Chronique des matières premières
Premier producteur en volume du continent africain, le Burkina Faso ajoutera un autre titre de champion à son palmarès en devenant le premier pays exportateur du continent à se lancer dans le coton transgénique. En juin prochain les premières semences Bt seront employées sur place. Avec un gain en productivité de 30% et une économie sur les insecticides de 54 euros à l’hectare constatés sur les premiers essais réalisés, Célestin Tiendrebeogo, le patron de la Sofitex, la principale société cotonnière du pays, considère que l’expérience est probante.
Pourtant ce dirigeant avisé aurait sans doute préféré, comme il l’a indiqué à la presse, que l’introduction se fasse comme prévu en 2008, car manquent encore des tests en milieu ouvert réalisés au cours de cette campagne pour valider ce virage stratégique. Le projet dispose du soutien de l’Union des cotonculteurs du Burkina mais pas encore de la confiance de tous les paysans concernés, c’est pourquoi le dirigeant avisé de la Sofitex, n’avancera sur ce terrain qu’avec l’assentiment de ces derniers.
Trouver le financement
La culture transgénique du coton sera d’abord vulgarisée auprès des paysans référents qui formeront ensuite les autres producteurs. Un processus étalé sur plusieurs années qui ne saurait régler la grave crise que connaît le pays bien en peine de trouver l’argent pour financer la récolte actuelle. Un banquier burkinabè témoigne : «La campagne d’il y a deux ans n’est pas encore totalement remboursée, et celle de l’année dernière pas du tout, vous imaginez comme il est difficile dans ces conditions de prêter de l’argent pour la campagne en cours».
C’est le marasme persistant du marché international qui a creusé les pertes des sociétés burkinabè, au grand désespoir des cotonculteurs mais aussi des autres acteurs de l’économie. Le banquier déjà cité raconte qu’il était étonné qu’un industriel du tabac s’inquiéte auprès de lui du financement de la campagne cotonnière, mais c’est que «sans l’argent du coton, il n’y a plus de budget pour les cigarettes» rétorque son interlocuteur.
La situation burkinabè n’est pas très originale, la plupart des pays cotonniers africains traversent la même crise de financement. Si les burkinabè ont vu leur production dépasser celle de l’Egypte, d’autres voisins d’Afrique sub-saharienne ont enregistré en revanche des reculs sévères, c’est le cas du Togo et du Bénin où les paysans découragés par les prix, parfois même jamais payés, ont fini par abandonner les champs de coton. Dans ce contexte difficile, le Burkina doit relever un autre défi : trouver un financement supplémentaire pour acheter les onéreuses semences OGM.
par Dominique Baillard
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