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Inde

Des millions d'hindous en pèlerinage à Allahabad

Dans le nord de l'Inde, dans la ville sainte de Allahabad, a débuté l'un des plus grands rassemblements religieux au monde. Une «Kumbh Mela» qui sur six semaines, va accueillir pas moins de 70 millions de fidèles.

 

Près d'un demi-million d'hindous ont bravé les rigueurs de l'hiver pour laver leurs péchés dans l'eau glacée du Gange. (Photo : AFP)
Près d'un demi-million d'hindous ont bravé les rigueurs de l'hiver pour laver leurs péchés dans l'eau glacée du Gange.
(Photo : AFP)

Hommes, femmes, enfants, infirmes, religieux en robe safran et saddhus nus, le corps couverts de cendres... Ils étaient déjà plus de deux millions de pèlerins hindous, à attendre ce matin le lever du soleil à Allahabad. Au confluent de la Yamuna et du Gange, le fleuve le plus sacré pour les Hindous. A l'aube, ils ont procédé au premier bain rituel de ce pèlerinage qui n'a lieu que tous les douze ans mais se célèbre à mi-chemin, tous les six ans. Se baigner dans les eaux sacrées du Gange revient à être avec Dieu. C'est un acte de purification totale qui lave des péches et facilite l'accès au nirvana. Sur les ghats, ces escaliers qui mènent au Gange, des millions de fidèles vont ainsi répéter cet acte de foi ancestral, censé les libérer du cycle des réincarnations. Depuis ce matin, ils scandent des textes sacrés de l'Hindouisme et se dirigent vers les zones de baignade. Certains s'allongent à intervalles réguliers à même le sol pour rendre hommage aux dieux. Et après leur immersion dans le Gange, remplissent d'eau sacrée des canettes et des bouteilles pour en rapporter aux proches qui n'ont pas pu faire le déplacement. D'autres aspergent leurs vêtements restés sur les rives.

Pour tout Hindou, se rendre au moins une fois dans sa vie à une Kumbh Mela est une nécessité. Alors certains y viennent enfin pour la première fois. Comme Naba Kumar Ghosh, un jeune étudiant de l'Etat du Bengale. «Je désirais depuis longtemps venir me baigner ici pendant le "Kumbh Mela". Cette expérience est une profonde satisfaction, une purification totale de l'intérieur». D'autres, comme Shakuntala, sont des habitués. Comme elle le fait régulièrement depuis 25 ans, cette femme de 70 ans a voyagé toute la nuit pour se plonger dans le fleuve sacré au premier jour du pélerinage. Rama Devi, d'Allahabad, ne se rappelle plus de son âge mais jure avec fierté qu'elle n'a jamais râté cette fête. Aujourd'hui infirme, c'est son fils de 35 ans qui l'a portée sur son dos sur les dix kilomètres qui séparent sa maison du Gange.

Aux abords du fleuve, quelques 62 000 tentes ont été aménagées. Elle peuvent accueillir jusqu'à 2 millions de pélerins. Une capacité bien inférieure aux quelques 10 millions d'Hindous attendus pour cette première journée. Une affluence qui inquiète les autorités.

Risques d'attentats

Au total, pas moins de 70 millions de pèlerins sont attendus pendant ces six semaines à Allahabad. Contrôler un tel afflux et prévenir les débordements est le défi numéro un des  50 000 policiers déployés pour l'occasion. «Contrôler la foule est notre principal objectif. Surtout  pour ce premier jour où nous attendons jusqu'à 10 millions de pèlerins», explique Mishra, chargé de la sécurité. D'autre part, les attaques terroristes inquiètent le ministre de l'Intérieur, RM Srivastava, qui a fait état de possibles attentats. «Nous avons reçu des renseignements sur de possibles attaques terroristes et nous sommes en contact permanent avce l'armée et les agences fédérales du renseignement». La sécurité a été renforcée sur le site et certains policiers patrouillent même en robe safran, pour mieux s'infiltrer dans la foule. Pendant que les pèlerins, eux, se purifient dans une eau glacée qui dépasse à peine zéro degré!



par Pauline  Garaude

Article publié le 03/01/2007 Dernière mise à jour le 03/01/2007 à 19:36 TU