Grippe aviaire
Le virus H5N1 réapparaît au Vietnam
(Photo : AFP)
Plus de 6 000 poulets et canetons nés voici plus d’un mois sont morts subitement dans deux provinces voisines situées dans le delta du Mékong, à Ca Mau et à Bac Lieu. Les tests effectués sur les volailles ont confirmé la présence de la souche H5N1, hautement pathogène. En août dernier, déjà, la même souche avait été décelée chez des cigognes et des canards de la province de Ben Tre, dans la même région. Le Vietnam n’a connu aucun cas humain de grippe aviaire depuis un an mais le virus, qui a tué quarante-deux personnes dans le pays entre fin 2003 et fin 2005, y est considéré comme endémique.
Avec ces nouveaux cas avérés dans deux foyers distincts, le gouvernement multiplie les mises en garde contre une possible propagation du virus. «L’approche de l’hiver et les températures fraîches sont des facteurs favorables à l’extension du virus», explique le chef du département régional de santé animale au ministère vietnamien de l’Agriculture, Nguyen Ba Thanh. «Les nombreux déplacements de personnes et de volailles à l’occasion du festival du nouvel an lunaire constituent en outre un facteur favorable [à la propagation du virus]», a-t-il ajouté, tout en déplorant l’irresponsabilité des paysans qui «ont jeté les oiseaux morts dans les canaux pendant cinq jours» et la négligence des autorités locales qui ne sont pas intervenues immédiatement pour les en empêcher.
Des mesures drastiques
Un rapport du département national de santé animale à Hanoï, cité par le quotidien Thanh Nien, signale que «les volailles touchées [par la maladie] avaient été élevées illégalement et n’étaient pas vaccinées». Le gouvernement a pris une mesure radicale en faisant abattre toutes les volailles des environs. Les zones situées aux alentours des foyers détectés ont été désinfectées. Le pays a été félicité, cette année, par les experts internationaux pour sa capacité à contrôler la maladie, un succès qui est attribué à un ensemble de mesures. La première mesure étant, cette année, une vaste campagne de vaccination de quelque 126 millions de volailles, effectuée avec le soutien de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Selon l’OMS, le virus H5N1 de la grippe aviaire a tué au moins 153 personnes dans le monde, dont 42 au Vietnam. Les experts redoutent une mutation du virus qui favoriserait la transmission d’homme à homme de la maladie, entraînant un risque de pandémie. Le ministère vietnamien de la Santé a dépêché, à Ca Mau et Bac Lieu, des officiels et des experts chargés d’inciter les habitants à informer rapidement le bureau vétérinaire le plus proche à la moindre anomalie décelée dans leurs élevages. Les inspecteurs sont également chargés de s’assurer que les agences locales disposent d’équipements et de médicaments en quantité suffisante en cas de transmission du virus à l’homme. Le ministère a en outre demandé à ses émissaires d’organiser des campagnes de sensibilisation dans les provinces pour que la population consomme de préférence des plats cuits, qu’elle s’abstienne de manger des œufs crus et des plats à base de sang de poulet, et qu’elle consulte les services médicaux en cas de fièvre.
La grippe aviaire -qui se distingue de la grippe saisonnière d’origine virale qui affecte les humains- peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Sur les quinze sous-types de virus grippal, le H5N1 est le plus inquiétant : il mute rapidement et il a une propension avérée à acquérir les gènes des virus infectant d’autres espèces. L’homme peut lui-même être contaminé dans des conditions de promiscuité extrême avec des animaux malades.
par Dominique Raizon
Article publié le 21/12/2006 Dernière mise à jour le 21/12/2006 à 16:46 TU