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Culture

La Biennale internationale Design 2006 à Saint-Etienne

Pour sa cinquième édition, la Biennale Internationale du Design de Saint-Etienne s’est installée sur les lieux de la future Cité du Design, qui verra le jour en 2008 sur le site de l’ancienne manufacture nationale d’armes. Devenir une ville du design et de la culture, telle est, en effet, l’ambition affichée par  Saint-Etienne. Cet ancien centre minier et industriel frappé au début des années 80 par la crise économique a dû se reconvertir pour survivre en misant sur l’innovation et l’art.

Cité du Design à Saint-Etienne, architectes : Finn Geipel et Giula Andi (Agence LIN). 

		(Photo : LIN)
Cité du Design à Saint-Etienne, architectes : Finn Geipel et Giula Andi (Agence LIN).
(Photo : LIN)

Elsa Francès, directrice de la Cité du Design et commissaire principal de la biennale 2006. 

		(Photo : François Caterin)
Elsa Francès, directrice de la Cité du Design et commissaire principal de la biennale 2006.
(Photo : François Caterin)

Tout un symbole : c’est une tour métallique évoquant un bassin minier qui signale de loin, comme un phare, l’emplacement de la future Cité du design où se tient, pour la première fois, la Biennale internationale du Design. Un premier défi aussi pour Elsa Francès, nommée en 2005 à la direction de la Cité du Design, commissaire général de cette Biennale 2006, et qui a souhaité donner une nouvelle visibilité à la manifestation créée en 1998 visant à rassembler designers français et étrangers, industriels et créateurs autour de la prospective, dans un esprit grand public. La Biennale, qui a accueilli 200 000 visiteurs en 2004, expose cette année 710 designers représentant 45 pays. Une nouvelle édition qui s’articule autour de six expositions qui ont pour dénominateur commun la volonté affichée de montrer comment le design s’inscrit au cœur de toute démarche d’innovation, qu’elle soit sociale, technologique, technique, scientifique ou même biologique.

«Cohabitations»

Citation de Patrick Bouchain. 

		(Photo : Danielle Birck/ RFI)
Citation de Patrick Bouchain.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Comment vivre ensemble aujourd’hui à l’échelle de la maison, du quartier, du monde? Rien d’étonnant si ce thème et l’exposition qui le décline constituent le volet le plus important de cette cinquième Biennale. Installée dans la Fabrique 5000, un vaste bâtiment de l’ancienne manufacture, l’exposition conçue par la designer Matali Crasset met en scène des oeuvres (objets) venus du monde entier dans des espaces qui interrogent sur le devenir de celui de la maison. De la maison espace ménager, avec par exemple une impressionnante collection de râpes de toutes formes, de tous temps et lieux, à la maison espace d’évasion avec une installation lumineuse et sonore de nuages flottants. Mais la maison est, de toute façon, un espace destiné à évoluer en fonction des modes de vie familiaux ou de travail, et des modes de consommation... L’exposition interroge également sur l’architecture dans l’espace urbain, avec notamment un hommage rendu à Patrick Bouchain, architecte et scénographe français, dont le nom est associé aux architectures nomades, foraines et théâtrales et à la transformation de friches et bâtiments industriels en espaces urbains et culturels, toujours dans le souci de favoriser l’échange, le devenir, en valorisant l’instant, le présent.

Le design, la nature et le vivant

Tisser de nouveaux liens entre l’homme, l’habitat, la ville et ses lieux, mais aussi avec la nature. C’est le projet de «l’éco-design», une nouvelle école de pensée qui milite pour l’intégration du développement durable dans la conception des biens et des services et dont le pionnier en France est Thierry Kazazian, décédé en janvier 2006 et à qui hommage est rendu par un parcours «transversal» de la Biennale, «Solutions légères pour un monde durable», proposé en écho à son ouvrage «Il y aura des choses légères», grand prix Saint-Etienne Métropole du livre de design 2003.

