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Politique française

Surmonter les divisions

Nicolas Sarkozy, qui avait tout fait pour apparaître comme le candidat naturel de son parti à l’élection présidentielle, se heurte à des oppositions de plus en plus fermes. 

		(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy, qui avait tout fait pour apparaître comme le candidat naturel de son parti à l’élection présidentielle, se heurte à des oppositions de plus en plus fermes.
(Photo: AFP)
Le bureau politique de l’UMP doit décider des modalités de la désignation de son candidat à la présidentielle de 2007. Une tâche délicate dans un contexte marqué, ces derniers jours, par la résurgence des divisions entre chiraquiens et sarkozystes. Alors qu’au Parti socialiste, l’organisation de primaires a permis de mettre un terme aux luttes internes, le parti majoritaire a bien du mal à sortir du jeu des manœuvres personnelles.

Rassembler, à l’UMP ce n’est pas gagné. Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant tout fait pour apparaître comme le candidat naturel de son parti à l’élection présidentielle, se heurte à des oppositions de plus en plus fermes. Plus l’échéance approche, plus les attaques fusent de la part des ses principaux concurrents, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie, ou de leurs proches. L’une des plus sanglantes est venue, ces derniers jours, de François Goulard,  villepiniste et ministre de  l’Enseignement supérieur, qui a déclaré que Nicolas Sarkozy est «incapable d’admettre un avis différent du sien (…) et se bloque dès qu’une autre voix se fait entendre». Cette situation est d’autant plus nuisible qu’à gauche, l’investiture sur un plateau de Ségolène Royal a donné au Parti socialiste l’image d’un mouvement qui a passé le cap des luttes de clans. Et a donc un coup d’avance dans la campagne.

La controverse à l’UMP porte sur la légitimité de candidatures concurrentes face à Nicolas Sarkozy. Celui-ci est accusé d’empêcher un véritable débat dans le parti, au prétexte que la multiplication des candidatures nuirait au rassemblement nécessaire pour battre la gauche, alors que les sondages continuent d’indiquer qu’il est la seule personnalité de droite en position de rivaliser avec Ségolène Royal. Cet argument n’est cependant pas suffisant, selon le chef du gouvernement ou la ministre de la Défense, pour justifier qu’eux, ou d’autres, renoncent dès maintenant à toute ambition. Dominique de Villepin, qui refuse d’être affublé de l’image du diviseur, explique ses prises de position en insistant sur l’intérêt de faire profiter les Français d’une confrontation des idées : «Ma conviction, c’est qu’aucune proposition n’est illégitime dès lors qu’elle est constructive et qu’elle fait avancer les choses». Michèle Alliot-Marie revendique, elle, le droit de s’exprimer comme elle le souhaite. Elle a d’ailleurs écrit à Nicolas Sarkozy pour réclamer «un débat libre et constructif» à l’UMP.

Ne pas affronter les seconds couteaux

Quels que soient les atouts dont dispose Nicolas Sarkozy -sondages, soutien des militants- et même si ses proches affirment qu’il a déjà remporté la «primaire dans l’opinion», il est obligé de tenir compte des attentes de ses adversaires et de trouver avec eux les modalités d’un débat dans le mouvement. La difficulté face à laquelle il se trouve est de ne pas apparaître comme celui qui refuse la compétition avec d’éventuels candidats issus de sa famille politique, sans se retrouver enfermé dans de fausses primaires où il serait confronté uniquement à des seconds couteaux (Christine Boutin, Rachid Kaci). Les adversaires de son rang refusant obstinément de se déclarer.

Une âpre négociation risque donc d’avoir lieu lors du bureau politique du 22 novembre. Il semble que le président de l’UMP ait l’intention de proposer de repousser le plus possible la date de clôture des dépôts de candidature, fixée au départ au 4 décembre avant un vote le 14 janvier. Une manière d’essayer d’obliger ses adversaires à accepter d’entrer dans le processus de désignation du candidat dans le parti. Y parviendra-t-il ? Ce n’est pas sûr. Car il semble évident que Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin, et surtout Jacques Chirac, ne veulent pas affronter Nicolas Sarkozy sur son terrain, c’est-à-dire dans le cadre de l’UMP, où le vote lui est quasiment acquis. Leur créneau est, au contraire, de s’en tenir à la théorie gaulliste selon laquelle la présidentielle est une rencontre entre un homme (ou une femme !) et le peuple. Pas simplement une histoire d’appareil politique. Une manière habile, ou jugée telle, de justifier une éventuelle candidature hors de leur parti le moment venu.

Les députés se rebiffent

La guerre des présidentiables commence néanmoins à lasser à l’UMP. Plusieurs responsables ont tiré la sonnette d’alarme. Dominique Bussereau, actuel ministre de l’Agriculture et proche de Jean-Pierre Raffarin, a par exemple estimé qu’il fallait «siffler la fin de la récréation» et remettre «de l’ordre» dans le parti. Les députés UMP se sont quant à eux concertés, mercredi 22 novembre, quelques heures avant la réunion du bureau politique de l’UMP. Ils ont diffusé un communiqué qui doit être présenté aux dirigeants du parti par Bernard Accoyer, le président du groupe à l’Assemblée nationale. Ils y manifestent leur «volonté d’union» et réaffirment «leur attachement au respect des procédures adoptées, l’an dernier, pour préparer dans l’unité et la sérénité l’élection présidentielle». Une position qui ne devrait pas déplaire au président de l’UMP.



par Valérie  Gas

Article publié le 22/11/2006 Dernière mise à jour le 22/11/2006 à 15:51 TU

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Dossier - France 2007 : élection présidentielle 

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