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«Année Vauban» : redécouvrir un patrimoine et un homme

Vauban est le premier officier du Génie à recevoir, en 1703, le bâton de maréchal de France. 

		(Source : sites-vauban.org)
Vauban est le premier officier du Génie à recevoir, en 1703, le bâton de maréchal de France.
(Source : sites-vauban.org)
En France, quelque huit millions de personnes vivent au pied des fortifications édifiées par Vauban. Un patrimoine que cette «année Vauban» à l’occasion du tricentenaire de la mort du maréchal va permettre de revaloriser, au travers des nombreuses manifestations prévues tout au long de l’année, tandis que le gouvernement français a décidé de proposer l'oeuvre de Vauban pour une inscription en 2007 au patrimoine culturel mondial de l’Unesco. Une occasion de mieux connaître Vauban, car le bâtisseur de Louis XIV fut aussi un penseur, précurseur dans de nombreux domaines, et un homme soucieux d’égalité et de tolérance.

 

(Source : sites-vauban.org)
(Source : sites-vauban.org)

«Bagnard, au bagne de Vauban dans l’îl’de Ré, j’mange du pain noir et des murs blancs…», chante Léo Ferré dans «Merde à Vauban». Le point de vue du bagnard est irréfutable, mais avant de devenir un pénitencier, le lieu fut d’abord une citadelle conçue par Vauban sur la côte nord de l’île pour assurer la défense de Saint-Martin-de-Ré et qui reste, avec sa vaste enceinte urbaine, le plus bel exemple parfaitement conservé d’un ensemble fortifié insulaire signé par le maréchal. Et ce n’est pas un hasard si l’acteur Charles Berling fait un peu figure de «parrain» de cette année Vauban, lui qui usa ses culottes courtes sur les pierres rugueuses des remparts de Saint-Martin-de-Ré, où il est né, avant de découvrir ce que ces pierres représentaient, de se passionner pour l’histoire du site et de devenir le président du Comité local de soutien à la candidature de l’œuvre de Vauban pour l’inscription au patrimoine culturel de l’Unesco.

Le réseau des sites majeurs de Vauban

Carte des sites majeurs de Vauban en France. 

		(Source : sites-vauban.org)
Carte des sites majeurs de Vauban en France.
(Source : sites-vauban.org)

Les sites concernés par cette candidature ont été sélectionnés par un comité scientifique indépendant mis en place par le ministère de la Culture, composé de spécialistes français et internationaux des fortifications, de chercheurs, d'historiens. Les sites retenus l’ont été en fonction de leur pureté architecturale et de leur diversité pour éviter la redondance et satisfaire aux critères extrêmement rigoureux de l’Unesco. «Des sites remarquables, souligne Jean-louis Fousseret, maire-président du grand Besançon et président de l’Association des sites majeurs de Vauban, qui vont de  Mont-Dauphin, 100 habitants, à Besançon, 180 000 habitants, en passant par  Blaye, Longwy, Neuf-Brisach, etc., au total 14 sites et 16 villes.» Pour Alain Monferrand, président de l’Association Vauban, «on n’a jamais identifié un réseau aussi complet, intact et unique. S’il est retenu, ce sera une première mondiale parce que jusque là on n’avait distingué que des fortifications isolées.» Un réseau dont la qualité a suscité le soutien d’organisations internationales comme Europa Nostra (fédération européenne d’ONG dédiées au patrimoine), l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites) ou encore l’International Fortress Council, représenté en France par l’Association Vauban qui en assure actuellement la présidence tournante.

Les fortifications de Vauban à Besançon. 

		(Source : sites-vauban.org)
Les fortifications de Vauban à Besançon.
(Source : sites-vauban.org)

Inscrire l’ensemble de ces sites au patrimoine de l’Unesco c’est aussi, pour Jean-Louis Fousseret, réparer «une certaine forme d’injustice». En effet, Le Traité d’attaque des places, de Vauban, a été traduit en 15 langues, dont le turc et le russe, et le «système Vauban» a inspiré des constructions en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada, au Japon ou au Vietnam, dont certaines sont reconnues au patrimoine mondial de l’humanité, comme le site de  Luxembourg,  «alors que celles du "maître", en France ne le sont pas». D’où l’énergie mise à défendre le dossier Vauban pour que l’inscription à l’Unesco ait lieu en cette année de commémoration, une étroite «fenêtre de tir» à saisir.

Quelques manifestations phare

Neuf-Brisach, première ville-nouvelle de France, créée en 1697. 

		(Source : sites-vauban.org)
La ville fortifiée Neuf-Brisach.
(Source : sites-vauban.org)

Avec neuf villes créées – dont le plus bel exemple est celui de Neuf-Brisach surgie ex-nihilo en 1697 dans la plaine d’Alsace, première «ville nouvelle» en France –  130 places fortes construites et l’aménagement de canaux (dont la prolongation du Canal du Midi) –, on peut dire que Vauban a «façonné la France», sans que ses habitants en aient toujours conscience. Cette «année Vauban» et les nombreuses manifestations qui vont la ponctuer devraient  être l’occasion de mettre en évidence ce patrimoine, de faire que les Français se le réapproprient.

