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Irak

Saddam Hussein inhumé dans son village natal

24 heures après avoir été pendu, Saddam Hussein a été ihnumé dans son village natal d’Aouja, près de Tikrit. Des centaines de personnes se sont déplacées pour lui rendre hommage. 

		(Photo : AFP)
24 heures après avoir été pendu, Saddam Hussein a été ihnumé dans son village natal d’Aouja, près de Tikrit. Des centaines de personnes se sont déplacées pour lui rendre hommage.
(Photo : AFP)
Saddam Hussein a été enterré dans la nuit de samedi à dimanche à Aouja, où il était né. De nouvelles images ont commencé à circuler montrant son exécution. Il avait été condamné à la pendaison pour crimes contre l’humanité. Son exécution a suscité des protestations, notamment dans les pays musulmans.

24 heures après avoir été pendu, Saddam Hussein a été inhumé à Aouja, village situé près de Tikrit à 180 kilomètres au nord de Bagdad, où l'ancien président irakien était né il y a 69 ans. Il a été enterré peu avant l’aube, à 4 heures (01H00 TU), dans un édifice funéraire appartenant à sa famille, en présence d’un petit nombre de responsables locaux et de chefs de la tribu des Albou Nasser à laquelle il appartenait. Ses deux fils, Oudaï et Kousaï, tués par les forces américaines en 2003, sont également enterrés dans une concession familiale du cimetière d’Aoudja.

La dépouille avait été acheminée de Bagdad par un hélicoptère de l’armée américaine. La cérémonie s’est déroulée sous l’étroite surveillance de soldats américains et irakiens qui ont coupé la circulation. Des centaines de personnes ont parcouru à pied les 4 kilomètres qui séparent Tikrit d’Aouja, important bastion sunnite, pour rendre hommage à leur ancien président. Au même moment, des images circulaient dans le quartier chiite de Sadr City, à Bagdad, montrant l’exécution de Saddam Hussein.

Images de l’exécution

Condamné à mort pour l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, l’ancien président irakien a été pendu samedi dans une caserne près de Bagdad. L’exécution a eu lieu avant l'aube, qui marquait le début des célébrations de l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice. La mort  de Saddam Hussein met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde et accusé d'être responsable de la mort de 180 000 personnes en 1987-1988.

Les images diffusées en boucle samedi matin par la télévision irakienne montraient le condamné aux cotés de ses bourreaux, tous cagoulés. «Je n’ai peur de personne !», ces mots ont été les derniers prononcés par Saddam Hussein quelques secondes avant son exécution. Dans une lettre rédigée après sa condamnation à mort le 5 novembre, Saddam déclarait mourir en martyr et «se sacrifier» pour son peuple, qu'il appelait à rester uni «face à ses ennemis» américains et iraniens.

Une vidéo sur la pendaison de l'ancien dictateur a été diffusée dimanche en totalité sur internet. Ces images de mauvaise qualité ont probablement été filmées avec un téléphone portable, par l'un des témoins. Ce nouvel enregistrement risque d’augmenter la colère des anciens partisans du raïs. Après l'ultime prière de Saddam Hussein, on entend quelques personnes scander le nom de Moqtada Sadr, le leader chiite radical dont les milices ont commis très nombreux attentats contre la communauté sunnite.

Satisfaction à Bagdad, à Téhéran, en Israël et à Washington

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est félicité de l'exécution du «criminel Saddam » tout en lançant un appel à la réconciliation. Le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, s’est aussi déclaré satisfait de l’exécution, espérant qu’elle ouvrira un «nouveau chapitre de l’histoire». En 1983, quelque 8 000 membres de sa tribu avaient été tués par les services de sécurité irakiens. «L’exécution de Saddam est un événement crucial. C’est la peine de mort pour la dictature et la politique de persécution religieuse», a affirmé dimanche le responsable de la coalition chiite au pouvoir à Bagdad Abdel-Aziz al-Hakim, lors d’un sermon à l’occasion de la fête du sacrifice. En Iran, le vice-ministre des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a déclaré samedi que cette exécution constitue une «victoire des Irakiens».

Pour George Bush l'exécution de Saddam Hussein «ne mettra pas fin à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner, être autosuffisante et se défendre, et être un allié dans la guerre contre le terrorisme». La pendaison a provoqué des manifestations de joie à Dearban dans le Michigan, où vit la plus importante communauté irakienne des Etats-Unis.

«Rétroactivement, justice a été faite», s’est félicité samedi le vice-ministre israélien de la Défense, Ephraïm Sneh. De son coté, le vice-Premier ministre Shimon Peres a déclaré que «Saddam Hussein a causé sa propre perte. C’était un homme qui avait fait beaucoup de mal à son peuple et qui avait grandement menacé Israël». La presse dominicale israélienne salue l’exécution  de Saddam Hussein : «Bon débarras», affirme le Yédiot Aharonot, quotidien à grand tirage qui compare Saddam Hussein aux criminels de guerre nazis jugés pour génocide après la Seconde guerre mondiale.

Protestations dans le Etats musulmans

Dans le monde musulman cette exécution a été critiquée, car elle coïncidait avec le début de la fête du sacrifice. La Lybie a décidé de décréter trois jours de deuil national pour le «prisonnier de guerre Saddam Hussein», selon l’agence officielle Jana. Le mouvement islamiste Hamas, qui dirige le gouvernement palestinien, affirme que l’exécution de Saddam Hussein est un «assassinat politique». L’agence officielle saoudienne affirme que la pendaison du président irakien déchu, exécuté le premier jour de la fête musulmane d’al-Adha a causé «surprise et consternation». En Egypte la presse dénonce ce dimanche le «sacrifice» de Saddam.

Pour la Ligue arabe, la pendaison de Saddam Hussein «représente la fin tragique de l’ancien régime irakien». Cette organisation souligne la nécessité de «préserver l’unité de l’Irak et de poursuivre les efforts de réconciliation». Au Maroc, quelque deux cents manifestants ont protesté samedi à Rabat, à l’appel de plusieurs organisations non gouvernementales, affirmant que «cette exécution est contraire au droit international». Des manifestations ont eu lieu également au Pakistan, en Inde et au Bangladesh.

Réactions en Europe

L’Union européenne «condamne les crimes commis par Saddam et aussi la peine de mort», a déclaré la porte-parole du Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure Javier Solana. Pour le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, Saddam Hussein «était un criminel impitoyable, mais il ne fallait pas le tuer». L’Afrique du Sud, qui s’oppose aussi à la peine capitale, considère que l’exécution de l’ancien président irakien «n’est pas la panacée pour l’Irak, mais pourrait alimenter la violence dans une situation déjà volatile». La Russie en a profité pour critiquer la coalition dirigée par les Etats-Unis : «l’entière responsabilité de ce qui se passe repose sur eux, y compris la violation flagrante des mêmes valeurs humanitaires qu’ils sont si empressés de prêcher aux autres». Le Vatican a également regretté cette exécution qui est une «nouvelle tragique».

Le ministère français des Affaires étrangères a appelé les Irakiens à «regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale». La presse européenne de dimanche estime généralement que la mort de l’ancien dictateur ne règle aucun des problèmes auxquels est confronté l’Irak.

Quelques heures après la pendaison de Saddam Hussein, des attentats se sont produits samedi à Bagdad et à Koufa, une localité chiite située au sud de la capitale, provoquant au moiNs 77 morts.

L’armée américaine a annoncé samedi la mort de six soldats, portant à 107 le nombre de militaires américains tués en Irak au mois de décembre.



Article publié le 31/12/2006 Dernière mise à jour le 31/12/2006 à 14:57 TU