Anthony van den Bossche «<em>orange pomme</em>», exposition «<em>Eden ADN</em>». &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Merijn Bolink)
Anthony van den Bossche «orange pomme», exposition «Eden ADN».
(Photo : Merijn Bolink)

Mais le design est aussi dans les relations avec le vivant, animal et végétal, avec la manipulation ancestrale de la vie pratiquée par l’homme à des fins fonctionnelles ou décoratives. Avec un regard à la fois design et pragmatique, c’est à une mise en perspective troublante où la frontière entre nature et objet perd de son évidence que convie l’étonnante exposition «Eden ADN», organisée par Anthony van den Bossche. Un des exemples les plus frappants de ces pratiques est celui des carpes japonaises transformées en «bijoux vivants», une pratique vieille de deux siècles qui procède par mutations successives.  

A l’heure de la polémique sur les OGM et des fantasmes suscités par le clonage, c’est à une réflexion et à une interrogation sur la relation de l’homme à la nature et à la vie que nous invite «Eden ADN», en dehors des sentiers battus et des idées reçues. Une interrogation qui ne lève pas l’ambiguïté de la question résumée dans l’œuvre à laquelle le visiteur est confronté en fin de parcours: une lionne naturalisée à mi-corps, couchée dans ce qui semble un repos paisible, mais dont le reste du corps laisse échapper une coulée de galets dorés. Anthony van den Bossche y voit une parfaite représentation de la chimère.

Idiots, <em>Ophelia</em>, 2005, Hollande, lionne naturalisée et céramique. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Danielle Birck/ RFI)
Idiots, Ophelia, 2005, Hollande, lionne naturalisée et céramique.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

 

«Demain, c’est aujourd’hui»

Cette exposition montre comment entreprises et designers envisagent l’avenir au quotidien. Les designers sollicités par les entreprises sont parfois associés aux équipes du  marketing ou des bureaux d’études, se nourrissent aussi des informations issues de la veille technologique et scientifique ainsi que des sciences humaines pour comprendre les évolutions et saisir les tendances. Ils observent aussi ce qui se passe dans des domaines apparemment éloignés de leur domaine d’activité. Ainsi, par exemple, les designers de téléphones portables s’intéressent à la mode et à la bijouterie, ceux d’automobiles scrutent les nouveautés dans le mobilier, etc. A l’arrivée, des objets, en fait des produits concepts, des produits laboratoires qui ne sont pas destinés à être commercialisés tels quels mais préparent l’offre future, du concept de valise pliable au nouvel espace intérieur des trains, en passant par la botte à semelles interchangeables et le canapé transformable en équipement fitness.

Le design, ça se mange

L’exposition «Gooood  Food» est là pour pointer l’intervention de plus en plus importante des designers dans l’art culinaire, des récipients au contenu de l’assiette. D’ailleurs, le gâteau de la Biennale, réalisé chaque jour à 100 exemplaires pendant toute la durée de la manifestation, a été conçu par un designer parisien, Géraldine Lorand, et l'un des meilleurs ouvriers de France stéphanois, Jean-Jacques Borne, également chef de l’Institut de l’excellence culinaire.

Design et patrimoine

Enfin, la Biennale du design, qui s’inscrit dans une tradition industrielle de Saint-Etienne, est l’occasion de redécouvrir ce patrimoine et le mettre en valeur, avec des visites organisées sur certains sites (musée de la Mine, aciéries, fonderies) et aussi des expositions comme celle du musée d’Art et d’Industrie, «Les Enrubannées», inaugurée en même temps que la Biennale  et consacrée au ruban et à la haute couture. La fabrication du ruban à Saint-Etienne remonte au 16ème siècle et a donné à la ville et sa région un rayonnement international. La Biennale, c’est aussi l’occasion de mettre en valeur la présence de l’art dans la ville avec deux expositions au musée d’Art moderne, dont l’une présente la politique d’achat du musée en terme de design.

François Eymeric, couturier en train de réaliser une robe éphémère en ruban pour l'exposition «<em>Les Enrubannées</em>». &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo : Danielle Birck/ RFI)
François Eymeric, couturier en train de réaliser une robe éphémère en ruban pour l'exposition «Les Enrubannées».
(Photo : Danielle Birck/ RFI)
 


par Danielle  Birck

Article publié le 28/11/2006 Dernière mise à jour le 28/11/2006 à 16:41 TU

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WEB

La Cité du design
La ville de Saint-Etienne