, a au moins remporté la manche médiatique. C'est elle qui attire le plus de caméras et de photographes. Le week-end dernier, à la fête de la Rose de Frangy-en Bresse, on avait assisté à une véritable «émeute», selon le mot du député Arnaud Montebourg. Trois blessés légers : les coups de caméras ne sont pas sans douleur. A La Rochelle, le service d'ordre du Parti socialiste était un peu mieux organisé pour permettre à Ségolène Royal d'avancer au milieu des micros et des objectifs.

Ségolène Royal avance difficilement dans la foule des journalistes. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
Ségolène Royal avance difficilement dans la foule des journalistes.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

Léger débordement pourtant dimanche à la fin du discours de clôture de François Hollande. La meute se précipite sur Ségolène Royal qui tente de trouver la sortie. Le sénateur Henri Weber, proche de Laurent Fabius, joue le garde du corps. Ségolène Royal: «Si je commence à parler, ça va être...» Une voix : «Alors ne dis rien !» Ségolène Royal n'arrive pas à avancer, certains journalistes bousculent des militants. «Regardez, vous mettez les gens...» Une voix : «Laissez-la tranquille !» On lit un début de panique dans les yeux de Ségolène Royal: «J'avance plus ! Laissez-moi passer !», lâche-t-elle. Il y a dans sa voix à la fois de l'exaspération et de l'imploration.

Finalement, Ségolène Royal sort indemne de la bousculade. On la revoit même tout sourire à la sortie de la salle. A présent elle conduit le fauteuil roulant d'une militante handicapée. L'image est bonne, les photographes peuvent enfin travailler.

Florent Guignard


Samedi 26 août

Lionel Jospin, larmes et lapsus

Lionel Jospin donne sa version de son échec à la présidentielle du 21 avril 2002. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
Lionel Jospin donne sa version de son échec à la présidentielle du 21 avril 2002.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

Ce fut le grand moment de l'Université d'été du Parti socialiste: Lionel Jospin, la voix brisée, au bord des larmes, expliquant les raisons de son retrait de la vie politique le soir du 21 avril 2002, après sa défaite au premier tour de la présidentielle. Assis aux côtés de Lionel Jospin, sur la scène, le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Razzy Hamadi, pleure. Dans la salle, beaucoup de jeunes militants sont eux aussi pris par l'émotion. Une jeune fille qui avait 17 ans le 21 avril se met à «chialer», comme elle le dit elle-même.

Grande séance de thérapie collective. La salle se lève d'un coup, les applaudissements durent au moins une minute. Et, à la fin, Lionel Jospin enlève ses lunettes pour essuyer une larme. Grand moment d'émotion et grand moment politique aussi. L'ancien Premier ministre se dévoile, malgré lui. Une larme, et puis deux lapsus. Lionel Jospin, dans le monde politique, en est le grand spécialiste. Par exemple, en pleine polémique sur son passé trotskiste alors qu'il était Premier ministre, Lionel Jospin, devant l'Assemblée nationale, avait parlé des «trotskistes» à la place des «travaillistes».

Deux nouveaux lapsus, de taille, ont marqué son intervention devant le MJS. En pleine justification sur son retrait de la vie politique, Lionel Jospin explique aux Jeunes socialistes : «Je ne vous ai pas accompagnés»... avant de se reprendre : «Je ne vous ai pas abandonnés !» Plus tard, il emploie le verbe «échouer» au lieu d'«échoir»... «Je sais bien que ces lapsus vont faire le délice des journalistes», dit-il en éclatant de rire. A la fin de cette grande journée, dans les couloirs de l'université d'été de La Rochelle, certains suggéraient que Lionel Jospin prenne rendez-vous avec un psychanalyste...

