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Politique française

Sarkozy : une mission, sa déclaration

Nicolas Sarkozy, le 24 novembre 2006, à Colmar, en Alsace. 

		(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy, le 24 novembre 2006, à Colmar, en Alsace.
(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy en a tellement envie qu’il ne veut pas rater sa déclaration de candidature. Du coup, depuis une semaine, il fait monter la sauce autour du moment et de la manière dont il va dire aux Français qu’il est candidat à l’élection présidentielle. Car même s’il s’agit d’une évidence pour tout le monde, le président de l’UMP veut faire de ce moment un événement… réussi. Après le plébiscite de Ségolène Royal par les militants socialistes qui a provoqué un engouement populaire, Nicolas Sarkozy doit reprendre la main médiatique.

Si ça n’est pas de la mise en scène, ça y ressemble. Nicolas Sarkozy a préparé son entrée officielle dans la course à la présidentielle par étapes. D’abord, il a ouvert le débat au sein de l’UMP en appelant ses concurrents potentiels (Alliot-Marie, Villepin, et même Borloo) à y participer. Ensuite, il a laissé reposer pour que chacun puisse avoir le temps de réfléchir. Puis il a commencé à dire qu’il allait bientôt se déclarer mais sans préciser quand exactement, sauf que ce ne serait pas le jour de l’anniversaire de Jacques Chirac (29 novembre). Et enfin, il a laissé entendre que la messe serait dite jeudi 30 novembre «dans la journée». De manière à lui donner l’opportunité de développer ses arguments lors de l’émission «A vous de juger» sur France 2 dont il est l’invité ce soir-là.

Nicolas Sarkozy a aussi fait passer des messages pour préparer les esprits avant sa déclaration officielle de candidature à l’investiture UMP, et donc à la présidentielle de 2007. Lui qui a souvent été accusé d’être le trublion du gouvernement, voire le poil à gratter de Dominique de Villepin et même de Jacques Chirac, à force de défendre ses intérêts propres, a essayé ces derniers jours de donner des garanties sur sa volonté de dépasser les clivages et les antagonismes personnels. Lors de l’opération «48 heures pour le projet de la France d’après», le week-end dernier, il a déclaré : «J’essaierai le moment venu de faire de toutes ces différences la magie du rassemblement». Il a aussi mis en garde ceux qui persisteraient à vouloir diviser : «Défendre un projet ou une candidature à l’extérieur de l’UMP serait parfaitement contraire à ce que nous avons voulu».

Une «surprise»

Le décor étant planté et le suspense à son comble, restait à l’apprenti candidat à décider des conditions dans lesquelles il allait annoncer la nouvelle aux Français. Dans son entourage, on a laissé filtrer quelques informations, à la sortie de la réunion organisée avec les parlementaires UMP au ministère de l’Intérieur, mardi 28 novembre au soir. Nicolas Sarkozy aurait promis une «surprise». Mais laquelle ? Impossible de le savoir.

Il semble peu probable qu’il fasse comme Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et  regarde «la France au fond des yeux» à la télévision en direct de sa circonscription. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, la télévision est une arme à double tranchant car on l’a souvent accusé d’entretenir des liens trop étroits avec les dirigeants de la chaîne privée TF1. Il doit donc utiliser ce média incontournable à bon escient. Expliquer dans une émission politique ses motivations, pourquoi pas. S’y déclarer, plus risqué. D’autant qu’il serait obligé de le faire sur un plateau parisien car ayant dû renoncer à son mandat de député, il est sans circonscription. De toute manière une annonce en direct de Neuilly n’aurait certainement pas obtenu l’effet escompté. Et comme si cela ne suffisait pas pour le convaincre de chercher une autre idée, François Bayrou, le président de l’UDF, a annoncé qu’il allait lui-même se livrer à l’exercice de la déclaration en direct de sa province natale, le 2 décembre.

Un mail, un fax, la presse ?

Que faire alors ? Envoyer un fax -ou un mail pour faire moderne- dans les agences de presse, comme Lionel Jospin en 2002 ? Le souvenir de la défaite cuisante du candidat socialiste au premier tour de la présidentielle un certain 21 avril aura vraisemblablement suffi à décourager Nicolas Sarkozy d’employer la même méthode. Il y a bien une autre idée mais Jacques Chirac l’a déjà eue en 1994 : se déclarer dans la presse écrite de province. L’actuel président de la République avait choisi de donner une interview au quotidien La Voix du Nord pour s’adresser aux Français. Il a été élu. Et pourtant l’on dit que Nicolas Sarkozy devrait s’entretenir avec plusieurs représentants de la presse de province…

Quelle que soit la manière dont il choisira de présenter sa candidature, le président de l’UMP est obligé de trouver un moyen d’innover un tout petit peu. Parce qu’à force d’avoir fait miroiter une annonce pas comme les autres, on a fini par l’attendre avec curiosité. L’homme qui a fait de la «rupture» un programme ne peut plus se contenter d’une déclaration banale.



par Valérie  Gas

Article publié le 29/11/2006 Dernière mise à jour le 29/11/2006 à 15:54 TU

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Dossier - France 2007 : élection présidentielle 

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