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Proche-Orient

Israël renforce Abbas

Mahmoud Abbas (gauche) et Ehud Olmert tentent de relancer le processus de paix israélo-palestinien. 

		(Photo : AFP)
Mahmoud Abbas (gauche) et Ehud Olmert tentent de relancer le processus de paix israélo-palestinien.
(Photo : AFP)
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, ont décidé samedi soir à Jérusalem d'une relance du «processus de paix» gelé depuis six ans. Selon un communiqué conjoint, les deux dirigeants ont convenu de «se rencontrer fréquemment». Israël s’est engagé à rembourser 100 millions de dollars à l'Autorité palestinienne, dans un geste de soutien au président Abbas, engagé dans une épreuve de force avec le gouvernement dirigé par le Hamas. Si pour le gouvernement israélien cette première rencontre officielle renforce la position du président palestinien, pour le gouvernement du Hamas elle n’est que «de la poudre aux yeux». Les observateurs se montrent prudents et attendent de voir les résultats concrets sur le terrain.

La «glace a été brisée» entre les deux dirigeants, a déclaré Shimon Peres, le vice-Premier ministre israélien. La rencontre de samedi soir, à Jérusalem, est la première réunion officielle entre le président palestinien et le Premier ministre israélien, depuis que Ehud Olmert a formé son gouvernement de coalition avec les travaillistes en mai dernier. En effet, Mahmoud Abbas et Ehud Olmert ne s’étaient rencontrés qu’une fois, de façon informelle, le 22 juin dernier à Pétra, en Jordanie, en marge d'un forum auquel participaient 25 lauréats de prix Nobel.

Des contacts directs et fréquents

«Le peuple israélien et le peuple palestinien ont suffisamment souffert et il est temps de faire avancer le processus de paix par des mesures concrètes», souligne le communiqué conjoint. Abbas et Olmert ont insisté sur «l’importance de l’existence d’un contact direct et sérieux entre eux». Ils ont convenu de se «rencontrer fréquemment». Les deux dirigeants ont «discuté du cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza et de son extension à la Cisjordanie», dans le cadre des conclusions du sommet de Charm el-Cheikh de février 2005 entre le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon.

Le Premier ministre israélien a annoncé le transfert à la présidence palestinienne de 100 millions de dollars, produit des taxes douanières et de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) prélevées par Israël sur les importations effectuées des Territoires palestiniens. Cette somme fait partie d’un montant estimé à près d'un milliard de dollars de fonds gelés par Israël depuis le début de l’année pour sanctionner la formation du gouvernement palestinien dirigé par le Hamas après sa victoire aux élections législatives du 26 janvier 2005.

Pour empêcher que cet argent ne parvienne au gouvernement du Hamas, Ehud Olmert a précisé qu’il serait octroyé à travers «un mécanisme spécial». Selon des observateurs, ce montant permettrait à peine d'assurer certains besoins humanitaires, comme par exemple le fonctionnement des hôpitaux et l’achat de médicaments, mais il ne devrait pas pouvoir être utilisé pour régler les salaires du personnel médical ni d'autres fonctionnaires. Les fonctionnaires palestiniens ne reçoivent pas leurs salaires complets depuis le mois de mars dernier.

Le Hamas minimise la portée de cette rencontre

Les dirigeants du Hamas ont cherché à relativiser la portée des annonces faites par Israël après la rencontre Abbas-Olmert. Ainsi, pour le porte-parole du gouvernement palestinien, Ghazi Hamad, cette réunion à Jérusalem n'a rien apporté de nouveau : «Je ne vois aucun changement dans la position du gouvernement israélien», a-t-il déclaré. Pour sa part, Mouchir al-Masri, un influent député du Hamas, s’est montré critique envers Mahmoud Abbas considérant qu’il a créé un «grave précédent» en acceptant qu'Israël verse les 100 millions de dollars directement au cabinet présidentiel plutôt qu'au gouvernement palestinien, dirigé par le Hamas.

La ministre israélienne des Affaires étrangères a été très explicite. «Il faut que le peuple palestinien comprenne qu'il a deux options: celle qui existe actuellement avec un gouvernement terroriste qui ne peut satisfaire ni ses besoins quotidiens ni politiques, tandis qu'il peut avoir une alternative qui peut traiter de leurs besoins quotidiens et leur offre une horizon politique», a déclaré Tzipi Livni à la radio de l'armée.

La question des prisonniers

Olmert et Abbas ont discuté d'une extension du cessez-le-feu à la Cisjordanie et de la réactivation d'une commission pour la libération de prisonniers, a déclaré Saëb Erakat, le principal négociateur palestinien. Il y a actuellement dans les prisons israéliennes quelque onze mille prisonniers palestiniens. Dimanche, Ehud Olmert a laissé entendre, en conseil des ministres, qu’il pourrait libérer des prisonniers palestiniens avant même la libération du soldat israélien Gilad Shalit enlevé le 25 juin par des groupes palestiniens.

Dominique Roch

Correspondante de RFI à Jérusalem

«Israël relâcherait des prisonniers palestiniens avant même de récupérer le soldat israélien, détenu par le Hamas, à Gaza, depuis juin dernier.»

Pour sa part, Amir Peretz, le ministre israélien de la Défense, n’a pas exclu de libérer Marouane Barghouthi, haut responsable du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, dans le cadre d'un échange de prisonniers. Condamné à cinq ans d'emprisonnement par un tribunal israélien, Barghouthi, 47 ans, est accusé d’avoir commandité des attentats dans le cadre de la seconde intifada. Il est aujourd’hui considéré comme le meilleur candidat du Fatah face au Hamas dans la perspective d'une élection présidentielle si Mahmoud Abbas ne se représentait pas.



par Elisa  Drago

Article publié le 24/12/2006 Dernière mise à jour le 24/12/2006 à 16:52 TU