Nucléaire iranien
L'Onu sanctionne l'Iran
(Photo: AFP)
La résolution 1737, votée ce samedi au Conseil de sécurité des Nations unies, impose à l'Iran des sanctions économiques et commerciales pour son obstination à poursuivre «l'enrichissement d'uranium et le retraitement, les projets liés aux réacteurs à eau lourde et le développement des vecteurs de lancement d'armes nucléaires».
En matière de sanctions, cette résolution prévoit que tous les Etats membres doivent «geler immédiatement les fonds, avoirs financiers et autres ressources économiques (…) détenus sur leurs territoires ou contrôlés par des personnes ou des entités (…) ayant des liens ou étant directement associés aux programmes nucléaires et de missiles balistiques de l’Iran». Les Etats membres doivent empêcher toute fourniture à l’Iran d’assistance ou de formation technique, d’aide financière, d’investissement, de services financiers et des services liés à ces programmes. D’autre part, ils doivent aussi faire preuve de vigilance et «empêcher l’enseignement et la formation spécialisée de ressortissants iraniens, sur leur territoire ou par leurs citoyens, dans des matières qui pourraient contribuer aux programmes nucléaires sensibles ou de missiles balistiques de l’Iran».
La résolution approuvée ne prévoit pas l’emploi de la force armée. Téhéran dispose d’un délai de deux mois pour se conformer à ces dispositions. En effet, dans soixante jours le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est tenu de présenter un rapport sur le respect ou non par l’Iran de cette résolution. Si l’Iran ne s’y conforme pas le Conseil de sécurité de l’Onu se dit prêt à adopter «d’autres mesures», mais le vote d’une nouvelle résolution sera nécessaire.
Après d’âpres négociations la Russie s’est ralliée au vote du projet de résolution présenté par la «troïka» européenne (France, Grande-Bretagne et Allemagne) et soutenu par les Etats-Unis. Il y a encore deux jours, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov reprochait aux puissances occidentales d'essayer de punir l'Iran par le biais du projet de résolution du Conseil de sécurité de l'Onu. Moscou, qui a d'importants intérêts économiques en Iran, notamment la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, a bataillé jusqu’au dernier moment pour atténuer les sanctions contre Téhéran. Chose faite, la Russie a finalement obtenu la suppression d’un point litigieux de ce projet de résolution concernant l’interdiction de voyager à l'étranger pour douze Iraniens liés aux programmes nucléaire et balistique de leur pays. En effet cette mesure a été substituée par une simple restriction au voyage de ces personnes.
Téhéran dénonce une résolution «illégale»
Quelques heures avant le vote au Conseil de sécurité, l’Iran avait menacé de riposter en cas d’adoption de sanctions, en bloquant le travail des inspecteurs de l'AIEA. Il avait par ailleurs aussi réaffirmé qu’il n’arrêterait pas son programme nucléaire. Ce soir, dans une déclaration à la télévision nationale iranienne, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a qualifié d’«illégale» l’adoption de la résolution 1737. Pour Mohammad Ali Hosseini, ce vote «ne peut affecter ou limiter les activités nucléaires pacifiques de l'Iran mais qu'elle va discréditer les décisions du Conseil de sécurité, dont le pouvoir décline». Pour sa part, Javad Zarif, l'ambassadeur de l'Iran auprès de l'Onu, a accusé le Conseil de sécurité d'appliquer deux poids deux mesures en sanctionnant l'Iran pour un programme nucléaire, qu'il affirme être pacifique, alors qu’il ferme les yeux, parallèlement, sur l'arsenal nucléaire israélien.
Pour sa part, Israël a estimé que la décision du Conseil de sécurité n’était qu’«un premier pas» pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. Une position partagée par Washington, qui tout en se félicitant de ce vote, considère, néanmoins, que cette résolution ne suffit pas en elle-même. «Nous voulons que la communauté internationale aille au-delà. Nous n'allons certainement pas mettre tous nos oeufs dans le panier onusien», a déclaré Nicholas Burns, secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires politiques, chargé du dossier iranien.
par Elisa Drago
Article publié le 23/12/2006 Dernière mise à jour le 23/12/2006 à 18:51 TU