(Source : Les films du lieu-dit)
(Source : Les films du lieu-dit)

De nombreuses manifestations sont prévues, au plan local (plus d’une centaine) et au plan national, avec des colloques, dont «Vauban en son for intérieur», le colloque annuel de l’Association Vauban; des expositions dont le point d’orgue sera «Vauban, grand bâtisseur du Roi-Soleil», à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris en novembre; des concerts, avec un requiem «Vauban», création d’un jeune compositeur,  E.Friedrich Lühl, sans oublier une grande randonnée équestre qui va relier toutes les citadelles à Bazoches (le château de Vauban dans le Morvan) puis à Versailles fin juillet, pour commémorer tous les chevaucheurs qui ralliaient Vauban, où qu’il soit, en huit jours maximum, transportant les plans que le bâtisseur envoyait au roi, lequel les annotait avant de les faire parvenir au ministre Louvois qui à son tour les renvoyait à Vauban…

Bernard-Pierre Donnadieu interpète Vauban dans un film documentaire qui sera diffusé sur France 3, à la date anniversaire de sa mort le 30 mars 2007. 

		(Source : Les films du lieu-dit)
Bernard-Pierre Donnadieu interprète Vauban dans le film documentaire de Jacques Tréfouël.
(Source : Les films du lieu-dit)

Vauban qui lui-même parcourait entre 2 000 et 4 000 kilomètres par an (un record pour l’époque). D’où le titre du film «Vauban, le vagabond du roi», le documentaire réalisé par Jacques Tréfouël pour la chaîne de télévision France3 et qui sera diffusé le 30 mars 2007.

Des publications marqueront aussi cette «année Vauban», avec en janvier, Vauban, L'intelligence du territoire, ouvrage collectif co-édité avec le ministère de la Défense, et, en septembre, l’événement éditorial que va représenter l’édition critique des Oisivetés, recueil de 29 mémoires de Vauban qui n’a jamais été intégralement publié et va l’être, en deux volumes, par les éditions Champ Vallon, sous la direction de l’historienne Michèle Virol. L’occasion de découvrir l’homme et le penseur derrière le bâtisseur.

Un homme en avance sur son temps

Sébastien Le Prestres de Vauban, né en 1633 à Saint-Léger-de-Fourcheret (aujourd’hui Saint-Léger-Vauban) dans le Morvan, mort à Paris le 30 mars 1707, n’est pas seulement celui qui devient «ingénieur militaire responsable des fortifications» à 22 ans, le militaire et stratège qui dirigera lui-même plusieurs sièges avant d’être sur le tard fait maréchal par Louis XIV et dont on dira «Une ville construite par Vauban est une ville sauvée, une ville attaquée par Vauban est une ville perdue». Esprit pragmatique, soucieux de l’économie de vies humaines en tant que stratège militaire («J’aurais préféré avoir conservé cent soldats que d’en avoir ôté trois mille à l’ennemi», dira-t-il), Vauban était aussi ce qu’on peut appeler un esprit libre et un précurseur dans beaucoup de domaines.

(Source : Maison Vauban)
(Source : Maison Vauban)

«Un homme en avance sur son temps», précise Alain Monferrand et de citer pêle-mêle le Mémoire pour une monnaie unique dans les Etats de la chrétienté, en 1685, la description d’un système de canalisation qui sera réalisé deux siècles plus tard, l’anticipation de l’Office national des forêts, toute une série d’écrits sur l’impôt, dont le fameux essai sur la Dîme royale, une tentative d’égalité devant l’impôt, «un impôt qui pèserait sur tout le monde et pas seulement sur les plus pauvres, qui sera son chef-d’œuvre final» et un sujet toujours d’actualité. Publié en 1707, l’ouvrage sera interdit par un arrêt du roi et mis au pilon. Quant à son Mémoire sur le rappel des Huguenots, en 1689, «ce sera, précise Alain Monferrand, la seule tentative d’un proche de Louis XIV pour s’opposer fermement à la révocation de l’édit de Nantes, avec cette phrase  qui termine le Mémoire: "Sire, la conversion des cœurs n’appartient qu’à Dieu"». Esprit de tolérance, mais aussi, et surtout, vision politique : le départ des protestants allait vider le pays d’une partie de ses forces intellectuelles et économiques et allait entraîner la guerre dite de la Ligue d’Augsbourg.

Fait maréchal à plus de soixante-dix ans, Vauban se verra progressivement écarté du cercle étroit de celui qu’il avait servi sans faillir mais avec indépendance d’esprit. Vauban meurt le 30 mars 1707 dans  sa maison de Paris, près du jardin des Tuileries. Il sera enterré dans l'église paroissiale de Bazoches, près de son château. Son coeur sera transporté le 28 mai 1808 dans l'église du Dôme aux Invalides à Paris où il repose dans un monument, parmi les plus grands maréchaux de France.

(Source : sites-vauban.org)
(Source : sites-vauban.org)


par Danielle  Birck

Article publié le 02/01/2007 Dernière mise à jour le 02/01/2007 à 17:16 TU

Les liens

WEB

Le réseau des sites majeurs Vauban
L'association Vauban
La maison Vauban

Audio

Vauban, 1ère partie : «Le bâtisseur et stratège»

Extraits de l'émission «Les Visiteurs du jour»

«C'est à partir des bases de travail de Vauban qu'aujourd'hui on réfléchit à l'aménagement du territoire.»

[19/01/2007]

Vauban, 2e partie : «L'homme civil et le penseur pragmatique»

Extraits de l'émission «Les Visiteurs du jour»

«Pour Vauban, l'esprit critique consiste à être en prise sur les évènements, à la fois pour les contester et les réformer, pour la bonne santé du royaume.»

[25/01/2007]

émissions


[22/04/2006]