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Grippe aviaire

Grande parade contre le H5N1

Huit pays africains sont contaminés par le virus de la grippe aviaire. 

		(photo : AFP)
Huit pays africains sont contaminés par le virus de la grippe aviaire.
(photo : AFP)
Le Mali abrite les 6, 7 et 8 décembre la 4e Conférence internationale sur la grippe aviaire. C’est la première fois qu’une réunion internationale sur le virus H5N1 se tient dans un pays africain. La dernière conférence sur cette question a eu lieu en Chine, en janvier dernier. Depuis, le virus a continué de se propager en Asie et il s’est diffusé en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Même si les foyers restent pour le moment assez disséminés, les experts redoutent toujours une mutation du virus, qui pourrait favoriser sa propagation humaine.

Plus de 600 spécialistes, et notamment des ministres de la Santé du monde entier, des représentants des institutions internationales et des donateurs, se retrouvent à partir de mercredi, dans la capitale malienne. Il s’agit de faire le point sur la maladie, et de lancer un appel de fonds destinés à financer l’offensive contre le H5N1, particulièrement en Afrique. Le virus de la grippe aviaire a été identifié pour la première fois chez l’humain, à Hong Kong en 1997, où il a tué un garçonnet de 3 ans qui vivait dans un centre avicole. A ce jour, la grippe aviaire a provoqué plus de 200 cas humains dont plus de la moitié (154) se sont avérés mortels. L’Indonésie est le pays le plus touché, avec 57 décès, c’est aussi le seul pays où une transmission interhumaine a été confirmée par des analyses en laboratoire.

Huit pays touchés en Afrique

Réapparu en 2003, le H5N1 s’est depuis répandu de façon massive parmi les oiseaux et la volaille. C’est cette extension géographique qui est totalement inédite selon les spécialistes, et qui fait parler dorénavant de panzootie et non plus d’épizootie. A Bamako, l’Afrique sera au cœur des discussions, tant l’introduction du virus, en janvier 2006 au Nigeria, demeure un facteur d’inquiétude. Sur ce continent le plus pauvre du monde, le signalement de la forme hautement pathogène du virus aviaire avait déclenché un branle-bas de combat. Près d’un an plus tard, des foyers ont été recensés dans huit pays africains : Nigeria, Egypte, Niger, Cameroun, Burkina Faso, Soudan, Côte d’Ivoire et Djibouti.

Lors de la précédente Conférence de Pékin, les bailleurs de fonds avaient promis 1,9 milliard de dollars pour la lutte contre la grippe aviaire. Mais en janvier 2006, le virus n’était pas encore apparu en Afrique, ni en Europe de l’Est, ni au Moyen-Orient. A l’époque, une douzaine de pays étaient concernés, contre une cinquantaine aujourd’hui. De plus, l’aggravation de la situation dans les pays asiatiques et notamment de l’Indonésie, exigent selon les experts de l’Onu et de la Banque mondiale, une rallonge entre 986 millions et 1,3 milliard de dollars. Sur cette somme, 566 millions seront destinés au seul continent africain. Forte de cette estimation, la Conférence de Bamako devrait donc lancer un appel de fonds d’environ 1 milliard de dollars et procéder à un examen minutieux de la situation, sachant que la Banque mondiale estime entre 1 500 et 2 000 milliards de dollars, le coût d’une éventuelle  pandémie humaine grave. 

250 millions de volailles abattues

Car, même si la grippe aviaire a quitté le devant de la scène, elle est bien loin d’être stabilisée. Fin novembre, deux nouveaux foyers ont été découverts dans des élevages en Corée du Sud alors qu’en Egypte, le pays le plus touché d’Afrique, on en est à 7 morts depuis le début de l’année. Mais la grippe aviaire reste avant tout, pour le moment, une maladie animale. Depuis le début de la panzootie, ce sont 250 millions de volailles qui ont été tuées par la maladie ou abattues par mesure de précaution. Dans un très récent rapport, la Banque mondiale insiste d’ailleurs sur l’importance d’attribuer une indemnisation correcte aux éleveurs, afin que ceux-ci n’hésitent pas à alerter les autorités s’ils pensent que leurs volailles sont atteintes. Une préconisation que devrait relayer la Conférence de Bamako pour juguler à tout prix l’extension de la maladie qui pourrait aussi passer, dans certains cas, par la vaccination des animaux.

La situation africaine reste une préoccupation pour les spécialistes de l’OMS, notamment à cause des défaillances de son réseau de surveillance sanitaire. Bien que les études effectuées sur les oiseaux sauvages n’aient pas mis en évidence le virus, l’Afrique risque de devenir un réservoir permanent du H5N1, via ses oiseaux domestiques. En effet, lors des premières contaminations, toutes les craintes étaient concentrées sur les oiseaux sauvages. Aujourd’hui, particulièrement dans le cas de l’Afrique, l’OMS soupçonne les importations de poussins depuis un pays infecté, soit en provenance de Chine soit de Turquie, d’être à l’origine de la maladie. Mais jusqu’à présent, la preuve formelle n’en a pas été apportée et les intérêts économiques en jeu, sont tellement importants qu’on préfère encore tout mettre sur le dos des oiseaux migrateurs.

par Claire  Arsenault

Article publié le 05/12/2006 Dernière mise à jour le 05/12/2006 à 16:47 TU

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(Conception : Bourgoing / RFI)