Florent Guignard


François Hollande au volant

François Hollande face à la presse. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
François Hollande face à la presse.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

Il était attendu samedi, mais le voilà à La Rochelle dès le premier soir de l'Université d'été du Parti socialiste. C'est un caméraman qui prévient par téléphone, alors qu'à l'autre bout de la ville, Dominique Strauss-Kahn, l'un des candidats déclarés à l'investiture pour la présidentielle, vient à peine de terminer son meeting. Lionel Jospin va retrouver ses amis de parti, Claude Allègre, Eric Besson, Harlem Désir ou Elisabeth Guigou, qui se réunissent dans une salle municipale. Y aller, ou s'en tenir au programme établi, un dîner avec François Hollande, le premier secrétaire du Parti ? Le don d'ubiquité reste à inventer ; d'autres confrères tendront les micros.

D'autant que les places sont chères autour de François Hollande. «Une seule personne par rédaction» a prévenu son attachée de presse. François Hollande arrive légèrement en retard dans l'arrière-salle de Chez André, un restaurant de poissons, à deux pas du port. Le plafond ressemble à la coque d'un bateau renversée. Entre crevettes et huîtres, le chef des socialistes parle de Ségolène Royal, de Lionel Jospin, et des autres. Mais aussi de lui-même. «Ma position dans le parti est forte, puisque les militants m'ont portés à ce poste. Mais ça ne veut pas dire que je suis majoritaire. Je ne peux être candidat que si je suis candidat de rassemblement. Pas un candidat de plus.» Alors, le sera-t-il? Il refuse de répondre. «Ou je dis que je suis candidat, et je dois quitter mon poste. Ou je dis que je ne le suis pas, alors je dois dire qui je soutiens». Alors il ne dit rien. Juste une pirouette sur le co-voiturage: compte-tenu du nombre de candidats déclarés ou pressentis, «il faudrait conduire une Espace  Et de toute évidence, François Hollande n'a pas exclu d'en être le chauffeur.

Florent Guignard


Vendredi 25 août

Dans le train pour La Rochelle

Laurent Fabius à sa descente du train. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: Florent Guignard/RFI)
Laurent Fabius à sa descente du train.
(Photo: Florent Guignard/RFI)

9h10 à la gare Montparnasse à Paris. Départ du TGV, direction La Rochelle et l'Université d’été du PS, qui ouvre la saison politique avant la rentrée parlementaire.

Le train affiche complet, rempli de journalistes, de militants et de cadres socialistes. Le système de réservation provoque des rapprochements inattendus. L'ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand, Jean-Louis Bianco, fraîchement rallié à Ségolène Royal, se retrouve assis à côté de Laurent Fabius, l'un des rivaux de la présidente de la région Poitou-Charentes pour l'investiture socialiste avant la présidentielle de l'an prochain. Laurent Fabius somnole... Plus tard l'ancien Premier ministre rejoint quelques journalistes à la voiture-bar... C'est la salle des Quatre-colonnes de l'Assemblée nationale qui s'est reconstituée ! Les Quatre-colonnes à l'Assemblée, cette «zone mixte» où les journalistes peuvent rencontrer les députés, l'inverse étant également vrai...

Que va-t-il se passer à La Rochelle ? «Absolument rien», assure Laurent Fabius, qui répète cette petite phrase qui le fait sourire depuis plusieurs jours, et qu'il avait déjà eu l'occasion de distiller lors d'un déjeuner de presse mercredi : «Dans les statuts du parti, l'Université d'été de La Rochelle ne sert qu'à la formation des militants...»

Conversation à bâtons rompus sur les sondages... Laurent Fabius assure que, quel que soit le candidat socialiste, son socle pour le second tour s'élève à 50%. Il attend un débat avec tous les postulants, et bien évidemment Ségolène Royal, la madone des sondages. Une bulle médiatique selon ses adversaires. Et pour enfoncer le clou, Laurent Fabius cite le psychanalyste français Jacques Lacan: «Le réel, c'est quand on se cogne».

Florent Guignard



Article publié le 15/11/2006 Dernière mise à jour le 15/11/2006 à 16:25 TU

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Dossier - France 2007 : élection présidentielle 

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