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Irak

Saddam Hussein a été exécuté

Photo extraite de la vidéo diffusée par la télévision irakienne al-Iraqiya montrant Saddam Hussein quelques minutes avant son exécution. 

		(Photo : AFP)
Photo extraite de la vidéo diffusée par la télévision irakienne al-Iraqiya montrant Saddam Hussein quelques minutes avant son exécution.
(Photo : AFP)

Condamné à mort pour l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, l’ancien président irakien a été pendu ce samedi à Bagdad. L’exécution a eu lieu avant l'aube, qui marquait le début des célébrations de l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice. La mort de Saddam Hussein met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le génocide contre la population kurde. Il avait été accusé d'être responsable de la mort de 180 000 personnes en 1987-1988. Les réactions se multiplient partout dans le monde. Plus de 50 personnes ont été tuées ce samedi dans quatre attentats en Irak.


«Je n’ai peur de personne !», ces mots ont été les derniers prononcés par Saddam Hussein quelques secondes avant son exécution. Il est monté à la potence «résolu et courageux» et «n'a pas essayé de résister», selon le conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï, qui a assisté à la pendaison de l'ancien dictateur irakien. Jusqu'au dernier moment, les avocats de Saddam Hussein ont tenté de faire ajourner la sentence. Dans une lettre au peuple irakien, rédigée après sa condamnation à mort, Saddam déclarait mourir en martyr et «se sacrifier» pour son peuple, qu'il appelait à rester uni «face à ses ennemis» américains et iraniens. Les images diffusées en boucle samedi matin par la télévision irakienne montrent le condamné aux cotés de ses bourreaux, tous cagoulés, qui lui expliquaient ce qui allait se passer. En milieu de journée, une chaine privée a diffusé des images de Saddam Hussein mort, dans un linceul blanc. La dépouille de l’ancien dictateur a été acheminée, à bord d’un avion américain, dans sa région natale de Tikrit pour y être inhumée, selon un avocat de la défense.

La nouvelle de sa pendaison a été accueillie par une multitude de tirs de joie à Najaf, ville sainte chiite du sud de l'Irak. A Bagdad, quelques rafales ont résonné brièvement, également en direction des quartiers majoritairement chiites. La mort  de Saddam Hussein met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde et accusé d'être responsable de la mort de 180 000 personnes en 1987-1988.

Vives réactions partout dans le monde

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est félicité de l'exécution du «criminel Saddam » tout en lançant un appel à la réconciliation. Le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, s’est aussi déclaré satisfait de l’exécution, espérant qu’elle ouvrira un «nouveau chapitre de l’histoire». En 1983, quelque 8 000 membres de sa tribu avaient été tués par les services de sécurité irakiens.

L'exécution «ne mettra pas fin à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner, être autosuffisante et se défendre, et être un allié dans la guerre contre le terrorisme», a déclaré le président américain George W. Bush dans un communiqué. Cette pendaison a provoqué des manifestations de joie à Dearban dans le Michigan, où vit la plus importante communauté irakienne des Etats-Unis.

Pour le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, cette exécution constitue une «victoire des Irakiens».

Dans le monde musulman cette exécution a été critiquée, car elle coïncidait avec le début de la fête du sacrifice. «Le jour a été mal choisi», affirment les Frères musulmans égyptiens. La Lybie a décidé de décréter trois jours de deuil national pour le «prisonnier de guerre Saddam Hussein», selon l’agence officielle Jana. Le mouvement islamiste Hamas, qui dirige le gouvernement palestinien, affirme que l’exécution de Saddam Hussein est un «assassinat politique». L’agence officielle saoudienne affirme que la pendaison du président irakien déchu, exécuté le premier jour de la fête musulmane d’al-Adha a causé «surprise et consternation». Pour la Ligue arabe, la pendaison de Saddam Hussein «représente la fin tragique de l’ancien régime irakien». Cette organisation souligne la nécessité de «préserver l’unité de l’Irak et de poursuivre les efforts de réconciliation». Au Maroc, quelque deux cents manifestants ont protesté à Rabat, à l’appel de plusieurs organisations non gouvernementales, affirmant que «cette exécution est contraire au droit international».

Pour Israël, «rétroactivement, justice a été faite», s’est félicité le vice-ministre de la Défense, Ephraïm Sneh. De son coté, le vice-Premier ministre Shimon Peres a déclaré que «Saddam Hussein a causé sa propre perte. C’était un homme qui avait fait beaucoup de mal à son peuple et qui avait grandement menacé Israël».

L'ancien président «a payé», a estimé le gouvernement britannique, tout en réaffirmant son opposition de principe à la peine de mort.

La Russie regrette cette exécution, tout comme le Vatican qui évoque une «nouvelle tragique». L’Union européenne «condamne les crimes commis par Saddam et aussi la peine de mort», a déclaré la porte-parole du Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure Javier Solana. Pour le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, Saddam Hussein «était un criminel impitoyable, mais il ne fallait pas le tuer».

Le ministère français des Affaires étrangères a «pris acte» de l'exécution et a appelé les Irakiens à «regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale».

Quelques heures seulement après la pendaison de Saddam Hussein, un attentat à la voiture piégée a secoué la ville chiite de Koufa dans le sud du pays. Le dernier bilan fait état de 37 morts et de 58 blessés, dont une majorité de femmes et d’enfants. Dans l’après-midi un triple attentat à la voiture piégée a provoqué 15 morts et 25 blessés dans un quartier du nord-ouest de Bagdad. L’armée américaine a annoncé la mort de six soldats, portant à 107 le nombre de militaires américains tués en Irak au mois de décembre.



par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 30/12/2006 Dernière mise à jour le 30/12/2006 à 07:19 TU

Audio

François Loncle, député PS, interviewé par Pascaline Minet

«Je pense que la mort de Saddam Hussein ne changera pas grand-chose parce que la page est tournée depuis longtemps dans l’esprit des Irakiens.»

[30/12/2006]

Maître Emmanuel Ludot

Avocat, membre du collectif de défense de Saddam Hussein

«Je suis scandalisé, révolté par l'idée d'un retour en arrière aussi rapide dans le Moyen Age et la barbarie judiciare.»

[30/12/2006]

Philippe Douste-Blazy

Ministre des Affaire étrangères

«Nous appelons tous les Irakiens à regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation.»

[30/12/2006]

L'exécution de Saddam Hussein, par Olivier Da Lage

«La pendaison de l’ancien président irakien a été filmée et photographiée; il s’agit de prouver aux Irakiens que Saddam Hussein est vraiment mort.»

[30/12/2006]

Saddam Hussein : le pouvoir absolu, par Farida Ayari

«Sa mégalomanie n’a pas de limites, il se prend pour Saladin, le grand chef militaire arabe, né à Tikrit ,qui défie les Croisés et rêve d’un Irak prestigieux.»

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Saddam Hussein le bâtisseur, par Toufik Benaichouche

«Dès 1980, l'Irak devient l'un des rares pays arabes à frôler l'autosuffisance alimentaire.»

[30/12/2006]